![]() mine HCL est le sel de glucosamine le plus commun, c'est parce que la glucosamine sulfate est très instable et doit bénéficier d'un processus de microcristallisation pour posséder les caractéristiques pharmacocinétiques et pharmacodynamiques idéales. Avec une biodisponibilité supérieure à la glucosamine HCl, la glucosamine sulfate microcristalline de Rottapharm- Madaus assure des taux plasmatiques et synoviaux significativement plus élevés à dose équivalente (9). Par ailleurs, modifier le sel de glucosamine en passant du sulfate au chlorhydrate, ou son dosage (1.500mg en plu- sieurs prises plutôt qu'en une prise) et/ou sa formulation (solide plutôt que liquide) modifie aussi profondément les pics de concentration de près de 50% (10, 11). «La glucosamine sulfate est aussi le seul sel qui ait démon- tré une efficacité clinique dans les essais randomisés contrôlés», conclut Rovati. Pour mieux percevoir l'intérêt de ces essais cliniques, il faut rappeler que l'EMA demande que les études en arthrose soient spécifiques d'un site (genou, hanche, doigts...) chez des patients symptomatiques et dont les modifications structurelles ont été établies, l'IRM ne suffisant pas pour classifier les patients. Par ailleurs, il faut distinguer l'effet produit sur la douleur, sur le handicap et sur les lésions structurelles, après avoir défini clairement le délai avant réponse et la durée de l'action. Pour les SYSADOA, l'évaluation doit être réalisée après 6-12 mois, le monitorage structurel étant proposé après au moins un an. «Dans ces conditions, la glucosamine a obtenu le grade 1A dans les recommandations EULAR 2003 pour le genou, rappelle Emmanuel Maheu (St Antoine, Paris), tandis que l'ampleur de son effet a été considérée comme faible pour la hanche. Les recommandations 2008 de l'OARSI ont confirmé qu'un bénéfice clinique (1A) et structurel (1B) peut être attendu de ce traitement. Cependant, la glucosamine doit être arrêtée après 6 mois en l'absence d'amélioration. L'OARSI est allé cependant un pas plus loin en 2010, en signalant que seule la glucosamine sulfate avait démontré une ampleur d'effet significative (12). Elle est aussi la seule qui réponde à tous les critères de l'EMA.» de référence (13, 14). Malgré cela, les méta-analyses englobent toujours l'ensemble des glucosamines étudiées pour démontrer l'efficacité sympto- matique de cette substance sur la douleur, alors que l'hétérogénéité de ces essais cliniques est très importante (15). «On ne s'étonnera dès lors pas que l'analyse effectuée par Wandel (16) ait suscité de nombreuses critiques, après avoir conclu erronément à l'inutilité de la glucosamine», re- analyse a de manière très surprenante converti l'effect size en une échelle visuelle de la douleur, tandis que la méthode de méta-analyse utilisée (network méta-analyse de manière à effectuer des comparaisons indi- rectes) est très controversée (17). Le tableau 1 démontre à suffisance que 3 études seulement possèdent les «ingrédients» suffisants pour pouvoir être analysées car utilisant la même préparation (glucosamine Rottapharm- Madaus), pour la même articulation, pendant une durée suffisante et selon le même mode d'administration. Elles rencontrent également toutes les trois les critères attendus d'un bon essai randomisé contrôlé, leurs résul- tats regroupés montrant un effect size intéressant pour la douleur (0,27), l'index WOMAC fonctionnel (0,33) et l'index de Lequesne (0,33) (18). «Et, si l'on ne tient compte que de ces trois études, l'effect size atteint 0,34 en approche Bayésienne!», remarque le Pr Reginster, toutes conclu- sions qui ont conduit l'éditeur du BMJ à désavouer Wandel... (19) «Enfin, si la glucosamine sulfate se montre aussi supérieure aux AINS sur les scores de la douleur et de la fonction (15), il est en outre important de con- stater que le bénéfice clinique avec la glucosamine de Rottapharm-Madaus se traduit sur le long terme par un moindre recours (-57% vs placebo) à une chirurgie prothétique à 5 ans chez les patients ayant bénéficié de ce traitement». Dont acte, notamment sur le plan pharmacoéconomique... 1. Biggee B, et al. Ann Rheum Dis 2006;65(2):222-6. 2. Varghese S, et al. Osteoarthritis Cartilage 2007;15(1):59-68. 3. Gouze J, et al. FEBS Lett 2002;510(3):166-70. 4. Largo R, et al. Osteoarthritis Cartilage 2003;11(4):290-8. 5. Imagawa K, et al. Biochem Biophys Res Commun 2011;405(3):362-7. 6. Pelletier JP. Osteoarthritis Cartilage 1999;7(3):353-4. 7. Altman R. Osteoarthritis Cartilage. 2004;12(Suppl A):S69-76. 8. Wen Z, et al. Osteoarthritis Cartilage 2010;18(9):1192-202. 9. Meulyzer M, et al. Osteoarthritis Cartilage 2008;16(9):973-9. 10. Persiani S, et al. Osteoarthritis Cartilage 2007;15(7):764-72. 11. Altman R. Expert Rev Clin Pharmacol 2009;2:359-71. 12. Zhang W, et al. Osteoarthritis Cart 2010;18(4):476-99. 13. Reginster JY, et al. Lancet 2001;357(9252):251-6. 14. Pavelka K, et al. Arch Intern Med 2002;162(18):2113-23. 15. Towheed T, et al. Cochrane Database Syst Rev 2005 Apr 18;(2):CD002946. 16. Wandel S, et al. BMJ 2010;341:C4675. 17. Reginster JY, et al. BMJ 2010;341:c6335. 18. Reginster JY, et al. Arthritis Rheum 2007;56(7):2105-10. 19. Groves T. BMJ Senior Editor, on BMJ.com:January 10,2011. 20. Bruyère O, et al. Osteoarthritis Cartilage 2008;16(2):254-60. protéoglycans a servi de base à son utilisation en tant que complément alimentaire, rappelle le Professeur Lucio Rovati (Pharmacologie Clinique, Milan). Mais les concentrations thérapeutiques observées dans les fluides biologiques après ingestion d'une dose thérapeutique sont insuffisantes pour donner du corps à cette explication (1) et ont engendré une certaine confusion dans les esprits.» Ce qui explique l'intérêt d'études plus fonda- mentales, qui ont montré que l'action de la glucosamine sur la matrice extracellulaire surrégule la production de TGF-bêta à des concentrations pharmacologiquement utiles (2). L'autre élément important dans la compréhension de l'action de la glucosa- mine réside dans son interaction avec la voie de signalisation mise en route par les récepteurs de l'IL-1. Cette voie de signalisation passe d'une part par le NF-kB, d'autre part par les MAP kinases, pour conduire à une réduction de production des protéoglycans (3). «Et ces voies sont toutes deux bloquées par la glucosamine sulfate à des concentrations bien spéci- fiques (3)», signale Rovati, ajoutant que la glucosamine sulfate inhibe aussi la translocation nucléaire de la sous-unité p50 du NF-kB (4), prévenant ainsi la surexpression génique aberrante induite par les cytokines dans les chondrocytes en cas d'arthrose. Reste à savoir comment cette inhibition se traduit par un bénéfice clinique? «Pour le comprendre, il faut se référer à l'épigénétique, poursuit Rovati, c'est-à-dire les modifications géniques héritables impliquant la méthyla- tion ou la déméthylation de l'ADN sans modification de ses séquences et qui conduisent les chondrocytes à modifier leur phénotype pour produire certaines protéines en quantité aberrante. Sachant que, activé par l'IL-1, le NF-kB se lie à certaines régions promotrices spécifiques de l'ADN (les sites CpG) pour en promouvoir la déméthylation, il n'est pas difficile de compren- dre que cela se traduira sous glucosamine par la cessation de production de ces protéines aberrantes (5).» Sur le plan biologique, cela s'est traduit par la prévention sur modèle canin de lésions arthrosiques liées à l'activité des métalloprotéases et à la production d'IL-1 (6), ou sur modèle murin à la réduction de l'arthrose induite par hémiméniscectomie (7). Mais il s'agit ici de prévention, ce qui ne donne pas d'indication sur la valeur thérapeutique de la glucosamine. Pour spontanément de l'arthrose dans 100% des cas (des souris STR/ort) pour affirmer l'intérêt de la glucosamine. Cet intérêt a été confirmé chez le rat par une modification de l'apparence macroscopique et microscopique des lésions arthrosiques (moins de fibrilles, d'érosions, d'ulcères et d'ostéophytes) et une réduction de l'inflammation synoviale (8). Sur le plan biologique, la glucosamine sulfate a réduit en outre les taux de p38 et de JNK, témoins d'une action modulatrice sur la voie de signalisation des MAP kinases, avec un bénéfice clinique certain marqué par une réduction significative des phénomènes allodyniques (8). limitation fonctionnelle, réduction de la qualité de vie). Consécutives à un stress anormal au sein du cartilage articulaire, les lésions se manifestent à travers une perte progressive de matrice extracellulaire parallèle à des modifications de la membrane synoviale et de l'os sous-chondral. Ce qui explique l'intérêt majeur qui a été porté envers la glucosamine en tant que SYSADOA (Symptomatic Slow Acting Drugs in OsteoArthritis) et dont l'effet bénéfique est largement reconnu par les sociétés scientifiques internationales. Encore fallait-il démontrer la plausibilité biologique de son utilisation. |