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OrthO-rhumatO | VOL 10 | N°4 | 2012
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anti-tnf Et affEctionS cardiovaSculairES
Par rapport aux antirhumatismaux modificateurs de la
maladie non biologiques, l'utilisation d'anti-TNF durant
une voire deux ou trois années diminue le risque d'affec-
tion cardiovasculaire de respectivement 24, 42 et 56%,
comme le démontre une étude néerlandaise.
Un groupe de chercheurs néerlandais a analysé des don-
nées rétrospectives de 109.462 patients atteints d'arthrite
rhumatoïde (1). Ces patients avaient bénéficié d'au moins
une prescription d'un anti-TNF, de méthotrexate ou d'un
autre produit modificateur de la maladie non biologique.
Les données étudiées avaient trait à 105.920 années-
patients, 48.621 années-patients avec exposition à des anti-
TNF, 35.480 années-patients avec du méthotrexate et
52.994 années-patients avec une exposition à d'autres pro-
duits modificateurs de la maladie non biologiques. Après
l'instauration du traitement, 1.743 affections cardiovascu-
laires ont été notées.
Le traitement par anti-TNF a diminué de façon significa-
tive le risque d'affection cardiovasculaire (infarctus myo-
cardique, AVC, AIT, angor instable ou insuffisance car-
diaque) (rapport de risques: 0,87; p = 0,005). Le risque
d'infarctus myocardique était également plus faible (rap-
port de risques: 0,80; p = 0,013).
Chaque prolongation de six mois du traitement anti-TNF
diminuait le risque d'affection cardiovasculaire chez les
patients âgés d'au moins 50 ans de façon significative (rap-
port de risques: 0,86; p = 0,007), tant chez les patients
avec que sans traitement préalable au méthotrexate (rap-
port de risques: 0,85; p = 0,022).
Michael Nurmohamed (Amsterdam), qui présentait les ré-
sultats, a souligné que l'arthrite rhumatoïde et les maladies
cardiaques ischémiques ont une base commune. L'inflam-
mation systémique, telle qu'elle se présente dans l'arthrite
rhumatoïde, favorise les affections cardiovasculaires et la
mortalité liées à ces maladies. Certaines études ont démon-
tré que le risque d'infarctus myocardique doublait qua-
siment lors des dix premières années post-diagnostic de
l'arthrite rhumatoïde. L'orateur a conclu que la baisse de
risque cardiovasculaire constitue un atout supplémentaire
de cette classe de médicaments déjà appliquée avec succès.
biologiquES, rémiSSion Et ESpérancE dE viE
danS l'arthritE rhumatoïdE
Les résultats d'une étude allemande font état d'une
moindre mortalité chez des patients atteints d'arthrite
rhumatoïde traités par anti-TNF et par rituximab que chez
des patients traités par des produits modificateurs de la
maladie traditionnels. Une autre étude, britannique cette
fois, est arrivée aux mêmes conclusions.
Joachim Listing (Berlin) a exposé les résultats d'une ana-
lyse allemande de données de mortalité de 8.908 patients
atteints d'arthrite rhumatoïde (2). La mortalité était de
20,6 sur 1.000 par an chez les patients traités par des
produits modificateurs de la maladie non biologiques; de
10,6 sur 1.000 par an chez les patients traités par anti-
TNF, et de 12,7 sur 1.000 par an chez les patients traités
par rituximab.
Une analyse plus poussée a montré que les femmes at-
teintes d'arthrite rhumatoïde ont une espérance de vie
réduite de 2,2 années par rapport à la population générale.
Les patientes avec un score DAS28 sous 4,1 avaient une es-
pérance de vie normale. Les femmes avec un score DAS28
de plus de 4,1 décédaient toutefois 5,6 ans plus tôt que les
personnes contrôles du même âge et du même sexe. Les
hommes avec un score DAS28 de plus de 4,1 décédaient
4,8 années plus tôt.
De plus, l'analyse du registre NORFOLK, qui concerne une
cohorte de patients atteints d'arthrite rhumatoïde établie
en 1990, a montré que le fait d'obtenir au moins une fois
une rémission durant les trois premières années du suivi
était associé à une meilleure survie (rapport de risques:
0,75; IC 95%: 0,59-0,95) (3). L'augmentation du nombre
de fois où une rémission a été atteinte était également as-
sociée à une diminution de la mortalité de toutes causes.
Les patients en rémission un an après le premier contact
avaient la plus forte baisse de mortalité en comparaison
aux patients n'atteignant pas de rémission durant les trois
premières années (rapport de risques: 0,66; IC 95%: 0,47-
0,92). Les patients obtenant une rémission après deux ou
trois ans présentaient une baisse progressive des avan-
tages liés à leur rémission.
L'obtention rapide d'une rémission au stade précoce de la
maladie est donc essentielle pour améliorer le pronostic
des patients atteints de polyarthrite.
anti-tnf Et infEctionS hErpétiquES
Hélène Che (Montpellier) a fait une analyse poussée de
la littérature scientifique à la recherche de cas rapportés
d'infection au virus de l'herpès lors de traitements de ma-
ladies rhumatismales inflammatoires à l'aide d'anti-TNF.
En effet, le risque d'une telle infection augmenterait d'en-
viron 75% dans ce contexte.
L'oratrice a parcouru 655 articles et 134 résumés de
congrès évoquant ce sujet. Une recherche manuelle addi-
tionnelle a permis de trouver encore deux articles de plus,
ainsi que onze registres nationaux. Au total, 22 articles et
28 résumés répondaient aux critères de sélection. Trois
articles et deux résumés ont pu servir à réaliser une mé-
ta-analyse. Ils concernaient un total de 124.966 années-
patients sous thérapie, dont 74.198 années-patients sous