background image
OrthO-rhumatO | VOL 10 | N°4 | 2012
78
on ne disposait que d'un seul essai randomisé et contrôlé
(ERC) évaluant la valeur d'un traitement recourant au cor-
set. Leur conclusion selon laquelle en l'absence de standar-
disation en matière de traitement conservateur, l'utilité de
traitements mini-invasifs tels que la vertébroplastie et la
cyphoplastie (au sujet desquels plusieurs ERC ont depuis
été réalisés et publiés) ne pouvait être démontrée relève du
raccourci décevant.
Nous sommes, en tant que spécialistes de l'appareil loco-
moteur, confrontés au 21
e
siècle à un nombre croissant de
fractures consécutives à une ostéoporose. Les fractures ver-
tébrales en sont le type le plus fréquent et leur fréquence est
largement supérieure à celle des fractures de la hanche, du
poignet et de l'épaule, qui marquent davantage les esprits.
Pour l'année 2005, le nombre de fractures ostéoporotiques
aux USA était estimé à plus de 2 millions, parmi lesquelles
on dénombrait environ 550.000 fractures vertébrales,
300.000 fractures de hanche et 400.000 fractures du poi-
gnet (2). Pour l'Europe, on dénombre 1,4 million de nou-
velles fractures vertébrales ostéoporotiques chaque année
(3) et à l'échelon mondial, une nouvelle fracture vertébrale
surviendrait toutes les 22 secondes (4). Les tassements de
vertèbres ostéoporotiques sont à l'origine de maux de dos
et sont souvent occasionnés par des activités ou mouve-
ments de la vie quotidienne, tels que le fait de se pencher
en avant, de se tourner ou de soulever un sac de courses ou
encore parfois, bien entendu, de faire une chute. La moitié
de ces fractures vertébrales survient néanmoins spontané-
ment, sans générer de douleur immédiate, sans être dia-
gnostiquée et sans faire l'objet du traitement nécessaire à
limiter le risque de survenue de fractures par la suite (5).
Le risque de fractures futures après une première fracture
augmente de manière exponentielle. À terme, la multiplica-
tion des tassements de vertèbres ostéoporotiques engendre
une hypercyphose, elle-même génératrice de conséquences
négatives notables à long terme. Les fractures vertébrales et
la cyphose provoquent des troubles de la marche et des pro-
blèmes de poids, lesquels augmentent à leur tour le risque
de chute. Parallèlement, ces deux problématiques sont à
l'origine d'un rassasiement rapide et de problèmes gastro-
intestinaux, d'une diminution de la fonction et de la capacité
pulmonaires, d'une augmentation du risque de survenue de
nouvelles fractures et donc d'une nouvelle progression de la
cyphose (6). Les douleurs dorsales diminuent, quant à elles,
la fonctionnalité et la mobilité, ainsi que la qualité de vie.
Tous ces phénomènes contribuent à une augmentation de
la morbidité et même, au final, dans une large mesure à une
mortalité accrue (7-9).
Une fois le diagnostic de fracture vertébrale ostéoporo-
tique posé, il convient bien évidemment d'instaurer un
traitement de base de l'ostéoporose, lequel repose sur des
compléments de calcium et de vitamine D associés à une
médication de traitement de l'ostéoporose comme les bi-
phosphonates, le ranélate de strontium ou le dénosumab.
Mais parallèlement, il faut aussi traiter la fracture verté-
brale elle-même. La thérapie sur ce plan est depuis tou-
jours conservatrice et inclut le repos relatif et l'alitement,
les analgésiques, le port d'un corset et la kinésithérapie. Ce
n'est que dans les rares cas où la fracture entraîne un défi-
cit neurologique que l'on a recourt à une décompression et
à une stabilisation chirurgicales avancées. La fixation au
niveau du tissu osseux porotique n'est pas simple.
Les traitements classiques ne permettent pas toujours de
résoudre le problème. L'utilisation prolongée d'antiphlo-
gistiques et d'analgésiques narcotiques est souvent mal
supportée par cette population relativement âgée et aug-
mente le risque de chute. Le repos favorise l'ostéoporose
et accroît par conséquent le déconditionnement, les pro-
blèmes pulmonaires et la mortalité. Mais surtout, même le
meilleur traitement conservateur ne change rien à la pro-
gression de la cyphose qui, si l'on en croît les recherches
accomplies dans le domaine, s'avère de plus en plus être la
véritable cause sous-jacente à l'augmentation de la morbi-
dité et de la mortalité (7).
C'est donc l'hypercyphose qui est à l'origine de l'ensemble
de ces effets défavorables, en ce compris l'augmentation de
la mortalité. Même le meilleur des traitements conserva-
teurs est incapable de contrer cette évolution. Un traite-
ment conservateur ne permet pas de redresser la colonne
vertébrale. Seul un traitement chirurgical (mini-invasif,
par exemple) le permet.
De nouvelles techniques chirurgicales ont été développées
à la fin du siècle dernier pour le traitement des tassements
de vertèbres ostéoporotiques, à savoir la vertébroplastie et
la cyphoplastie. Nous allons analyser ces techniques mini-
invasives conjointement avec les méthodes de traitement
classiques dans l'aperçu qui suit.
Il convient, en cette fin d'introduction, d'insister sur le
fait que la prévention est le principe de base qui guide le
traitement. C'est grâce à une mobilisation et à une activité
physique suffisantes durant la phase de croissance et à un
apport continu en calcium et en vitamine D tout au long
de la vie par l'alimentation que l'on prévient l'ostéoporose.
Une fois que l'ostéoporose est apparue, la mobilisation et
l'absorption alimentaire de ces substances demeurent im-
portantes, mais une médication spécifique à l'ostéoporose
doit également être instaurée en fonction des nécessités.
traitEmEnt médicamEntEux
L'ostéoporose est une affection silencieuse. Comme on l'a
dit, la survenue d'une fracture vertébrale ostéoporotique
douloureuse en est souvent la première manifestation.
Référer le patient en vue d'un bilan et d'un traitement de
base adéquat de l'ostéoporose est essentiel. Les fractures