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ortho-rhumato | Vol 9 | N°3 | 2011
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immunogénicité Et sécurité
du vaccin influenza dans lEs maladiEs
auto-immunEs rhumatismalEs
Une population d'étude comportant des maladies auto-immunes rhumatismales met en évidence une moindre
immunogénicité face au vaccin influenza non adjuvant A/H1N1 de 2009, avec probablement une différence d'im-
munogénicité en fonction du profil de la maladie. Une dose de rappel est peut-être indiquée chez des patients
présentant une réponse immunitaire sous-optimale. C'est ce que nous apprend une étude brésilienne qui indique
également que ce vaccin peut être utilisé en toute sécurité dans cette population.
Le virus influenza A/H1N1 apparu au Mexique et aux Etats-
Unis en avril 2009 s'est ensuite répandu dans le monde
entier. La pandémie de grippe causée par ce nouveau virus
A/H1N1 a provoqué davantage d'hospitalisations et de
mortalité que la grippe annuelle saisonnière. L'Organisa-
tion Mondiale de la Santé a ordonné d'incorporer le virus
A/California/7/2009/H1N1-like dans la préparation du
vaccin contre la grippe pour la saison de grippe qui suivait
la pandémie.
Sur la base des recommandations de 2010 de l'Advisory
Committee on Immunization Practices
et des récentes
recommandations de l'EULAR, les patients avec une
moindre immunité appartiennent au groupe cible pour
la vaccination contre la grippe (A/California/7/2009) à
cause du risque accru d'infection H1N1 et de l'évolution
clinique plus sévère. Malgré ces recommandations, il n'y
a pas de données disponibles sur l'immunogénicité et la
sécurité du vaccin dans une large population de maladies
auto-immunes rhumatismales.
Carla Saad (Sao Paulo, Brésil) et ses collègues ont vac-
ciné 1.668 patients atteints d'une maladie auto-immune
rhumatismale (lupus systémique, arthrite rhumatoïde,
arthrite psoriasique, maladie de Bechterew, sclérose systé-
mique...) et 234 contrôles sains à l'aide d'un vaccin à base
du virus influenza A/California/7/2009(H1N1)-like, sans
adjuvant. Avant et 21 jours après la vaccination, les partici-
pants ont été évalués.
L'immunogénicité contre le virus du vaccin contre l'in-
fluenza H1N1 de 2009 s'est avérée significativement plus
faible que dans la population atteinte de maladies auto-
immunes rhumatismales. La plus faible production d'anti-
corps contre les protéines virales est probablement liée aux
moindres défenses immunitaires des patients atteints de
ces affections. Des travaux antérieurs ont déjà démontré
une moindre réponse lymphocyte T-dépendante aux anti-
gènes protéiniques chez ces patients.
Les auteurs soulignent également que la moindre im-
munogénicité contre le vaccin influenza pandémique
A-H1N1/2009 dans l'étude n'était pas un constat généralisé
pour les affections rhumatismales. Pour les connectivites,
on a constaté une séroprotection et une séroconversion
adéquates. La réponse immunitaire au vaccin était sur-
tout significativement faible chez les patients atteints de
lupus systémique, d'arthrite rhumatoïde et d'arthrite pso-
riasique. Selon les auteurs, la réponse immunitaire faible
inattendue chez les patients souffrant d'arthrite rhuma-
toïde contraste avec les résultats d'études antérieures qui
rapportaient une immunogénicité normale contre les vac-
cins de la grippe saisonnière. Il se peut que l'absence d'un
adjuvant joue un rôle dans l'étude actuelle. Il se peut que
cet adjuvant soit requis pour obtenir une immunogénicité
maximale chez les patients atteints d'arthrite rhumatoïde.
Par ailleurs, les auteurs estiment que les glucocorticoïdes
et les médicaments immunosuppresseurs peuvent être
coresponsables de la moindre réponse chez les patients
atteints de rhumatismes. Pourtant diverses études ont
déjà démontré qu'à l'exception du rituximab, les glucocor-
ticoïdes, le méthotrexate et les anti-TNF n'ont pas d'effet
négatif sur l'immunogénicité comparé au vaccin antigrip-
pal saisonnier en cas d'arthrite rhumatoïde et de spondy-
lite ankylosante.
L'étude a également révélé que la vaccination avait un
excellent profil sécuritaire, et que seulement des réactions
peu sévères ont été constatées.
Cette étude était en tout cas la plus grande étude prospec-
tive avec une immunisation sans adjuvant avec le virus
pandémique influenza A/H1N1 2009, et elle a clairement
démontré la sécurité du vaccin dans une population at-
teinte de maladies auto-immunes rhumatismales. L'étude
montre une différence d'immunogénicité en fonction du
profil de la maladie. Selon les auteurs, d'autres travaux
sont nécessaires pour déterminer si une dose de rappel
peut être efficace pour les groupes avec une réponse immu-
nitaire sous-optimale.
référence
1. saad Cg, Borba eF, aikawa Ne, et al. immunogenicity and safety of the 2009 non-adjuvanted
influenza a/h1N1 vaccine in a large cohort of autoimmune rheumatic diseases. ann rheum dis
2011;70(6):1068-73.