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Neurone
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Vol 18
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N°9
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2013
faible valeur prédictive. Elle n'est pas uti-
lisable en recherche. Les études cli-
niques ont amené à reprendre le temps
comme critère de mesure et à utiliser le
IELT (Intravaginal Ejaculation Latency
Time
: temps de latence intra-vaginal),
qui définit la durée entre le début de
l'intromission du pénis et l'éjaculation
intra-vaginale (3). Celui-ci peut être éva-
lué à l'aide d'un chronomètre et il existe
de nombreux autres outils d'évaluation
(4). 90% des éjaculateurs précoces ont
un IELT inferieur à une minute, ce qui
a amené certains auteurs à définir de
manière empirique l'éjaculateur précoce
comme étant l'homme dont le IELT est
inférieur à une minute dans plus de 90%
des rapports sexuels, indépendamment
de son âge et de la durée de sa relation
(5).
L'IELT est également inclus dans la défi-
nition de l'éjaculation précoce proposée
en 2008 par la Société Internationale de
Médecine Sexuelle (ISSM), pour la cin-
quième version du DSM. L'éjaculation
précoce est considérée comme une dys-
fonction sexuelle masculine caractérisée
par une éjaculation qui se produit tou-
jours ou presque toujours une minute
avant ou après l'intromission du pénis,
par l'incapacité de retarder l'éjaculation
à toutes ou presque toutes les pénétra-
tions vaginales et par des conséquences
personnelles négatives telles que de la
détresse, des inquiétudes, de la frustra-
tion et/ou un évitement de l'intimité
sexuelle (6).
Classification
Dans Le DSM IV TR, des sous-types de
l'éjaculation précoce sont décrits pour
préciser le mode de début (de tout temps
ou acquis) et le contexte (généralisé
versus situationnel) (2).
Récemment, l'éjaculation précoce a été
départagée en quatre groupes distincts:
1. l'éjaculation précoce primaire: elle
apparaît dès les premiers rapports
sexuels et est présente à chaque
rapport, avec des partenaires diffé-
rentes, durant toute la vie;
2. l'éjaculation précoce secondaire
ou acquise: elle apparaît subite-
ment ou progressivement chez un
homme qui jusque-là contrôlait
bien son éjaculation. Elle est asso-
ciée à un trouble érectile, à une
prostatite, à un problème psycholo-
gique ou à un conflit de couple.
Elle disparaît lorsque le problème
associé est réglé;
3. l'éjaculation précoce naturelle: elle
apparaît de manière occasionnelle
suivant les circonstances. Il ne
s'agit que de variations normales
de l'IELT;
4. la pseudo-éjaculation précoce:
l'homme a un IELT normal entre 5
et 25 minutes mais, malgré cela, se
croit éjaculateur précoce (5).
Données épidémiologiques
L'éjaculation précoce est la dysfonction
sexuelle la plus fréquente. C'est le premier
trouble sexuel chez l'homme de moins de
30 ans. Selon les données récentes de la
littérature, sa prévalence serait de 20 à 30%
(7). Son incidence reste relativement stable
avec l'âge puisqu'elle est de 22% entre 40
et 49 ans et 23% entre 50 et 59 ans, bien
que 60% des hommes souhaiteraient
éjaculer plus tardivement (8).
Cependant, avec l'inclusion du critère
IELT inferieur à une minute dans la
définition de l'éjaculation précoce
proposée par l'ISSM, la prévalence de
l'éjaculation précoce serait de 5 à 6% et
non de 20 à 30% (9).
L'étude de l'IELT souligne que l'IELT
médian est de 5 minutes, que cette durée
diminue significativement avec l'âge,
qu'elle n'est pas affectée par l'utilisation
du condom et qu'il n'y a pas de différence
significative entre les hommes circoncis
et non circoncis (10).
Etiologies
L'évolution des conceptions sur
l'étiologie de l'éjaculation précoce s'est
faite chronologiquement en quatre
phases (11):
·
1887-1917: l'éjaculation précoce
est reconnue et apparaît dans la
littérature médicale;
·
1917-1950: elle est décrite comme
une névrose relative à un conflit
inconscient. Déjà à l'époque,
certains auteurs attirent l'attention
sur le fait qu'un problème
anatomique comme un frein court,
voire une hypersensibilité du gland,
pourrait jouer un rôle;
·
1950-1990: l'éjaculation précoce
est considérée comme secondaire à
un problème d'apprentissage;
·
depuis 1990, on évoque des pertur-
bations de la sensibilité des récep-
teurs cérébraux à la sérotonine.
L'éjaculation prématurée peut être phy-
siologique, psychologique, primaire in-
née ou secondaire. L'éjaculation préma-
turée physiologique est courante
lorsqu'un homme jeune rencontre une
Les études cliniques ont amené à reprendre le temps comme
critère de mesure et à utiliser le IELT (Intravaginal Ejaculation
Latency Time: temps de latence intra-vaginal).
Avec l'inclusion du critère
IELT inferieur à une minute,
la prévalence de l'éjaculation
précoce serait de 5 à 6%
et non de 20 à 30%.