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ortho-rhumato | Vol 9 | N°3 | 2011
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inflammation chroniquE
Et risquE cardiovasculairE
Une revue systématique confirme que les personnes atteintes d'affections inflammatoires chroniques ont un risque
accru de coronaropathie. Des études prospectives en cohortes sont nécessaires pour quantifier ce risque. C'est ce
qu'écrivent des chercheurs canadiens dans le Canadian Journal of Cardiology.
Malgré des progrès récents importants dans le traitement
de la souffrance coronaire, celle-ci demeure la principale
cause de mortalité dans le monde. Tandis que les facteurs
de risque cardiovasculaires classiques (âge, sexe, hyper-
tension artérielle, diabète, obésité...) sont responsables de
la majeure partie du risque d'infarctus myocardique, ils
sont incapables d'expliquer complètement la pathophysio-
logie de l'athérosclérose.
Depuis plusieurs décennies, des travaux de recherche con-
firment le rôle important de l'inflammation dans le déve-
loppement et la progression de la souffrance coronaire.
Idan Roifman (McGill University Health Center, Montréal,
Canada) et ses collègues ont effectué une revue systéma-
tique pour vérifier si les patients atteints de maladies in-
flammatoires chroniques avaient effectivement davantage
de troubles cardiovasculaires que la population générale.
Roifman et son équipe ont recherché des études datant de
la période 1980-2009, avec des critères d'évaluation car-
diovasculaire clairs, dans des populations atteintes de ma-
ladies inflammatoires chroniques comme le lupus érythé-
mateux, l'arthrite rhumatoïde, la spondylite ankylosante,
l'arthrite psoriasique, la polymyosite/dermatomyosite ou
encore les affections inflammatoires de l'intestin.
Les auteurs reconnaissent que leur revue a quelques limi-
tations, comme le fait que les études incluses sont pour la
plupart de faible envergure et en outre souvent croisées et
rétrospectives.
Malgré ces limitations, la revue apporte quelques éléments
de preuve scientifique suggérant que les patients atteints
d'une maladie inflammatoire chronique comme l'arthrite
rhumatoïde, le lupus érythémateux systémique, l'arth-
rite psoriasique ou la spondylite ankylosante courent un
risque accru d'affections cardiovasculaires. Les données
sur les affections inflammatoires de l'intestin demeurent
peu claires. D'autres travaux, sur la base d'études prospec-
tives exhaustives, sont nécessaires afin de mieux évaluer
l'ampleur du risque.
Dans une autre étude, Mo Yin Mok (Hong Kong) et ses
collègues arrivent à la conclusion que la sclérose systé-
mique est un facteur de risque indépendant de calcification
des vaisseaux coronaires. Mok indique que la dysfonc-
tion endothéliale et l'inflammation sont des mécanismes
pathogènes propres à la fois à la sclérose systémique et à
l'athérosclérose. Les chercheurs voulaient examiner le lien
entre l'athérosclérose coronaire et les facteurs classiques
de risque cardiovasculaire et spécifiques de la maladie chez
des patients atteints de sclérose systémique. Leurs résul-
tats sont basés sur les données de 53 patients atteints de
sclérose systémique et 106 contrôles. Les patients atteints
de sclérose systémique avaient une baisse significative du
LDL-cholésterol, du HDL-cholestérol, de la pression san-
guine diastolique, du tour de taille, et de l'indice de masse
corporelle (IMC) et utilisaient davantage de vasodilata-
teurs. Un nombre significativement plus élevé de patients
atteints de sclérose systémique avait d'importantes calci-
fications coronaires (coronary artery calcification score,
CACS 101) plutôt que des calcifications moins impor-
tantes (CACS < 101). L'analyse statistique a démontré que
la sclérose systémique constitue un élément déterminant
indépendant du score calcique artériel coronaire, avec
l'âge et le LDL-cholestérol, après correction pour d'autres
facteurs de risque cardiovasculaire. Parmi les différents
facteurs spécifiques de la maladie, seule la durée de l'af-
fection était liée de façon indépendante à une calcification
plus ou moins importante. Les auteurs concluent que la
sclérose systémique est un facteur de risque indépendant
d'athérosclérose modérée à sévère, en plus des facteurs de
risque classiques, tels que l'âge et l'hypertension artérielle.
D'autres travaux sont nécessaires pour trouver les facteurs
spécifiques à la sclérose systémique capables de corriger ce
risque et donc contribuer à la prévention de l'athérosclé-
rose dans cette population.
références
1. roifman i, Beck pl, anderson tJ, eisenberg mJ, genest J. Chronic inflammatory diseases and
cardiovascular risk: a systematic review. Can J Cardiol 2011;27(2):174-82.
2. mok my, lau Cs, Chiu ss, et al. systemic sclerosis is an indpendent risk factor for increased
coronary artery calcium deposition. arthritis rheum 2011;63(5):1387-95.