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ortho-rhumato | Vol 9 | N°3 | 2011
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vasculaire et l'arthrose (13-15). Une athérosclérose dans
l'os sous-chondral pourrait aboutir à une diminution de
la nutrition du cartilage au niveau de la transition avec
l'os et entraîner des lésions ischémiques directes dans
l'os sous-chondral, ce qui favorise une sclérose osseuse
(13). D'autres études observationnelles ont montré que
les niveaux plasmatiques des triglycérides et du choles-
térol étaient associés à l'arthrose du genou (16). In vitro,
certains acides gras sont en mesure d'influencer le méta-
bolisme cartilagineux en activant ou en inhibant des voies
inflammatoires (17, 18). Enfin, des études in vitro et obser-
vationnelles indiquent que le diabète sucré pourrait favo-
riser le déclenchement et la progression de l'arthrose (19).
Les tableaux cliniques liés au syndrome métabolique ­
diabète sucré, athérosclérose, dyslipidémie et statut inflam-
matoire généralement accru ­ peuvent tous entrer en ligne
de compte en ce qui concerne le processus arthrosique.
C'est pourquoi d'aucuns préconisent d'associer le tableau
clinique de l'arthrose au syndrome métabolique (20).
lE rôlE potEntiEl dEs médicamEnts
hypolipémiants dans la prévEntion
dE l'arthrosE
Jusqu'à présent, les recherches portant sur les médica-
ments antiarthrosiques préventifs ou thérapeutiques ont
surtout été axées sur le cartilage, alors que le synovium,
l'os sous-chondral et la graisse intra-articulaire influencent
aussi le processus arthrosique. Ces dernières années, de
nombreuses études ont démontré que des anomalies méta-
boliques, une inflammation systémique (résultant ou non
d'une obésité), l'athérosclérose et la dyslipidémie jouaient
un rôle dans l'arthrose. Un médicament anti arthrosique
optimal ne se centre donc pas exclusivement sur le cartilage
et cible également les divers mécanismes sous-jacents.
lEs statinEs ont été associéEs à
unE diminution dE l'incidEncE
Et dE la progrEssion dE l'arthrosE du gEnou
Les statines sont fréquemment utilisées chez les patients
présentant une hypercholestérolémie et un profil de risque
cardiovasculaire. Ces inhibiteurs de l'hydroxyméthylglu-
taryl coenzyme A réductase diminuent les niveaux plas-
matiques du cholestérol LDL (lipoprotéines de faible den-
sité) et des triglycérides et augmentent les niveaux plas-
matiques du cholestérol HDL (lipoprotéines de densité
élevée). Leurs effets anti-inflammatoires systémiques ont
aussi été mis en évidence. Grâce à ces effets pléiotropes,
les statines constituent un médicament préventif adapté
contre l'athérosclérose (21).
Outre leur influence favorable sur ces altérations métabo-
liques, elles exercent des effets plus spécifiquement articu-
laires (Figure 4). Plusieurs études in vitro et animales ont
notamment montré que les statines pouvaient combattre
l'inflammation et les processus destructifs y associés dans
le cartilage, le synovium et l'os sous-chondral (22). Enfin,
une étude a indiqué que des patients prenant des statines
se caractérisaient également par une amélioration du pro-
fil lipidique dans le liquide synovial (23). En résumé, il
semble que les statines soient en mesure de réprimer tous
les aspects liés à la pathophysiologie de l'arthrose.
Cette hypothèse a été confirmée par des données de la Rot-
terdam Studie. Cette étude de cohorte prospective a été
menée auprès de 2.921 participants, chez qui des clichés
radiologiques du genou et de la hanche ont été effectués
initialement et lors du suivi (après 6,5 ans en moyenne).
L'absence d'antécédents de fracture au niveau du genou
ou de la hanche et d'autres antécédents rhumatologiques
rapportés figurait parmi les critères de sélection des par-
ticipants. Des données relatives à l'utilisation de médica-
ments ont été collectées via une base numérique de don-
nées pharmaceutiques. Des données ont été obtenues, sur
la base de questionnaires, d'examens cliniques et de prélè-
vements sanguins en ce qui concerne toutes les variables
cliniques et socioéconomiques potentielles susceptibles
d'exercer un effet perturbateur ou de jouer un rôle décrites
dans la littérature. Sur cette base, une analyse statistique
a été effectuée afin d'examiner le lien entre l'utilisation de
statines et la progression de l'arthrose. Les modèles sta-
tistiques ont été corrigés pour les confounders et facteurs
d'influence, ainsi que pour l'inclusion dans l'analyse des
articulations gauche et droite des participants.
Les résultats ont mis en évidence une corrélation claire
entre l'utilisation de statines et une diminution de la pro-
gression de l'arthrose dans le genou (rapport de cotes:
0,46; intervalle de confiance à 95%: 0,26-0,80; p = 0,01)
et n'ont permis d'établir aucune corrélation pour la hanche
(24).
Conformément aux résultats potentiellement escomptés
sur la base de la littérature, les différences entre les genoux
et les hanches indiquent que le genou est plus sensible aux
influences métaboliques, alors que des facteurs de risque
biomécaniques jouent clairement un rôle dans le cas de la
hanche (24).
La corrélation entre l'utilisation de statines et l'arthrose
du genou confirme l'utilité potentielle des statines dans la
prévention de l'arthrose. Des études cliniques randomi-
sées et animales sont cependant nécessaires pour confir-
mer un lien causal. De même, les mécanismes d'action
sous-jacents des statines sur l'arthrose ne sont pas encore