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l
Neurone
·
Vol 18
·
N°9
·
2013
P0962F
DOSSIER: PÉDOPSYCHIATRIE
s
ignes
précoces
d
'
autisme
Repérer les jeunes enfants à risque de développer un trouble autistique est
essentiel pour permettre la mise en place au plus tôt d'une prise en charge
adéquate. Le rôle du pédiatre est fondamental dans ce repérage des signes
touchant principalement la sphère de la communication et des interactions
sociales du jeune enfant.
Introduction
L'autisme est considéré comme un trouble envahissant du développement (TED), qui
affecte le développement de l'enfant, a des conséquences importantes sur la vie quo-
tidienne et engendre des remaniements de la dynamique familiale. L'image de l'en-
fant sans langage, dans son coin, jouant avec ses mains de manière répétitive, reste
une image encore trop souvent représentative de l'autisme. Or, depuis quelques an-
nées, la notion de spectre autistique s'est développée, incluant des enfants avec au-
tisme sévère et déficit cognitif important et des enfants avec autisme de forme légère
et de bonnes capacités cognitives, montrant ainsi la grande hétérogénéité des
tableaux cliniques.
Le diagnostic d'autisme comprend un trouble de la communication, un trouble des
interactions sociales, ainsi que des intérêts et comportements particuliers.
La prévalence du diagnostic de spectre autistique est actuellement de 1 enfant sur
150 (1), avec une fréquence plus élevée chez les garçons (sex-ratio de 4/1). Le dia-
gnostic d'autisme est avant tout un diagnostic clinique s'appuyant sur l'observation
de l'enfant et la présence de certains comportements. Ce diagnostic nécessite une
approche multidisciplinaire spécialisée et se fait aux alentours de l'âge de 3 ans. Tou-
tefois, un ensemble de signes peuvent être présents bien avant cet âge. Le rôle du
pédiatre est fondamental dans le dépistage des signes précoces altérant le développe-
ment de l'enfant et dans l'écoute des inquiétudes des parents quant à l'évolution de
leur enfant.
Certains parents se sont souvent interrogés très tôt quant au développement de leur
enfant et ont été inquiets sans toujours pouvoir identifier les signes de leur inquié-
tude: un bébé avec le regard ailleurs, très calme, qui ne réclamait jamais... Pour
d'autres parents, il s'agit encore d'un parcours du combattant entre leurs premiers
signes d'inquiétude et la reconnaissance d'un trouble autistique chez leur enfant.
Ces parents ont bénéficié d'une réassurance bienveillante qui ne les a pas totale-
ment apaisés et ont dès lors cherché d'autres avis. Pour d'autres parents, les enfants
ont connu un développement non inquiétant jusqu'à l'âge de 18 mois, moment où
ils ont perçu une régression dans le langage ou dans le développement de l'enfant.
En effet, selon les études, chez 20 à 50% des enfants avec autisme, les parents ont
décrit des signes de régression dans le développement du langage et dans les inte-
ractions socio-émotionnelles durant la deuxième année de vie, le plus souvent aux
alentours de 18 mois (2).
Anne Wintgens
Centre de référence pour les Troubles du
spectre autistique, Service de Psychiatrie
infanto-juvénile, Clin. Univ. St-Luc,
UCL, Bruxelles