![]() enfant son médecin. Celui-ci connaît les anté- cédents personnels et familiaux et a éta- bli une relation thérapeutique avec le patient et les membres de son entourage, principalement les parents. Il intervient également au niveau de l'éventuelle fra- trie. Le lien de confiance lui permet d'appréhender la dynamique familiale et la qualité des interactions. Le statut de cette relation constitue indéniablement un atout, lui permettant de percevoir l'état général de l'enfant, son évolution, ainsi que d'interpeller à bon escient les parents. De sa position référentielle, le pédiatre examine et entend en «connais- sance de causes», sensible aux aléas de la relation, aux accents dans les réac- tions entre enfants et parents. Toutefois, certains écueils existent; en effet, toute implication avec intensité et durée dans un lien, quel qu'il soit, se base sur l'inter- subjectivité. On rencontre dès lors le risque de perdre la faculté d'interroger, de constater avec cette distance suffi- sante et pourtant nécessaire de la fonc- tion professionnelle. L'incrédulité, voire l'aveuglement, menacent le clinicien qui s'identifie à l'adulte, lui attribuant un mouvement naturellement bienveillant envers la jeune génération, qui plus est lorsqu'il s'agit d'un bébé. manifestations cliniques lors de la consultation. Certains indicateurs sont flagrants et trahissent un état de souf- france chez l'enfant, en lien avec une probable maltraitance. Ce n'est pas tou- jours le cas. Prenons un signe qui peut paraître anodin. Dans la situation du très jeune enfant, à côté des aspects psycho- moteurs et des fonctions de holding, handling et object-presenting dévelop- pées par Winnicott, les capacités d'ac- crochage par le regard et le corps nous semblent intéressantes à considérer. Ain- si, un bébé qui capte d'emblée le regard appréhension, sans réserve, émeut et peut faussement rassurer le profession- nel. Cet indice traduit éventuellement une faille dans l'interaction entre le pa- rent et l'enfant. Rappelons que le petit d'homme, dans ses premières années d'existence, fait normalement preuve de retrait à l'égard de toute personne étran- gère, se tournant préférablement vers l'«adulte tutélaire», le parent par es- sence, qui lui offre ses caractéristiques corporelles et psychiques comme sup- ports identificatoires et protecteurs. Le «kit de survie psychique» du nourrisson comprend la présence d'un adulte réfé- rent, s'adressant à l'enfant par la voix, le corps, les humeurs,... dont la capacité de portage physique et psychique se ré- pète quotidiennement. L'anamnèse com- gation sur la qualité de l'attachement parent/enfant. Il s'agit d'écouter l'adulte décrire les moments d'interaction, les modes de réactions réciproques, les «re- cettes» mises au point quand le bébé pleure, refuse de manger,... Interroger le quotidien de ces attitudes participant à la consolidation de la parentalité permet de découvrir des impasses relationnelles ou des situations à risque. d'abord comme le soulignent Marchand et al., le pédiatre a un triple rôle de dé- tection, de diagnostic et de prévention (7). Selon les contextes de la rencontre pédiatrique, il sera plus ou moins aisé de repérer les indicateurs de maltraitance. Puis, au niveau de l'état d'esprit, il s'agit d'oser retenir dans les hypothèses du inadéquation grave envers l'enfant. Enfin, nous recommandons de ne pas hésiter à faire appel aux structures spécialisées, d'abord pour un avis quant au dia- gnostic, ensuite pour envisager un relais pour la suite de la prise en charge. Et là, plus le médecin sera clair, reconnaissant sa perplexité ou ses doutes, plus le «pas- sage», même dans une ambiance de crise, pourra s'effectuer. Soulignons que certaines familles ne conçoivent pas la perspective de l'aide et des soins à leur égard et qu'alors, seule une interpella- tion des autorités judiciaires autorise une mesure de protection à l'égard de l'en- fant en danger. A ce propos, la modifica- tion récente de l'article 458bis du code pénal redéfinit le cadre de cette possibi- lité pour le professionnel quel qu'il soit. maltraitance suscite un malaise général chez tout clinicien. La menace d'occul- ter cette éventualité est grande. Il est clair qu'évoquer une possible mal- traitance demande de prendre du temps (en avons-nous encore?), de «se mouil- ler», parfois en perdant le lien thérapeu- tique mais en offrant à l'enfant une op- portunité pour son évolution. 1. situations de maltraitance. Acta Psychiatrica Belgica (paraîtra en 2012). edition de Boeck, Bruxelles, 2008. physical child abuse to reporting: primary care clinician decision-making. Pediatrics 2008;122:611-9. souffrance: accueillir, évaluer, accompagner. Dunod, France, 2010. la maltraitance et de la négligence d'enfants. Percentile 2007;12(5):136-42. maltreatment, available at: http//www.unh.edu/ccrc/pdf/ Updated_Trends_in_Child_Maltreatment_2009.pdf. diagnosis, prevention of child abuse: the role of the pediatrician. Eur J Pediatr Published on line: 23/11/2011. |