background image
42
l
Neurone
·
Vol 18
·
N°9
·
2013
peutes, dont les actions complémen-
taires visent à observer et à analyser les
difficultés de vie quotidienne du patient
et à lui proposer un plan d'intervention
répondant au mieux à ses besoins. L'er-
gothérapeute a un rôle spécifique au
sein de l'équipe pluridisciplinaire. Un
sens aiguisé de l'observation, un esprit
d'analyse objectif et de l'imagination le
caractérisent: il privilégie l'activité sous
toutes ses formes, dans un but d'autono-
mie. Le maintien de la fonction, l'adap-
tation de l'environnement et son appro-
priation par le patient sont ses objectifs
majeurs. Les stratégies et outils compen-
satoires, combinés à l'apprentissage de
leur bonne utilisation, sont primordiaux
pour l'ergothérapeute.
Dans une étude pilote, nous nous
sommes basés sur les principes de ré-
adaptation cognitive pour créer un pro-
gramme flexible d'adaptation des activi-
tés de la vie quotidienne (AVQ), mené
par des ergothérapeutes au domicile de
patients souffrant de maladie d'Alzhei-
mer (MA) à un stade léger à modéré.
Nous nous sommes basés sur les straté-
gies visant à poursuivre des objectifs de
vie quotidienne propres à chaque pa-
tient, en adaptant leur environnement
et en y intégrant différents types d'aide-
mémoire qui compenseront leur déficit
en mémoire épisodique. Effectivement, cer-
tains programmes d'intervention à domi-
cile décrits dans la littérature récente
(14) soutiennent qu'adapter les activités
du patient souffrant de démence directe-
ment au sein de ses habitudes de vie
quotidienne et informer l'accompagnant
des techniques de stimulation adéquates
réduit significativement la dépendance
du patient ainsi que la charge de travail
de l'accompagnant. Ce type de pro-
gramme d'encadrement ergothérapeu-
tique améliore la qualité de vie du pa-
tient comme de l'aidant principal (15).
Proposer le passage d'un(e) ergothéra-
peute à domicile en complément à la
revalidation cognitive classique nous a
donc semblé judicieux. Les objectifs
d'un nombre limité de séances (2-6
séances effectives) sont de cibler rapide-
ment les activités habituelles principale-
ment problématiques et de les réadapter
en les simplifiant, en aménageant l'envi-
ronnement ou en mettant en place des
types d'aide-mémoire de manière straté-
gique. Le rôle de l'intervenant s'étend
aussi à l'accompagnant principal:
l'adaptation de l'environnement du
patient implique nécessairement les ai-
dants proches, qui entourent la personne
désorientée et qui sont informés des stra-
tégies facilitatrices à utiliser pour aider
efficacement le patient à retrouver un
peu d'autonomie au sein des activités
ciblées. Afin de démontrer les bénéfices
de telles interventions, nous avons utilisé
des échelles spécifiques à la mesure des
difficultés rencontrées au sein des AVQ
du patient, avec une évaluation de sa
dépendance et de la charge de l'aidant
proche (16, 4, 17). L'ergothérapeute, for-
mé aux principes de réhabilitation co-
gnitive en clinique de la mémoire, pro-
pose ce programme d'intervention court
aux patients récemment diagnostiqués
avec une MA à un stade léger à modéré.
Sur base de notre expérience clinique, il
est habituel que les dyades patient/ac-
compagnant acceptent une visite à do-
micile plutôt que d'entrer d'emblée dans
un programme de revalidation en Cli-
nique de la mémoire. Cette première
visite de prise de contact à domicile et
d'explication du programme est donc
primordiale. Dans le but de démontrer
l'efficacité de ce type d'intervention,
nous avons recherché dans cette étude
une corrélation entre la diminution du
niveau de dépendance du patient dans
ses AVQ (16) et le nombre de visites à
domicile, et nous avons comparé dans
une analyse post-hoc le degré de dépen-
dance des patients qui ont reçu une
seule visite (d'explication et de conseils
sommaires) à celui des patients ayant
suivi le programme d'intervention de
l'ergothérapeute.
Matériel et méthode
Population
25 patients de la clinique de la mémoire
du CHU de Liège ont pris part à cette
étude. Tous les patients inclus (4 hommes
et 21 femmes) remplissent les critères
NINCDS-ADRDA de MA probable (18),
à un stade léger à modéré de la maladie.
Chaque patient a présenté une altération
plus ou moins importante de ses perfor-
mances au sein de ses AVQ au cours des
6 derniers mois. Le diagnostic de MA est
basé sur des examens de type général,
neurologiques et neuropsychologiques.
La neuro-imagerie structurelle de ces
patients montre une atrophie légère à
modérée et/ou une leucoaraïose légère;
la tomographie par émission de positons
au FDG a été utilisée comme biomar-
queur et une diminution caractéristique
du métabolisme dans les régions corti-
cales associatives a pu être observée
chez chaque patient inclus (19). Le score
moyen au MMSE (20) est de 20,1 (SD =
4,1; étendue 12-17), la moyenne d'âge
de 80,6 ans (SD = 6,3; étendue: 65-91)
et aucun patient ne souffre d'autre patho-
logie neurologique, de trouble sensoriel,
ni ne prend de médicament susceptible
d'altérer ses performances fonction-
nelles. En revanche, tous sont sous inhi-
Ce programme court de réhabilitation à domicile exige
de l'ergothérapeute une évaluation précise de la personne,
de ses habitudes, complétée par l'observation directe du
patient dans son environnement