![]() plosions de colère et de chagrin ou une menace de rompre le dialogue, demande une interprétation qui contribue à don- ner forme au diagnostic. Et ici, nous n'évoquons pas encore l'importance sé- miologique de ce qui est dit... Cela sup- pose une oreille entraînée, comme un stéthoscope de l'âme. Les leçons qui découlent de cette analyse sont peut-être ici les plus précieuses: prendre l'homme au sérieux, comme un être narratif... dienne retrouve son importance cruciale en tant qu'élément qui incarne la dimen- sion temporelle chez le patient. Ce temps est nécessaire à l'évolution, au traitement, au changement, mais aussi à la première rencontre, à l'observation, au diagnostic... Cette notion dérive éga- lement de la psychanalyse et est en contradiction flagrante avec l'urgence des diagnostics techniques, les traite- ments superficiels rapides, etc. La vie quotidienne est une tâche existentielle, dans laquelle tous les existentiels et fac- teurs pulsionnels sont impliqués. Sa di- mension politique et sociale est claire et elle permet également d'introduire le concept de sens dans le champ de la psychiatrie. L'accompagnement du sujet occupe ici une place centrale; un sujet qui s'exprime doit être respecté au lieu d'être maîtrisé. trique, l'anthropopsychiatrie plaide tota- lement en faveur d'une autoformalisation de l'homme, qui ne peut donc par défini- tion être conçue de l'extérieur. Chacun reste «en charge» de sa propre responsa- bilité, de sa vie. C'est la raison pour la quelle, à l'instar d'Isabelle Stengers (2) et de nombreux philosophes moraux, elle rejette la thérapie comportementale. Un patient se traite en premier lieu lui-même, mais à l'aide d'un autre. A cet effet, le trai- tement doit être long, sérieux et intensif, sans schémas préconçus. dentiels, qui prennent bien évidemment beaucoup de temps, du moins si on veut modifier quelque peu les schémas enra- cinés. Il est donc nécessaire de faire preuve de résistance vis-à-vis de la vo- lonté incessante de raccourcir le traite- ment des patients, parallèlement à la énième mesure d'économie émanant du monde politique. Les études qui vou- draient évaluer ceci doivent également changer de paradigme. qui fonctionnent selon les principes de la psychothérapie institutionnelle: je pense à l'ALBE et au centre psychosocial Mechelsestraat. Selon ces principes, l'institution doit également être soignée, si elle veut traiter correctement les per- sonnes qui y fonctionnent tant les pa- tients que le personnel. Ceci est on ne peut plus logique: nous sommes faits de la même argile que nos patients, Lacan l'avait déjà dit... Le soignant-soigné est aussi bien soigné par le soigné-soignant qu'inversement. L'hétérogénéité au sein de la population de patients est nécessaire pour pouvoir se détacher de la pathologie pure. Il est obsolète d'isoler des patients ayant un diagnostic semblable, ne fût-ce qu'à cause des nombreuses exclusions qui en résultent. Si un patient n'entre pas dans le «moule» d'un service, il reste sur le référer un patient, certains d'entre eux n'entrant dans aucun cadre... lequel le gouvernement manifeste un brusque intérêt, est tout aussi absurde. Comme si un diagnostic était pire qu'un autre, et pouvait être monnayé... L'an- thropopsychiatrie entretient un rapport plutôt critique avec l'autorité, et a peu de considération pour les directions sous-directeur, la direction du nursing, la direction du personnel, et ainsi de suite une vaine énumération de fonctions, toutes absentes du processus thérapeu- tique. Les structures autoritaires peuvent être très aliénantes, en plus d'être sur- tout antithérapeutiques. Le centre névralgique de la PI est le Club Thérapeutique, dans lequel siègent des représentants des groupes d'intérêts indi- viduels, et où on prend des décisions démocratiques organisationnelles, p.ex. l'achat d'un âne. plan politique. En raison de ses cadres de pensée analytiques, l'anthropopsy- chiatrie est également armée pour l'ex- pliquer. L'Etat a tendance à se mêler de tout, y compris de la vie privée. Il s'oc- cupe de plus en plus de biopolitique, comme en témoigne le débat sur l'eutha- nasie, mais aussi récemment la régle- mentation de la psychothérapie. Lors du congrès de l'IAEP (Inter-associatif euro- péen de Psychanalyse), fin mai 2013 à Ravenne, où nous nous sommes rendus suite au cri de détresse d'un collègue ita- lien la psychanalyse y est également menacée , j'ai appris comment, dans une petite ville du sud, non loin de Ta- rente, un groupe de philosophes a ouvert un bureau. La population locale pouvait faire appel à eux en cas de questions existentielles, de petits et gros pro- blèmes. D'emblée, l'Ordre des psycho- logues a déposé plainte, argumentant |