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l
Neurone
·
Vol 18
·
N°9
·
2013
ACTUA
ECNP, BARCELONE, 5-9 OCTOBRE 2013
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Alors que, ces dernières années, on avait assisté, lors des différents posters et
sessions, à une focalisation quasi monomaniaque, lassante à la longue, sur des
pathologies telles que la schizophrénie, les troubles bipolaires ou la dépression,
l'édition 2013 du congrès de l'ECNP (European College of Neuropsychopharma-
cology) aura été marquée par un net changement de direction des priorités.
En effet, le comité scientifique a fait le choix de privilégier des pathologies moins
dans le vent mais tout aussi préoccupantes par leur incidence en hausse, leur impact
sur la qualité de vie des patients, leur coût sociétal et leur quasi-absence de solutions
thérapeutiques valables. Place donc aux parents pauvres de la psychiatrie moderne
comme les addictions en tous genres, les atteintes cognitives du sujet âgé ou les
troubles psychiatriques propres à l'enfance ou l'adolescence.
Même état d'esprit pour cet article qui se focalisera sur les nouvelles avancées
cliniques concernant le trouble dysphorique prémenstruel, les nouvelles voies
enzymatiques pour améliorer la prise en charge des addictions et une possible
nouvelle cible, alternative aux classiques monoamines, pour redynamiser quelque
peu le traitement des multiples affections psychiatriques.
L'amygdale, une des clés des troubles de l'humeur chez la femme
Si les modifications hormonales liées au cycle menstruel sont sans impact sur la ma-
jorité des femmes, elles sont cependant 20% à souffrir tous les mois du légendaire
syndrome prémenstruel et 5% à présenter un trouble dysphorique prémenstruel, un
trouble pathologique de l'humeur répertorié comme tel depuis la dernière et toute
récente version du DSM-5, et caractérisé par des symptômes tels qu'anxiété, agressi-
vité, labilité émotionnelle, dépression, sans oublier un risque accru de suicide. Des
symptômes qui apparaissent dès le début de la phase lutéale et disparaissent avec
l'arrivée des règles, signant ainsi une relation certaine avec les variations hormonales
du cycle. Professeur de gynécologie et d'obstétrique à l'Université d'Uppsala en
Suède, lnger Sundström Poromaa s'est intéressée, via l'imagerie médicale, aux inter-
actions entre variations hormonales et activité de l'amygdale (1). Le choix de l'amyg-
dale est pleinement justifié puisqu'elle contrôle et module le niveau d'anxiété, de
peur ou de plaisir en fonction des stimuli reçus. Pour cette étude, 15 femmes présen-
tant un trouble dysphorique prémenstruel et 14 femmes contrôles ont été recrutées et,
après confrontation à des images anxiogènes, soumises à un examen par IRM fonc-
tionnelle en fin de phase folliculaire puis, à nouveau, en fin de phase lutéale. Les ré-
sultats montrent que par rapport aux contrôles, ces femmes présentent déjà une hyper-
Jean-Luc Schouveller
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