background image
23
l
Neurone
·
Vol 18
·
N°9
·
2013
nouvelle partenaire, elle se résout
habituellement d'elle-même par simple
réassurance. L'éjaculation prématurée
psychologique peut être associée à une
pathologie psychosexuelle et il existe
une forte corrélation avec l'anxiété (12).
On pensait autrefois que pratiquement
toutes les éjaculations prématurées
étaient psychologiques, mais plus ré-
cemment a été reconnue l'entité d'éja-
culation prématurée primaire innée. Elle
serait due à une diminution de la neuro-
transmission centrale sérotoninergique,
à une hypersensibilité des récepteurs
5HT1a, à une hyposensibilité des récep-
teurs 5HT2c et à des taux plus élevés de
leptine sérique (13). La leptine est une
hormone produite par les cellules adi-
peuses, qui interagit avec les voies séro-
toninergique du système nerveux cen-
tral.
Une éjaculation prématurée secondaire
a été rapportée suite à une lésion céré-
brale traumatique (14), en association
avec l'hémodialyse (15) et les prosta-
tites (16), à une hyperthyroïdie, à une
pathologie pelvienne ou à une prise
de médicaments sympathomimétiques
(bromphéniramine, éphédrine, pseudo-
éphédrine, phényléphrine, chlorphénira-
mine, phénylpropanolamine).
Globalement, l'éjaculation précoce est
mieux comprise comme une réponse
biologique et comportementale sous
contrôle psycho-physiologique.
Démarche diagnostique
L'entretien précisera si le problème est
inné ou acquis et doit comprendre une
anamnèse minutieuse des antécédents
médicaux, dont les troubles psychopa-
thologiques, toutes les blessures ou opé-
rations, dont les lésions spinales, du bas-
sin ou du col du fémur, ou les actes
chirurgicaux effectués pendant l'en-
fance, dont celles du tractus urinaire.
Tout symptôme urinaire et tous les médi-
caments prescrits doivent être notés. Il
est également important de se renseigner
sur les abus de substances psychoac-
tives. Dans les formes acquises, il faut
interroger sur la sémiologie pouvant sug-
gérer une prostatite, en incluant les anté-
cédents d'infections sexuellement trans-
missibles et leurs traitements. L'examen
clinique doit être complet avec, en parti-
culier, la prise de la pression artérielle,
l'examen de l'abdomen, des organes
génitaux externes, de la prostate et l'éva-
luation des réflexes génitaux.
Les bilans para-cliniques hiérarchisés
éclaireront la suite de la démarche
diagnostique.
Traitement
psychopharmacologique
Chez tout patient souffrant de problèmes
d'éjaculation précoce, la première ap-
proche est de traiter toute maladie sous-
jacente. Toute médication susceptible
d'être à l'origine du problème doit être
interrompue, si possible, ou substituée.
En l'absence d'étiologie identifiable, la
prescription d'ISRS est tout à fait légi-
time. L'usage de ses molécules dans
cette indication a été soulevé dès leur
mise sur le marché. Les déprimés qui en
prenaient ont constaté que sous ISRS, ils
éjaculaient de manière retardée. Depuis
lors, l'effet sur l'éjaculation de la plupart
des ISRS disponibles sur le marché a été
évalué. Ils augmentent tous l'IELT: la pa-
roxétine (20-40mg) de 8,8 fois, la sertra-
line (50-100mg) de 4,1 fois et la fluo-
xétine (20-40mg) de 3,9 fois (17). Les
guidelines de l'AUA (American Urolo-
gical Association
) et de l'EAU (European
Urological Association
) recommandent
la prescription de ces molécules soit en
dose journalière, soit à la demande
quatre heures avant un rapport sexuel.
Les éjaculateurs précoces de longue date
préfèrent la prise quotidienne à la prise à
la demande. Le motif le plus important
de ce choix est que le traitement journa-
lier garantit une éjaculation retardée à
tout moment de la journée si une rela-
tion est désirée et permet donc une meil-
leure spontanéité de l'acte sexuel (18).
Si les ISRS sont efficaces, il faut mention-
ner qu'en mode continu, ils induiront
des effets secondaires: fatigue, bâille-
ments, nausées. Ces effets sont toutefois
modérés. Ils surviennent en début de
traitement et ils disparaissent graduelle-
ment en deux à trois semaines. Une
baisse de la libido et une dysfonction
érectile sont extrêmement rares chez les
patients en bonne santé, souffrant de
longue date d'éjaculation précoce.
Signalons également que ces produits
sont prescrits hors autorisation de mise
sur le marché (AMM).
La dapoxétine, un nouvel ISRS, de courte
durée d'action, utilisée à la demande,
juste avant un rapport sexuel, est le pre-
mier traitement spécifiquement dévelop-
pé pour traiter l'éjaculation précoce. A la
dose de 30 à 60mg, elle augmente de
trois à quatre fois l'IELT avec une bonne
tolérance et une bonne sécurité (19).
Elle possède un profil pharmacologique
singulier avec une absorption et une
élimination rapide, sa demi-vie est
De 1917 à 1950,
l'éjaculation précoce
est considérée comme
une névrose relative
à un conflit inconscient.
Dans les formes acquises,
il faut interroger sur la
sémiologie pouvant suggérer
une prostatite, en incluant les
antécédents d'infections
sexuellement transmissibles
et leurs traitements.