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11
l
Neurone
·
Vol 18
·
N°9
·
2013
ACTUA
N2016F
u
ne
bonne
communication
medecin
-
malade
reste
fondamentale
pour
une
prise
en
charge
efficace
La communication médecin-malade est remise en question par les grands progrès
techniques caractéristiques de la médecine industrielle. L'introduction de
l'informatique dans le bureau ainsi que l'augmentation de la paperasserie tendent
à détourner le médecin de son malade et à le rendre moins empathique, car
combiner l'efficacité technique et une bonne psychologie durant la consultation
est «time-consuming». Le facteur temps, c'est-à-dire la durée de la consultation,
devient donc primordiale à envisager, de même que certains souhaits des patients:
communication claire et simple, support écrit et grande honnêteté sur les effets
secondaires des médicaments.
L'évolution vers la diminution du temps de communication
L'évolution actuelle de la médecine vers des traitements de plus en plus ciblés fait du
chirurgien, comme du médecin, un technicien très spécialisé, voire un ingénieur (1),
fort pris par son travail, amenant d'ailleurs à la notion récente de médecine industri-
elle (2). De plus, l'introduction de l'informatique dans le bureau médical a modifié le
comportement du médecin, souvent attiré par son écran et moins par le patient, pour
remplir le dossier médical et les nombreux documents administratifs devenus néces-
saires pour le remboursement des soins: dès lors, l'aspect empathique de la relation
est de plus en plus remis en question. Les spécialistes de la communication médicale
admettent que la médecine moderne démontre, pour diverses raisons, mais surtout en
raison de la nécessité d'aller vite, un déficit de temps consacré à la communication
(3). Pour des raisons de rentabilité ou de surcharge de travail, certains médecins en
arriveraient à limiter le patient à deux questions par consultation, dont la durée est
aussi fort limitée à environ 15 minutes. Par cette perte importante de disponibilité, on
arrive insidieusement à une déshumanisation de la relation médecin-malade et
l'impossibilité pour le médecin de jouer son rôle éducatif bien nécessaire: en effet, les
patients sont demandeurs de renseignements sur leur maladie et prévoient parfois
avant la consultation, voire avant un appel téléphonique, une liste de questions! Il est
clair que l'hyperspécialisation de la médecine nécessite des connaissances de plus en
plus pointues chez les médecins, mais crée également un questionnement plus im-
portant chez les patients. Questionnement auquel il est nécessaire aussi de pouvoir
répondre, afin de faciliter ainsi l'observance du traitement et dès lors obtenir de meil-
Jan De Cooman
Les spécialistes de la communication médicale admettent
que la médecine moderne démontre, pour diverses raisons,
mais surtout en raison de la nécessité d'aller vite, un déficit
de temps consacré à la communication.