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OrthO-rhumatO | VOL 10 | N°4 | 2012
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lE concEpt dE paréSiE SpaStiquE déformantE
Toute lésion encéphalique ou médullaire de la voie cor-
tico-spinale (AVC, paraplégie, sclérose en plaques, trau-
matisme crânien) est susceptible d'entraîner un syndrome
pyramidal caractérisé par la présence de signes négatifs
(parésie) et positifs (spasticité). La spasticité est habituel-
lement définie comme une hypertonie musculaire vitesse-
dépendante (qui augmente avec la vitesse d'étirement pas-
sif du muscle) résultant d'une hyperexcitabilité du réflexe
d'étirement (1). Le terme spasticité inclut également les
autres signes positifs du syndrome pyramidal que sont les
spasmes, les co-contractions (contractions simultanées des
muscles agonistes et antagonistes) et le clonus de sorte que
l'on pourrait parler de «spasticités» au pluriel. En effet,
l'expression clinique de la spasticité varie en fonction de
l'affection neurologique: des spasmes en flexion chez le pa-
raplégique, un pied équin avec clonus chez l'hémiplégique
et un tonus basal constant chez le traumatisé crânien.
D'un point de vue clinique et thérapeutique, le concept de
«parésie spastique déformante» récemment développé est
utile, car il souligne les 3 causes principales d'incapacité de
nos patients sur lesquels nos traitements doivent porter: la
parésie, la spasticité et la rétraction (2).
dES traitEmEntS avEc dES objEctifS préciS
Le patient spastique présente des déficits (parésie, spasti-
cité...) responsables d'une incapacité (difficulté à marcher,
douleur...), elle-même génératrice d'un handicap (isole-
ment professionnel, social, familial...). Le traitement de la
spasticité ne doit pas être un but en soi mais un moyen
de réduire l'incapacité du patient et si possible son handi-
cap. Les plaintes du patient doivent donc être précisément
établies et servir de base à notre action. Il peut s'agir de
difficultés à la marche (lenteur ou instabilité de cheville)
ou pour la préhension (difficulté à prendre mais aussi à
relâcher les objets), de difficultés pour l'habillage en cas
de bras spastique, de douleurs liées à des appuis patho-
logiques ou plus directement à la contraction musculaire,
de chutes de la chaise roulante en raison de spasmes chez le
patient paraplégique, voire de déformations inesthétiques
telles que le flexum de coude. En fonction des plaintes, il
convient de définir avec le patient des objectifs réalistes,
réalisables et précis.
unE multitudE dE traitEmEntS poSSiblES
Les traitements de la spasticité, articulés autour de la ré-
éducation, sont classés en fonction de leur caractère réver-
sible ou permanent et de leur action locale ou générale
(Figure 1). En cas de spasticité généralisée, on utilise
principalement des traitements réversibles comme les mé-
dications orales ou la pompe à baclofène. Les traitements
irréversibles comme la rhizotomie (chez l'enfant IMC) et la
DREZotomie (pour Dorsal Root Entry Zone) pour la spas-
ticité douloureuse du membre supérieur sont plus rare-
ment proposés. En cas de spasticité localisée, on utilise des
traitements médicaux réversibles de dénervation chimique
(toxine botulique, alcool et phénol) ou chirurgicaux avec
résultats définitifs (neurotomie et chirurgie orthopédique).
Le choix du traitement et des buts à atteindre varie égale-
ment en fonction de l'affection initiale, de la localisation
et de l'importance de la spasticité et des déficits associés.
Ce choix est rendu plus complexe encore par le nombre
de traitements disponibles, la multitude de plaintes et
de tableaux cliniques différents et les souhaits, parfois
figure 1: les traitements de la spasticité.
SPASTICITE GENERALISEE
SPASTICITE LOCALISEE
Médications orales
Pompe à Baclofène
Drezotomie
Rhizotomie
Blocs anesthésiques
Alcool / Phénol
Toxine botulique
Neurotomie
Chirurgie orthopédique
REVERSIBLE
PERMANENT