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Neurone
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Vol 18
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N°9
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2013
leurs résultats. Passer du temps à
l'éducation thérapeutique du patient et
de ses proches est devenu incontour-
nable, particulièrement dans les affec-
tions neurologiques et psychiatriques (4).
Faut-il être empathique avec
les patients?
A l'heure de la médecine dite industri-
elle, les tenants d'une médecine huma-
niste pensent que, sans une attitude em-
pathique, le médecin ne connaît pas
bien son patient, et ne peut prendre avec
lui les décisions adéquates. En fait, le
dialogue entre soignant et soigné devrait
éviter à la fois de tomber dans la ratio-
nalisation techniciste, efficace mais im-
perturbable, ou dans un abord psy-
chologique excessif, peut-être moins
strictement efficace, mais plus en phase
avec le patient (5-6). Glick (6-7) a pro-
posé un paradigme intégratif pour la pra-
tique médicale: «Il n'y a en effet pas lieu
de mettre en conflit, progrès scientifique
et technologie, d'une part, empathie et
humanisme, d'autre part. Avec l'emprise
technologique croissante, les communi-
cations interpersonnelles sont à consi-
dérer toujours plus comme un paramètre
essentiel de la fonction des soins dont
vont dépendre entre autres la réussite ou
l'échec des moyens mis en oeuvre»
.
Il n'empêche que combiner dans la
même consultation ces deux pôles fon-
damentaux mais opposés, est alors
«time-consuming» alors que le facteur
temps est malheureusement aussi de
plus en plus limité pour diverses raisons,
entre autres financières! On en arrive
ainsi à tenter de réaliser la quadrature du
cercle. La meilleure solution est sans
doute de trouver des moyens à l'avenir
pour pouvoir rallonger la durée des con-
sultations.
Comment bien communiquer?
A notre époque, la communication
peut prendre plusieurs formes: dialogue
direct en consultation, le téléphone, le
SMS, l'e-mail, un courrier postal... Cha-
cun de ces moyens a des avantages et
des inconvénients concernant la qualité
du dialogue, la rapidité de contact et de
réponse, la consommation de temps
précieux... Chaque moyen sera donc
utilisé selon le moment et sans doute
selon le patient concerné et ses habi-
tudes ou capacités. Il faut bien sûr
démontrer de la disponibilité, de la
souplesse et de l'ouverture d'esprit pour
le bien du patient et de ses proches (par-
fois en entretien particulier avec ceux-ci,
si le patient pose de sérieux problèmes
cognitifs ou mentaux). A l'inverse, il faut
également être assertif et demander aux
patients de respecter certaines règles de
bon fonctionnement (jours ou heures à
respecter pour le contact, évitement de
longues digressions inutiles...!
Conclusions
Une bonne communication reste donc
un atout majeur d'une agréable relation
médecin-malade, le tout étant fort im-
portant pour obtenir des diagnostics pré-
cis et précoces et ensuite, les résultats
thérapeutiques les meilleurs possibles,
ce qui est le but essentiel et ardemment
souhaité de part et d'autre, lors de toute
démarche d'un patient vers un médecin.
Il n'empêche qu'au vu des trois facteurs
importants en cause lors d'une consulta-
tion ­ technicité, empathie et durée ­,
pour maintenir l'efficacité et une bonne
psychologie, il faut penser à agir sur le
troisième, c'est-à-dire se donner le temps
d'une consultation complète et dynami-
sante!
Références
1.
Le Pen C. Les habits neufs d'Hippocrate. Du médecin
artisan au médecin ingénieur. Eds Calmann-Lévy, Paris,
1999.
2.
Grimaldi A. La médecine devient-elle industrielle? La
lettre du Psychiatre 2012;8(6):159-60.
3.
Vanderheyden JE. Congrès annuel de la Belgian Pain
Society: `Let's communicate!'. Neurone 2012;17(10):41-
2.
4.
Vanderheyden JE. L'éducation thérapeutique du patient
mérite d'être développée! Neurone 2012;17(6):3.
5.
Vannotti M. Le métier de médecin: entre utopie et
désenchantement. Ed M&H, Genève 2006.
6.
Vannotti M. L'empathie dans la relation médecin-
patient. www.cerfasy.ch/cours_empathie.php.
7.
Glick SM. The empathic physician: nature and nurture.
Dans Spiro H et al (Eds): Empathy and the practice of
medicine. New Heaven, Yale University Press.
«What makes it difficult for patients to understand and
feel understood?»
Voilà la question qu'il faut se poser! La méta-analyse de Fischoff et al. émanant
du «Department of Health and Human Services» en 2007 aux USA (3) apporte
quelques éléments de réponse...
·
Les patients n'aiment pas les informations trop abondantes ou trop précises
au plan scientifique: une communication claire et simple est le plus
souvent souhaitée!
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Sans remplacer l'expression verbale, un complément d'informations
écrites est une priorité, pour autant que rédigé en fonction de leur niveau
moyen de connaissances médicales!
·
Une grande honnêteté est indispensable, car les patients veulent
particulièrement connaître les effets secondaires des traitements par une
voie indépendante du «producteur», basée sur l'expérience et les
connaissances du médecin!
Les patients n'aiment pas les informations trop abondantes
ou trop précises au plan scientifique: une communication claire
et simple est le plus souvent souhaitée.