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ortho-rhumato | Vol 9 | N°3 | 2011
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contre le développement d'un cancer de la peau incluent une
bonne protection contre les rayons UV, un traitement des lé-
sions précurseuses, un choix optimal de traitement immuno-
suppresseur et un contrôle dermatologique annuel.
L'étude de l'effet des traitements des IMID sur le risque de
cancer indique également un risque accru de cancer cutané
sous divers traitements contre les IMID. Le traitement par
anti-TNF irait surtout de pair avec une incidence accrue de
carcinomes basocellulaires (5).
Qui plus est, l'association de plusieurs traitements peut
aggraver le risque de cancer.
Dans le contexte d'un traitement contre une IMID, il est
dès lors conseillé d'identifier les patients présentant un
risque accru de cancer cutané (phototype à haut risque,
antécédents familiaux ou personnels de cancer de la peau,
type de médicament...) et de les faire suivre régulièrement
par un dermatologue. Pour le reste, la photoprotection
et le traitement des lésions précancéreuses sont indiqués
chez tous les patients sous traitement pour une affection
inflammatoire immunomédiée.
Et que faire pour les patients atteints d'une IMID qui ont
déjà eu un cancer cutané? Un antécédent de carcinome baso-
ou spinocellulaire ne constitue probablement pas un très gros
problème. Mais la prudence est de mise en cas de mélanome
ou de lymphome cutané antérieur. Dans les deux cas, il est
déconseillé d'instaurer un traitement par cyclosporine A,
azathioprine et anti-TNF. De plus, un traitement par acide
mycophénolique-mofétil ester n'est pas conseillé en présence
d'un antécédent de mélanome. Cet immunomodulateur est
surtout indiqué après transplantation. Mais, ces dernières
années, l'utilisation de la molécule a également été proposée
pour les patients souffrant d'une IMID et d'un lupus.
maladiEs inflammatoirEs intEstinalEs,
immunosupprEssEurs Et cancEr
Les sessions de l'AIC se sont aussi spécifiquement intéres-
sées à l'inflammation intestinale chronique. L'espérance
de vie des patients atteints de maladies inflammatoires in-
testinales (IBD) est normale, voire légèrement plus longue
que l'espérance de vie générale. L'espérance de vie des pa-
tients atteints de la maladie de Crohn n'est que faiblement
diminuée. Cela signifie que l'espérance de vie ne peut en
aucun cas être mise en danger en traitant les patients avec
des médicaments qui augmenteraient le risque de cancer.
Les études ont également démontré que l'incidence globale
du cancer et le décès par cancer sont comparables chez les
patients avec colite ulcéreuse ou maladie de Crohn et dans
la population générale (6).
Encore une fois, la question est de savoir quel est l'effet de
l'immunosuppression. Il faut s'attendre à ce qu'elle fasse grim-
per l'incidence des cancers qui sont induits par l'immuno-
suppression et à ce qu'elle fasse baisser l'incidence des cancers
qui sont activés par l'inflammation chronique de l'intestin.
Chez les patients souffrant d'une IBD et traités par immu-
nosuppresseurs, on a constaté un risque augmenté de cer-
taines formes de lymphome, notamment les lymphomes
consécutifs à une infection à EBV. Ils apparaîtraient essen-
tiellement en cas de traitement par azathioprine (7). L'in-
fluence des inhibiteurs du TNF reste floue. Chez les jeunes
hommes souffrant d'une IBD et séronégatifs pour l'EBV, il
est donc recommandé de conseiller une monothérapie par
anti-TNF afin de limiter le risque de lymphome.
Pour ce qui concerne le risque de cancers cutanés non mé-
lanomateux et l'utilisation de thioprines dans les IBD, les
carcinomes basocellulaires seraient plus nombreux.
Leur incidence est principalement augmentée après l'âge
de 50 ans et le risque reste élevé, y compris après l'arrêt
du traitement. Il ne serait donc pas utile d'arrêter un trai-
tement par azathioprine pour éviter un cancer cutané non
mélanomateux.
Le rôle des immunosuppresseurs dans le développement
d'autres types de cancers n'est pas encore aussi bien connu,
en particulier pour le cancer du col utérin consécutif à une
infection à HPV. Par contre, nous savons que les femmes
qui ont une IBD courent un plus grand risque de dévelop-
per un cancer du col utérin. C'est pourquoi un frottis régu-
lier est indiqué chez ces patientes. Mais on ignore encore
quelle est l'influence des immunosuppresseurs.
Et quid du risque de cancer colorectal en cas d'IBD?
Certes, l'inflammation intestinale favorise le développe-
ment de ces cancers. Et le risque de développer ces cancers
est accru en présence d'une IBD, mais pas autant qu'on le
pensait initialement. Les immunosuppresseurs jouent-ils
ici un rôle protecteur? Ce qui pourrait être logique puisque
ces cancers seraient induits par l'inflammation. De plus
en plus de données suggèrent en effet un risque réduit de
cancers intestinaux médiés par l'inflammation sous traite-
ment immunomodulateur (8).
Les premières données sont disponibles pour les analo-
gues des purines. Mais à l'heure actuelle, nous ne disposons
d'aucune donnée concernant les inhibiteurs du TNF.
risquE dE nouvEau cancEr sous traitEmEnt
immunomodulatEur
En ce qui concerne l'utilisation d'immunosuppresseurs et
d'inhibiteurs du TNF chez des patients avec un antécédent
de cancer, nous manquons de données prospectives contrô-
lées, étant donné que les patients qui ont un antécédent de
cancer sont habituellement exclus des études cliniques. Il a
toutefois été fait référence à une cohorte de patients atteints
d'arthrite rhumatoïde avec antécédent de cancer. On n'y
a constaté aucune hausse du nombre de cancers sous anti-
TNF vs autres DMARD (médicaments modificateurs de la
maladie). Toutefois, cette même étude a montré que la moitié
des nouveaux diagnostics de cancer étaient des mélanomes.
La vigilance est donc de mise pour ce type de tumeurs.