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que c'est à eux que la population doit
s'adresser en cas de problèmes et de dif-
ficultés. Les dérives totalitaires prennent
parfois naissance dans des lois qui ex-
cluent les gens. Personnellement, je suis
opposé à une réglementation de la psy-
chothérapie, que la ministre Onkelinx
veut encore à tout prix introduire dans
cette législature. Elle met la psychana-
lyse en fâcheuse posture et ouvre la voie
à toutes sortes d'ergotages et d'évalua-
tions. L'inconscient ne tolère pas d'ingé-
rence de l'Etat.
Conclusion
Enfin, il apparaîtra clairement que le
profil d'un anthropopsychiatre diffère
largement de ce à quoi sa formation le
prédestinait. Moins d'accent sur la phar-
macologie, la biologie et la propension à
la classification, attention accrue vis-à-
vis des contacts avec les patients, de la
vie quotidienne, du traitement et de la
vision sociale. L'actuelle pénurie de psy-
chiatres est liée au fait que la discipline a
entre-temps perdu de sa substance et de
son intérêt. Pour moi, c'est précisément
parce qu'elle établit des liens entre Freud
et Wagner, Lacan et Nietzsche... qu'elle
est attrayante.
Enfin, je vous montrerai encore volon-
tiers la vision plus large dont l'anthropo-
psychiatrie se porte garante, et qui té-
moigne de sa logique nécessité, dans la
concordance entre la pathologie, les
cycles humains, les pulsions, l'éthologie,
le langage, les rapports anthropolo-
giques, les dimensions de l'existence
humaine, le système des sens et même le
système des beaux-arts. Il est incontes-
table que bon nombre d'autres corréla-
tions peuvent encore être développées...
L'anthropopsychiatrie replace la psycho-
pathologie et la psychiatrie dans la per-
spective vitale plus large, lui donnant
ainsi une place logique et nécessaire.
Elle peut même constituer un cadre pour
le «general management», qui peut non
seulement être utilisé en psychiatrie,
mais aussi dans les écoles et sur les lieux
de travail.
Pour conclure, je dirai qu'au 21
e
siècle
l'anthropopsychiatrie mérite une place
en tant que cadre de référence central
pour comprendre l'homme malade men-
tal, et l'homme en général. Elle est le
successeur légitime et perfectionné de la
psychiatrie phénoménologique du 20
e
siècle, qui l'a en grande partie absorbée
et transformée. En outre, elle intègre sans
peine les progrès importants (mais limi-
tés) de la psychopharmacologie. De ce
fait, elle est particulièrement adaptée
pour jeter un pont entre la psychanalyse,
d'une part, et la psychiatrie biologique,
d'autre part. De cette manière, elle passe
d'une fonction de pontifex oppositorum
à un statut de discipline faîtière.
En outre, elle établit des liens avec toutes
les productions humaines, qu'elles
soient normales ou pathologiques, ami-
cales ou amoureuses, professionnelles
ou créatives... De là, elle essaie égale-
ment de comprendre l'homme...
Note finale
Qu'est-ce donc en définitive que l'anthropopsychiatrie? Malheu-
reusement, dans le cadre (étroit) de cet article, il n'est pas pos-
sible de le développer plus en détail. J'invite ceux qui désire-
raient en savoir plus à consulter mon livre «Naar een andere
psychiatrie» (Vers une autre psychiatrie) (3).
Références
1.
Verhaeghe P. Identiteit, De Bezige Bij 2012.
2.
Stengers I. La volonté de faire science: À propos de la
psychanalyse, coll. Les empêcheurs de penser en rond,
1992.
3.
Ruelens L. Naar een andere psychiatrie, Literarte 2010.
ERRA
TUM
Veuillez noter qu'une erreur s'est glissée dans l'article «La "mnémothérapie" musicale dans la maladie d'Alzheimer» de Jean
Claude Broutart et Daniel Balas, paru dans notre précédente édition (Neurone 2013;18(8):37-40). Ci-dessous vous trouverez
voici le tableau 1 corrigé. Veuillez nous excuser pour cette méprise.
0
0,3
0,4
0,6
0,8
1
Joie
Airs chantés
M. sémantique
M. autobiographique
97%
97%
87%
80%
Tableau 1: Pourcentages observés des différentes réponses en fontion du nombre de patients.