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CASE REPORT
56
l
Neurone
·
Vol 18
·
N°9
·
2013
situations où les patients présentent déjà
des troubles moteurs ou non moteurs
majeurs.
Quelques situations cliniques
classiques
1. Apparition de dyskinésies de pic de
dose remarquées par l'entourage
mais non invalidantes: pas de trai-
tement mais surveillance plus fré-
quente. Alternativement, si patient
sans déclin cognitif, réduction dis-
crète des doses individuelles de lé-
vodopa et majoration de l'agoniste
ou essai de rasagiline.
2. Si, lors de la visite suivante, les dys-
kinésies s'accentuent et deviennent
invalidantes, il faut impérativement
réduire les doses individuelles de
lévodopa. L'amantadine est parfois
recommandée mais je n'ai vu que
peu de patients répondeurs.
3. Survenue de lenteur accentuée
avant la prise suivante de lévodopa
(classiquement, en 3 prises chez les
patients non fluctuants): fractionner
la dose totale en 4 prises, augmen-
ter l'agoniste prudemment ou ajou-
ter rasagiline.
4. Si cette akinésie de fin de dose s'ac-
compagne de «coups de fatigue»,
une augmentation de la dose d'ago-
niste pourrait accentuer ceux-ci. En
l'absence de dyskinésies, on peut
envisager de remplacer la formula-
tion classique de lévodopa par une
forme à libération progressive ou
utiliser un ICOMT (inhibiteur de la
COMT) avec une dose équivalente
de lévodopa.
5. Akinésie du petit matin: la première
dose ne fonctionne pas assez vite.
S'assurer que le patient la prenne
au réveil et non au repas, au besoin
rajouter une faible dose de lévodo-
pa à absorption rapide.
6. Dystonie douloureuse du petit ma-
tin (généralement, les orteils du
pied le plus atteint): envisager d'ad-
ministrer en tout ou en partie l'ago-
niste (souvent à libération prolon-
gée) le soir plutôt que le matin. Si-
non, essai de toxine botulique dans
les muscles impliqués.
7. Etat dépressif: essai de pramipexole
ou antidépresseur (études contro-
versées), mais attention aux pos-
sibles interactions médicamen-
teuses.
8. Hallucinations, agressivité, bouf-
fées psychotiques: réduire, voire
supprimer en priorité les agonistes,
anticholinergiques, IMAO-B et, en
cas d'échec, le seul antipsycho-
tique n'aggravant pas les symp-
tômes moteurs est la clozapine.
Une dose de 25mg le soir est sou-
vent suffisante, mais un contrôle
régulier de la formule hémo-leuco-
cytaire pendant les premiers mois
est nécessaire (risque d'agranulocy-
tose).
9. Etats d'hypersexualité et comporte-
ments compulsifs (punding): sur-
tout chez les patients jeunes sous
agonistes. Ils en prennent souvent
une dose supérieure à celle pres-
crite. Il faut voir avec l'entourage,
le pharmacien et le généraliste à
quelle fréquence les prescriptions
sont délivrées. La réduction dras-
tique des agonistes est impérative,
quitte à augmenter secondairement
les doses de lévodopa et/ou ajouter
de la clozapine avec support psy-
chologique.
10. Somnolence soudaine et intempes-
tive (notamment au volant): réduire
les doses d'agoniste, en particulier
le pramipexole et le ropinirole, plus
sédatifs que les anciens agonistes
ergotés. S'assurer d'un sommeil
nocturne réparateur et au besoin
faire passer des tests d'aptitude à
la conduite. Limiter la durée des
trajets.
11. Douleurs diffuses, inconfort, perte
de résistance physique: kinésithéra-
pie, bilan général pour ne pas né-
gliger une autre affection, partici-
pation à des groupes d'activités
physiques adaptées.
Ceci n'est évidemment pas exhaustif ni
strictement objectif mais, comme men-
tionné au début, le fruit d'une expé-
rience personnelle glanée au fil de trois
décennies.
Références
1.
Birkmayer W, Hornykiewicz O. Der L-3-4-
Dioxyphenylalanin (-DOPA). Effekt bei der Parkinson-
Akinese. Wien. Klin Wschr 1961;73:787-8.
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3.
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late dopa treatment. Ann Neurol 1987;22:8-12.
4.
Yahr MD, Wolf A, Antunes JL, et al. Autopsy findings in
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Quinn N, Parkes D, Janota I, et al. Preservation of the
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symposium on Parkinson's disease 1969:185-192.
7.
Mov Disord 2011;26(Suppl 12).
Quand c'est possible, j'aime que le parkinsonien soit
accompagné par son conjoint ou un proche. C'est une aide
capitale à l'anamnèse, notamment pour la détection précoce de
dyskinésies, dont le patient peut n'être pas conscient mais aussi
et surtout pour les troubles non moteurs, souvent ignorés ou
niés par le malade (hypersomnie, notamment au volant,
hallucinations, troubles sexuels et autres problèmes
psychiatriques).