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OrthO-rhumatO | VOL 10 | N°4 | 2012
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figure 4: déterminants théoriques de la résistance osseuse. + = effet positif; - = effet négatif.
il faut se souvenir que dans une grande étude thérapeu-
tique ayant évalué le risque de fracture de la hanche, où
la sélection des personnes âgées avait été basée sur des
risques cliniques, un traitement aux bisphosphonates n'a
diminué le risque fracturaire que chez les patientes à DMO
faible (7). Par contre, dans une autre étude, à connotation
épidémiologique cette fois, 82% des femmes ménopausées
ayant souffert de fracture(s) avaient un T-score > 2,5 (c'est-
à-dire étaient «ostéopéniques» par opposition à «ostéopo-
rotiques») (8). Donc, même si l'on base notre indication
thérapeutique sur la mesure de la DMO et/ou du FRAX, de
nombreuses patientes fragiles peuvent être négligées.
Les marqueurs du remodelage osseux fournissent une ap-
proche dynamique de l'état du squelette, en ce qui regarde
la vitesse du remodelage osseux. Ils participent intime-
ment aux mécanismes impliqués dans la résistance méca-
nique du squelette (Figure 2).
De plus, leurs valeurs peuvent se modifier rapidement en
quelques jours à semaines suivant l'action de nos théra-
peutiques anti-ostéoporotiques puissantes actuelles. La
mesure de ces marqueurs a rendu de grands services dans
le développement de nouvelles thérapeutiques de l'ostéo-
porose et a été très largement utilisée dans les grands
essais thérapeutiques des médicaments. Cependant, l'ex-
trapolation des modifications observées dans ces essais
réalisés sur des grands groupes de patient(e)s dans le suivi
d'un cas individuel est sujette à caution. Les divers facteurs
impliqués dans la résistance du squelette sont repris dans
la figure 4.
caractériStiquES généralES dES marquEurS
du rEmodElagE oSSEux
Ces derniers présentent un rythme nycthéméral, ils sont
plus élevés la nuit et le matin et s'abaissent dans l'après-
midi. Il y a donc intérêt à les mesurer toujours à la même
heure chez le même sujet, et idéalement le matin. Leur
taux augmente chez la plupart des femmes lors de la méno-
pause et déjà même chez certaines dans la préménopause
tardive et à la périménopause quand les règles deviennent
irrégulières et que le taux de FSH s'élève. Il n'y a pas de
diminution avec l'âge. (9) On peut constater un certain de-
gré de variation saisonnière comme pour la DMO, causée
en bonne partie par des taux hivernaux abaissés de 25OH
vitamine D, avec réaction parathyroïdienne (10). Après
une fracture, particulièrement celle de la hanche, ils ont
tendance à rester élevés jusqu'à un an après la survenue de
cette dernière.
Les marqueurs actuellement disponibles sont indiqués
dans les tableaux 1 et 2.
Contrairement à la mesure de la DMO (remboursée par
l'INAMI dans certaines conditions) et à l'outil FRAX (non
encore reconnu par l'INAMI), les marqueurs du remode-
lage osseux (la plupart ne sont pas remboursés) ne peuvent
pas être utilisés en tant que seuil de décision thérapeutique
pour l'indication d'un traitement anti-ostéoporotique. Ils
ne sont pas corrélés à la valeur de la DMO et ne sont pas
(encore?) intégrés dans l'algorythme du FRAX. Même si,
dans certaines études (11), une certaine corrélation a été
DMO
Macroarchitecture
Microarchitecture
Qualité de la matrice osseuse
Accumulation
des microdamages
Résistance mécanique
Force de l'impact traumatique
Degré de minéralisation
MRO et remodelage osseux
si
normal
ou
légèrement
augmenté
si
excessive-
ment bas
ou
trop haut
si
normal
si
trop bas
ou
trop élevé
DMO = densité minérale osseuse; MRO = marqueurs du remodelage osseux