background image
44
l
Neurone
·
Vol 18
·
N°9
·
2013
ajustement de leur environnement afin de
faciliter l'activité. L'orientation temporelle
est la deuxième sphère d'intervention en
termes de fréquence (11/18): il s'agit par
exemple de choisir un calendrier de taille
appropriée, de le placer à l'endroit le plus
adéquat au sein de l'environnement et de
le combiner éventuellement à la mise en
place d'une horloge digitale donnant le
jour, la date et l'heure, ou encore de four-
nir aux patients un agenda adapté pou-
vant être emmené partout. Les patients et
leurs soignants reçoivent toujours des in-
formations pratiques quant à la manière
d'utiliser au mieux le calendrier/agenda.
Si des activités restent malgré tout diffici-
lement adaptables et que cela est problé-
matique pour le quotidien du patient et/
ou de l'aidant, une alternative doit idéale-
ment être trouvée: la mise en place d'une
aide externe formelle (en collaboration
avec les services de soins à domicile) a
été organisée chez 7/18 patients. Des
modifications physiques de l'environne-
ment, pour le rendre plus fonctionnel, ont
été menées dans 6/18 cas. Des adapta-
tions techniques plus spécifiques ont été
élaborées pour 4/18 dyades (l'adaptation
d'un livre de recettes, du téléphone ou de
la liste de courses). Des fiches de procé-
dures écrites sont très souvent mises en
place. Des aides organisationnelles ont
également été fournies (2/18): organisa-
tion de la gestion administrative, mise en
place d'un pilulier. Enfin, comme l'utilisa-
tion du matériel mis en place nécessite
parfois un apprentissage spécifique, 4/18
patients ont été invités à participer à un
programme de réadaptation en clini-
que de la mémoire, consécutivement à
l'intervention dont ils ont bénéficié à leur
domicile.
Évaluation du bénéfice des
interventions
Nous avons entamé nos analyses par le
calcul des scores différentiels (A1-A2/
A1) pour toutes les échelles. Nous avons
utilisé le coefficient de corrélation non
paramétrique de Spearman pour une
recherche de corrélations entre les scores
différentiels et le nombre de visites à
domicile pour tous les patients (n = 25).
Il existait une corrélation significative
pour le score de dépendance Profinteg,
indiquant qu'un plus grand nombre de
visites est lié à une réduction plus impor-
tante du score de dépendance entre les
évaluations pré- et post-thérapeutique.
Nous avons mené une analyse de régres-
sion paramétrique multiple, avec le
score de dépendance A2 comme va-
riable dépendante, et le score A1 d'une
part et le nombre de visites à domicile
d'autre part comme variables indépen-
dantes. Le résultat est statistiquement si-
gnificatif. Tant le score A1 que le nombre
de visites ont contribué à ce résultat.
Nous avons ensuite conduit une analyse
a posteriori, non paramétrique, du
groupe expérimental (n = 18) avec le test
de Wilcoxon pour échantillons appariés,
ce qui a révélé une différence significa-
tive pour les scores de dépendance Pro-
finteg avant et après l'intervention, de
même que pour la charge physique de
l'aidant. Aucune autre échelle n'a mon-
tré de différence significative entre les
évaluations A1 et A2.
Pour comprendre la significativité écolo-
gique des scores Profinteg, nous avons
effectué un test non paramétrique de
Wilcoxon pour échantillons appariés sur
le groupe expérimental pour chaque ni-
veau de dépendance dans les activités
quotidiennes, du score 0 (activité effec-
tuée sans difficulté) au score maximal 5
(n'est plus capable de réaliser l'activité)
et pour chaque niveau de charge phy-
sique exprimée par l'aidant proche, du
score 0 (aucune charge) au score maxi-
mal 3 (charge considérable). Une
moyenne de 37,7 (SD = 6,2) activités
applicables ont été prises en compte
pour les évaluations. Le nombre d'activi-
tés exercées de façon indépendante était
significativement plus élevé après l'inter-
vention (étendue: 0-9 activités), tandis
que les difficultés dans l'exécution d'une
activité ont été significativement réduites
(étendue: 0-3 activités). Il y avait aussi
une réduction du nombre d'activités
avec score de dépendance maximal 5
(étendue: 0-2 activités). En ce qui
concerne la charge physique des ac-
compagnants, le nombre de tâches que
les aidants avaient classées comme
moyennement lourdes (score 2) a aussi
diminué.
Discussion
Nous avons présenté un programme
court d'adaptation d'AVQ réalisé par un
ergothérapeute au domicile de patients
atteints de MA légère à modérée. Une
analyse de régression multiple a révélé
une relation inversement significative
entre le nombre de visites et le niveau de
dépendance dans les activités quoti-
diennes à la deuxième évaluation. Dans
le groupe expérimental, des comparai-
sons par paires ont montré que la dépen-
dance avait diminué à la fin du pro-
gramme et, en moyenne, les patients
étaient devenus capables de réaliser de
manière indépendante une activité utile
qui était impossible ou difficile pour eux
au départ. Il y avait aussi une légère di-
minution de la charge physique des
aidants dans le groupe d'intervention.
Le programme présenté est ancré dans la
réhabilitation cognitive et a été conçu
Les dyades patient/proche ne consentent pas à suivre ce type
de programme en clinique de la mémoire. Ils acceptent en
revanche beaucoup plus facilement une intervention effectuée
à leur domicile.