![]() de 30 ans, on parlait déjà de complica- tions plus ou moins précoces du traite- ment par lévodopa. J'oublierai volontai- rement les effets secondaires digestifs ou cardiovasculaires précoces, largement atténués par la prescription concomi- tante d'un inhibiteur périphérique de la dopa-décarboxylase. Ont été très tôt no- tés une perte d'efficacité de la lévodopa avant la prise suivante, voire même de façon imprévisible, mais aussi l'appari- tion de mouvements involontaires entra- vant autant la mobilité du patient que les signes parkinsoniens classiques. Ces mouvements parasites ont été appelés dyskinésies dopa-induites, soit de pic de dose, souvent d'allure choréique ou athétosique, soit biphasiques revêtant plutôt un aspect brutal, ballique, prédo- minant aux membres inférieurs et surve- nant peu après la prise de la lévodopa ou avant la prise suivante. Aussi, un excès de lévodopa a été reconnu comme source de troubles comportementaux et d'hallucinations. qui ont attiré l'attention, car les plus vi- sibles. Quel désarroi pour le patient et son entourage, après une période de bonheur de quelques années, de voir réapparaître soit brutalement, soit insi- dieusement, les stigmates de la maladie ou des troubles moteurs jusque-là incon- nus. Ce n'est que plus récemment qu'on a pris conscience que ces fluctuations motrices pouvaient s'accompagner de symptômes non moteurs parfois aussi invalidants: bouffées anxieuses ou affect dépressif, douleurs diverses, variations perte d'élan vital etc. la lévodopa quelle ces effets secondaires étaient le fruit d'une neurotoxicité de la lévodopa, car on ne les retrouvait pas avec d'autres médications antiparkinsoniennes. La lé- vodopa est effectivement toxique à forte concentration sur cultures de neurones dopaminergiques in vitro, notamment parce que le catabolisme de la dopa- mine par la voie de la COMT (catéchol- O-méthyltransférase) génère du per- oxyde d'hydrogène et des radicaux libres très neurotoxiques. Toutefois, la plupart de ces tests ont été effectués sur des cultures dépourvues d'astrocytes, dont on sait qu'ils contiennent les en- zymes glutathione peroxydase et cata- lase neutralisant largement les pe- roxydes. Ceci explique probablement que dans les modèles animaux sains ou rendus parkinsoniens, il n'a pas été pos- sible de démontrer de façon reproduc- tible un effet délétère structurel de la lévodopa sur les voies nigrostriées. toxicité de la lévodopa a été longtemps véhiculée, avec comme autre argument que les parkinsoniens traités uniquement par agonistes dopaminergiques ergotés ou non ne développaient guère de fluc- tuations motrices, même si les complica- tions psychiatriques étaient fort proches de celles de la lévodopa. Plusieurs larges études ont été conduites avec divers ago- nistes (ropinirole, pergolide, prami- pexole) montrant que tant qu'ils étaient administrés seuls, les patients ne déve- loppaient quasi pas de dyskinésies et peu de fluctuations d'efficacité. C'était cependant toujours au prix d'un moindre effet sur la mobilité générale que chez les patients recevant la lévodopa à dose équivalente ou en supplément. définitivement clos le débat de la neuro- toxicité de la lévodopa dans la maladie de Parkinson, sur base des arguments suivants: 1. l'administration de lévodopa aug- vie des parkinsoniens (3); voies nigrostriées de parkinsoniens exposés on non à la lévodopa (4), ou chez des sujets normaux ayant reçu la lévodopa sur diagnostic erroné (5); lévodopa pour d'autres affections que la maladie de Parkinson idio- pathique. patients exposés à la lévodopa suffi- samment longtemps développent quasi tous des fluctuations d'efficacité et que les dyskinésies sont plus marquées lorsque des doses importantes sont prescrites. L'intensité et la fréquence des variations s'accroissent aussi au fil du temps. Ce sont les raisons pour les- quelles il est fréquemment recomman- dé d'adopter une «stratégie d'épargne» de la lévodopa. Mais est-ce la lévodo- pa, la durée d'exposition et la quantité administrée qui sont à mettre en cause ou plutôt l'évolution du processus dé- génératif? Pour moi, c'est clairement cette dernière qui joue. |