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OrthO-rhumatO | VOL 10 | N°4 | 2012
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progression (en comparant avec un examen antérieur) et la
présence d'éventuelles affections nerveuses périphériques
concomitantes (11). L'examen électromyographique vise à
tester la dégénérescence axonale des fibres motrices, qui
innervent les muscles du thénar (2).
Le canal carpien et le nerf médian peuvent également
être examinés en détail par imagerie. L'échographie per-
met de mettre en évidence un épaississement du nerf
ou un aplatissement du nerf dans son canal, ainsi que la
courbure (bowing) du ligament transverse, diagnostique
du SCC. De plus, une échographie permet de mettre en
évidence la présence d'anomalies structurelles de type
nerf médian bifide, artère médiane persistante, ou un
phénomène expansif dans le canal (2-3). Dans la pratique
journalière, l'IRM est rarement appliquée pour examiner
un SCC. Mais lorsqu'une lésion expansive est suspectée
comme facteur causal ­ ganglion, hémangiome, lésion
osseuse ­ l'IRM est l'examen de choix. Comme l'IRM
est à même de visualiser le nerf de façon très précise, cet
examen peut également être utilisé après l'échec d'une
opération antérieure pour cause de SCC, afin de visualiser
une possible compression nerveuse résiduelle ou un autre
problème (3).
diagnoStic différEntiEl
Le syndrome du canal carpien doit principalement être
distingué d'une compression nerveuse à un niveau diffé-
rent de celui du canal carpien ­ radiculopathie cervicale
(principalement C6-C7), affections du plexus brachial,
neuropathie du nerf médian proximal (syndrome de pro-
nation douloureuse), syndrome du défilé cervico-thora-
cique, neuropathie du nerf cubital ­ ainsi que l'atteinte
nerveuse liée à des affections spécifiques du système ner-
veux, telles que la sclérose latérale amyotrophique ou la
sclérose en plaques (2).
traitEmEnt
L'objectif du traitement est de réduire la pression sur le
nerf. Il convient également de s'intéresser au traitement
des affections qui favorisent le SCC (diabète, hypothyroï-
die, arthrite).
Un traitement conservateur est souvent le premier choix,
tant qu'il n'y a ni perte fonctionnelle sensorielle ou motrice
sévère ni troubles électrophysiologiques importants.
En cas d'échec du traitement conservateur ou en présence
de l'une des affections susmentionnées, il y a lieu de passer
à la chirurgie (12).
traitEmEnt conSErvatEur
Le traitement conservateur consiste en une combinaison
de médicaments, une attelle (de nuit) et l'adaptation des
activités journalières et professionnelles.
Les thérapies médicamenteuses les plus utilisées sont les
stéroïdes, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les
diurétiques et la pyridoxine. Les stéroïdes peuvent être
administrés par voie systémique ou locale et permettent,
souvent à court terme, une amélioration des plaintes (2-8
semaines). En cas de réponse satisfaisante à une infiltra-
tion locale, on peut éventuellement administrer une deu-
xième voire une troisième infiltration, même si une admi-
nistration routinière n'est pas indiquée (2-3). Les AINS,
souvent prescrits, n'ont pas d'effet prouvé dans les études
randomisées. Ceci vaut également pour les diurétiques et
la pyridoxine (vit B
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) (2-3).
Une orthèse de poignet, avec le poignet en légère extension
et sans pression directe sur le canal carpien, diminue la
pression sur le nerf. Lorsqu'elle est portée la nuit, elle per-
met souvent une forte amélioration des paresthésies noc-
turnes. Lorsqu'un SCC survient durant la grossesse, le port
d'une orthèse constitue certainement le premier choix.
traitEmEnt chirurgical
La décompression chirurgicale du nerf peut être effectuée
par une procédure ouverte ou endoscopique (13). En cas
de dégagement «ouvert» du canal carpien, le ligament
transverse sera clivé via une incision cutanée de la paume.
Cette approche permet une bonne visualisation du contenu
du canal carpien. Dans un même temps, si nécessaire, on
pourra pratiquer une synovectomie et une ténolyse des
tendons fléchisseurs, une neurolyse du nerf médian et/ou
l'ouverture du canal de Guyon (nerf cubital). A l'occasion
d'un dégagement endoscopique, à l'aide d'une caméra, une
incision cutanée proximale et/ou distale du canal carpien
permettra de cliver le ligament transverse au départ du ca-
nal carpien. Cette méthode est plus lourde, plus coûteuse,
et ses avantages à long terme n'ont pas été confirmés. Pour
la plupart des chirurgiens de la main, le dégagement ouvert
via une mini-incision constitue actuellement le traitement
de choix. La chirurgie, pratiquée correctement et au bon
moment, mène presque toujours à une guérison complète
(Figure 6).
La mise en place d'une attelle postopératoire n'offre que
peu d'avantages. La plupart des études montrent qu'un
pansement compressif postopératoire durant 2 à 3 se-
maines mérite la préférence (2, 4).
Malgré le pourcentage élevé de réussite du dégagement
chirurgical, des complications peuvent se produire (14),
la plupart n'étant pas sévères et évoluant généralement
et spontanément de façon favorable. Les problèmes de
plaies (saignements postopératoires, infection, cicatrisation