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GUNAIKEIA
VOL 17 N°7
2012
d'un cancer de l'ovaire de stade avancé. Par ailleurs, les
sous-types mucineux et à cellules claires sont également
étudiés de manière séparée, le premier selon 4 bras (car-
boplatine + paclitaxel et oxalipaltine + capecitabine, les
deux avec ou sans bevacizumab), le second comparant le
traitement classique à l'association cisplatine + irinotecan.
Enfin, toutes ces études doivent être mises en parallèle
avec le constat récent que la chimiothérapie de seconde
ligne assure une meilleure survie lorsqu'elle est mise en
route sur base symptomatique plutôt que sur simple
constatation d'une augmentation du CA125 (16).
«Enfin,
il ne faut pas oublier que le tamoxifène reste une option»,
conclut Andreas du Bois.
Les raisons de croire à l'anti-angiogenèse
Etape fondamentale du développement des cellules can-
céreuses (17), l'angiogenèse a le VEGF pour médiateur
central. Surexprimé dans de nombreuses tumeurs avec
des implications pronostiques marquées, ce facteur de
croissance est logiquement devenu une cible d'autant
plus intéressante que son inhibition assure une régression
tumorale sur modèles animaux (18). Ce VEGF, ainsi que son
récepteur sont particulièrement exprimés dans les tissus
ovariens cancéreux (19), 97% des tumeurs ovariennes sur-
exprimant par ailleurs le ligand du VEGF, permettant ainsi
à ce facteur de croissance d'augmenter la perméabilité des
vaisseaux tumoraux et la formation d'une ascite maligne
(20).
«Son expression est associée à une réduction de la sur-
vie (20)», rappelle Isabelle Ray-Coquard (Lyon). C'est dans
ce contexte que les études pivot citées plus haut (13, 14)
ont été réalisées. Mais ces traitements ont une limite car
le processus angiogénique comporte de multiples étapes
(
Figure 2) (21), chaque facteur de croissance ayant une
fonction bien précise (
Figure 3) (22).
Pourra-t-on bénéficier de l'apport de
molécules multicible?
Plus que probablement, selon Isabelle Ray-Coquard, sur-
tout si l'on sait que le FGF est également surexprimé dans
le cancer de l'ovaire (23). Le sorafenib et le sunitinib, qui
agissent sur le VEGF et le PDGF, ont été testés dans des
études de phase II dans cette indication, avec des résultats
mitigés en termes de réponse, mais une bonne stabilisa-
tion de la tumeur (24), tandis que le cediranib en mono-
thérapie montre un taux de 30% environ à 16 semaines
dans le cancer de l'ovaire récurrent (25), mais au prix d'une
toxicité telle que la majorité des patientes a dû observer
une réduction de dose.
Autre molécule, le pazopanib a probablement un meilleur
profil de sécurité, du moins en monothérapie (26), car son
association avec le carboplatine et le paclitaxel a généré
des complications majeures à type de perforation (27).
«Dans cette mesure, c'est peut-être en maintenance qu'il
trouvera sa place»
, poursuit-elle.
Le nindetanib, qui bloque les trois facteurs de crois-
sance (28), est également prometteur, dans la mesure où
14,3% des patientes n'ont toujours pas récidivé après 36
semaines (5,0% sous placebo) tout en ayant un profil de
tolérance acceptable (29).
Appartenant à une autre classe, le cabozantinib inhibe le
VEGFR2 et MET pour un taux de réponse acceptable, qu'il
y ait ou non résistance au platine, et avec une tolérance
correcte (30).
«Cependant, le gros inconvénient de ces molécules mul-
ticible est le risque d'augmenter les complications dans
d'autres territoires que la cible et de rendre très difficiles les
combinaisons.»
D'autres voies thérapeutiques s'offrent
aux patientes
AMG 386 est un peptide-Fc de fusion qui inhibe l'angio-
genèse en neutralisant l'interaction entre le récepteur tie2
et les angiopoïétines 1 et 2. Il a été étudié en combinaison
avec le paclitaxel hebdomadaire à deux doses différentes
en cas de cancer de l'ovaire récurrent avec un résultat
intéressant en survie sans progression et un bon profil
de tolérance, à l'exception d'oedèmes périphériques aux
doses les plus élevées (31). tRiNOVA-1 (en récurrence) et
Figures 2 et 3: Le processus angiogénique comporte de multiples étapes.