background image
ortho-rhumato | Vol 9 | N°3 | 2011
99
De nouvelles SECOB ont été identifiées pour chaque âge
et pour les deux sexes, après n'importe quelle fracture (à
l'exception d'une SECOB en cas de fracture du doigt et de
l'orteil chez les hommes) et pour chaque densitométrie
osseuse, à savoir en cas d'ostéoporose, d'ostéopénie et de
densitométrie osseuse normale (Tableau 4).
Dans une analyse multivariée, les facteurs de risque liés à
la présence d'une SECOB étaient un âge croissant, le sexe
masculin, l'ostéoporose et l'ostéopénie. Aucune interaction
n'a été établie entre ces facteurs de risque.
Des valeurs sériques de 25OHD < 50nmol ont été consta-
tées chez 400 patients (64%). 90% présentaient une valeur
sérique < 75nmol/litre. En ce qui concerne l'absorption de
calcium alimentaire observée chez 524 patients, 9% seu-
lement se caractérisaient par une absorption alimentaire
supérieure à 1.200mg/jour et 58% par une absorption in-
férieure à 1.200mg en combinaison avec un sérum 25OHD
< 50nmol/litre (Figure 1).
La figure 2 indique le pourcentage de patients avec une
nouvelle SECOB, un taux de 25-hydroxyvitamine D <
50nmol/litre et une absorption quotidienne de calcium
alimentaire inférieure à 1.200mg.
discussion
Dans cette étude, nous avons examiné la prévalence des
SECOB non connues au préalable chez des patients avec
fracture clinique. Les résultats indiquent la présence
de SECOB nouvellement diagnostiquées chez 26% des
femmes et 28% des hommes après l'âge de 50 ans, au mo-
ment où ils présentent une fracture clinique. En incluant
également les patients avec une SECOB connue (23%),
nous avons obtenu une proportion de 43% de patients avec
une ou plusieurs SECOB nouvelles ou connues. Un pour-
centage élevé de patients se caractérisaient aussi par une
absorption faible de calcium alimentaire associée à une
carence en vitamine D.
Un élément notable est lié au fait que de nouvelles SECOB,
un sérum de 25(OH)D < 50nmol/litre et une absorption
de calcium alimentaire inférieure à 1.200mg par jour ont
été enregistrés pour les deux sexes, pour tous les âges et
après toutes les fractures (à l'exception des SECOB chez
des hommes avec fracture des doigts ou des orteils), et ce,
en cas d'ostéoporose, d'ostéopénie ou de densité osseuse
normale. Sur le plan clinique, cela signifie que tous les
patients qui se présentent avec une fracture clinique ver-
tébrale ou non vertébrale doivent être soumis à une éva-
luation visant à déterminer la présence d'une SECOB non
connue au préalable, l'absorption de calcium et le statut
vitaminique D. D'un point de vue sémantique, nous avons
donc «élargi» les termes «ostéoporose secondaire» afin
d'inclure les maladies osseuses métaboliques (SECOB,
secondary osteoporosis and metabolic bone diseases), y
compris les carences en vitamine D avec hyperparathy-
roïdie secondaire. Des études précédentes menées auprès
de patients ostéoporotiques ont également enregistré une
prévalence relativement élevée de SECOB, connues ou
nouvellement diagnostiquées. Les résultats de notre étude
indiquent qu'il y a lieu de rechercher des SECOB éven-
tuelles non connues au préalable chez les patients présen-
tant une fracture récente.
Une limite importante de notre étude tient au fait que
nous n'avons pas systématiquement analysé l'urine des
24 heures afin de déterminer l'excrétion de calcium et que
nous n'avons effectué aucun test portant sur des troubles
de l'absorption tels que la maladie coeliaque. Etant donné
l'identification de ce type de problèmes chez des patients
ostéoporotiques, la prévalence de nouvelles SECOB est
vraisemblablement supérieure à 27% (conformément aux
résultats de notre étude).
La mesure de la sédimentation et des phosphatases alca-
lines n'a pas contribué au diagnostic de SECOB. L'hyper-
thyroïdie, l'hyperparathyroïdie et l'hypogonadisme chez
les hommes ont été fréquemment enregistrés. La MGUS
est également relativement fréquente chez nos patients
avec fracture, ce qui s'avère important pour l'exécution
d'un contrôle ultérieur visant à déterminer la présence
éventuelle de la maladie de Kahler ainsi que pour le suivi.
Une insuffisance rénale chronique nouvellement diagnos-
tiquée a été enregistrée chez 9% des patients, dont près
d'un tiers présentaient une hyperparathyroïdie secon-
daire. Il est essentiel de connaître la fonction rénale avant
de commencer un traitement par bisphosphonates. C'est
pourquoi il y a lieu de mesurer la créatinine sérique après
une fracture. L'insuffisance rénale représente aussi un
facteur de risque de fracture de la hanche et peut entraî-
ner une ostéodystrophie rénale avec hyperparathyroïdie,
un statut vitaminique D peu élevé et une perturbation du
métabolisme minéral.
conclusion
27% des patients se présentant avec une fracture ont une
SECOB préalablement inconnue qui peut être traitée ou
nécessite un suivi. Plus de 90% présentent un statut en
vitamine D et/ou une absorption de calcium alimentaire
insuffisants. Un examen systématique des patients avec
fracture récente permet d'identifier les personnes carac-
térisées par une SECOB et une carence en calcium et en
vitamine D potentiellement réversibles.