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l
Neurone
·
Vol 18
·
N°9
·
2013
P0963F
DOSSIER: PÉDOPSYCHIATRIE
l
es
indicateurs
de
maltraitance
en
consultation
pédiatrique
La maltraitance des enfants représente un problème universel, complexe, dont les
conséquences en termes de santé physique et mentale de la victime ainsi que sur
le plan de la santé publique sont loin d'être négligeables. Sans disposer
d'estimations fiables quant à sa prévalence, l'OMS pointe l'ampleur de la
problématique: 20% des femmes et 10% des hommes disent avoir subi des
violences sexuelles durant l'enfance.
Si la prise en charge des situations de maltraitance d'enfants s'établit régulièrement
dans le champ psychosocial, l'approche médicale, et en l'occurrence pédiatrique,
n'en demeure pas moins capitale, tant dans les phases diagnostique et
thérapeutique que dans le temps de la révélation, de l'inquiétude et de la
suspicion (1).
Depuis trente ans déjà, l'équipe SOS-Enfants de Saint-Luc ­ structure
pluridisciplinaire chargée d'évaluer et de traiter ces situations aux multiples
enjeux ­ intègre un pédiatre qui rencontre l'enfant maltraité ou suspecté de l'être.
C'est à partir de cette expérience que nous développons notre réflexion sur les
indicateurs de maltraitance dans les contextes dans lesquels le pédiatre est
confronté à l'enfant susceptible d'être maltraité et aux membres de son entourage.
Repères généraux
Sans être exhaustifs, nous pouvons définir quatre grands cas de figure de rencontre
pédiatrique:
·
la consultation dans le cadre d'un suivi, c'est-à-dire que le médecin connaît
l'enfant et les adultes qui gravitent autour de lui, parfois depuis de nombreuses
années;
·
à l'opposé, une première consultation avec l'enfant;
·
celle qui intervient dans le cadre de l'urgence et/ou de la crise;
·
enfin, la consultation réalisée par le médecin travaillant en équipe pluridiscipli-
naire, (PSE, SOS-Enfants,...).
Par ailleurs, nous distinguons les quatre formes de maltraitance habituellement dé-
crites, même si nombre d'entre elles sont associées: les maltraitances physique,
sexuelle, psychologique et la négligence grave entraînant des répercussions sur le
développement de l'enfant.
Au niveau des signes cliniques, on peut reprendre trois grands types:
·
lésions physiques (traces d'agression);
·
comportements évocateurs d'inadéquations de la part de l'entourage (sexualisé,
agressif, agité, «hyper conforme»,...);
·
allégation de l'enfant lui-même ou d'un adulte à son encontre.
Enfin, il y a lieu de tenir compte de l'âge de l'enfant, en précisant, le cas échéant, une
des trois principales catégories: 0 à 3 ans, 3 à 6 ans, 6 à 12 ans. Nous n'abordons pas
dans cet article les questions liées aux adolescents.
Emmanuel de Becker
1
, Françoise
Weerts
2
1. Coordinateur de l'équipe SOS Enfants,
Clin. Univ. St-Luc, UCL, Bruxelles
2. Pédiatre de l'équipe SOS Enfants, Clin.
Univ. St-Luc, UCL, Bruxelles