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GUNAIKEIA
VOL 17 N°7
2012
«Il est important chez ces personnes de connaître le taux
de testostérone,
poursuit Johan Svartberg (Tromsö, Nor-
vège),
car il existe une relation linéaire entre abaissement
des taux et augmentation de l'épaisseur de l'intima-media
carotidienne (16) et de l'épaisseur des plaques d'athé-
rosclérose
(17)». Par ailleurs, il n'est pas sans intérêt de
constater qu'une baisse de 2,18DS du taux de testosté-
rone est associée à une augmentation de 35% du risque
de mortalité de toutes causes et de 25% de la mortalité
cardiovasculaire (18).
Cela veut-il dire pour autant qu'il faille administrer de la
testostérone à ces patients pour réduire leur risque? Au-
cune étude randomisée de grande envergure n'a à ce jour
tenté de répondre à cette question. Cependant, on sait
grâce à l'expérimentation animale que l'administration de
testostérone permet de conserver une bonne masse os-
seuse, voire de l'augmenter et d'éviter ainsi les fractures.
Elle permet aussi d'augmenter la masse, la force et l'endu-
rance musculaires, elle augmente les capacités physiques,
et améliore la fonction sexuelle et l'humeur...
Supplémentation:
Dr Jekyll et Mr Hyde?
Chez l'homme âgé (60-80 ans), la testostérone administrée
durant un an réduit la masse grasse (p < 0,001) tout en
augmentant la masse maigre (p < 0,01) (19) (
Figure 1)
(20). Dans le même sens, on retrouve chez l'homme obèse
une augmentation linéaire du taux de testostérone en
rapport avec la perte de poids (21).
Par ailleurs, l'administration de testostérone chez le dia-
bétique de type 2 donne des résultats contradictoires:
amélioration du métabolisme glucidique en cas de dia-
bète avéré chez des patients âgés (22), pas d'effet chez
des diabétiques plus jeunes, avec IMC moins élevé et taux
de testostérone de départ plus élevé (23). Une étude plus
récente n'a de son côté montré de modification que de
l'insulinorésistance mais pas des paramètres glucidiques
(24), tandis qu'un autre essai a montré que l'administra-
tion de testostérone gel augmente chez le diabétique les
effets des mesures hygiéno-diététiques (25).
Quant à son effet sur la fonction sexuelle, une méta-
analyse récente a montré qu'il est mineur sur l'érection,
et modéré sur la libido, avec cependant un effet méta-
bolique qui n'est pas nul (augmentation du taux d'Hb et
de l'hématocrite, réduction du taux de HDL-C) (20).
«Ce
risque, même minime, doit être pris en considération car,
lorsqu'on débute une substitution chez l'homme âgé, c'est
pour une longue période puisque l'effet de la substitution
disparaît très rapidement après son arrêt (20)».
Dans ces
conditions, le
Council of the Endocrine Society conseille
d'évaluer l'intérêt d'une supplémentation au cas par cas
en présence de symptômes cliniques de déficience andro-
génique et après exclusion des autres facteurs de risque
cardiovasculaire (8).