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Hygiène intime: pour quoi faire?
Les atouts des produits saugeLLa:
entre confort et nécessité
Réalisation: Dominique-Jean Bouilliez
La région vulvaire se situe au carrefour
de plusieurs écosystèmes (digestif,
vaginal, cutané) et de plusieurs situations
histologiques avec un épithélium
kératinisé pileux sur le versant externe
des grandes lèvres, un épithélium
partiellement kératinisé avec de discrets
follicules pileux sur la face interne des
grandes lèvres et l'entièreté des petites
lèvres, et un épithélium non kératinisé,
non pileux à partir du vestibule. Cette
dernière zone est par ailleurs très riche
en glandes sébacées et en glandes
sécrétrices de mucus, avec deux paires
de glandes «majeures», les glandes de
Bartholin et les glandes de Skene. Mais
la vulve, c'est aussi une extrême richesse
en récepteurs nerveux, et des propriétés
érectiles qu'il ne faut pas oublier.
La région vulvaire joue donc un rôle
capital dans la protection des organes
génitaux internes: mécanique, chimique
et microbiologique, sans oublier son rôle
érotique capital.
deux propriétés vuLvaires
sont à respecter en priorité:
son hydratation et son
écosystème
hydratation vulvaire:
y apporter un soin particulier
Le derme puise l'eau par l'intermé-
diaire de substances appelées
glycosaminoglycanes (GAG), et l'eau
diffuse ensuite dans l'épiderme où elle
est retenue au sein des cornéocytes par
le facteur naturel d'hydratation (Natural
Moisturizing Factor
). Son évaporation est
régulée par les corps gras intercellulaires
(ce qu'on appelle la barrière
hydrolipidique). La bonne santé vulvaire
est donc dépendante de la qualité de
son hydratation.
Dans ce cadre, les savons classiques sont
déconseillés, notamment parce qu'ils
ont un pouvoir desséchant important. En
pratique, l'utilisation excessive de savons
et autres détergents détruit le NMF,
dénature les protéines cellulaires, altère
les lipides intercellulaires et désorganise
l'architecture des couches cellulaires. Par
ailleurs, leur pH très alcalin (10) perturbe
l'équilibre naturel de la peau.
Enfin, lorsque ces savons sont utilisés avec
une eau dure (riche en cations Ca++
et Mg++), on observe une formation
de sels de calcium qui se déposent sur
la peau, empêchant la reconstitution
du film hydrolipidique de protection,
ce qui explique que certains savons
contiennent des «anticalcaires» comme
l'EDTA.
Peut-on envisager une toilette
intime uniquement à l'eau claire?
Non. L'exposition prolongée à l'eau
détruit également le NMF et certains
composants lipidiques. Elle favorise
également la pénétration de micro-
organismes et de produits allergisants
et irritants. Dans ce cadre, c'est vers les
syndets liquides (SYNthetic DETergents)
qu'il faut se diriger. Ils ont en effet une
action plus respectueuse des téguments
permettant une meilleure protection du
film hydrolipidique naturel. Ils peuvent
également être utilisés avec une eau
dure (riche en cations Ca++) sans
formation de carboxylates de calcium,
qui empêchent la restauration du film
lipidique en cas de peau sèche.
respecter l'écosystème
vulvaire
L'écosytème vulvaire est complexe.
Ainsi, sur les faces externe et interne
des grandes lèvres, ainsi que sur la face
externe des petites lèvres, on trouve un
écosystème de type cutané composé
de streptocoques et staphylocoques,
tandis qu'au niveau vestibulaire, la
flore change radicalement et devient
pratiquement identique à la flore
vaginale, en étant marquée par
la présence de lactobacilles... On
comprend donc que toute perturbation
de l'écosystème vestibulaire peut retentir
par contiguïté sur l'écosystème vaginal
et que toute «erreur» hygiénique externe
peut avoir un retentissement interne.
Dans ces conditions, les antiseptiques
chimiques sont à bannir en hygiène
quotidienne.
QueLLes conséQuences en cas
de déséQuiLibre de La fLore
vuLvo-vaginaLe?
La majorité des infections vaginales (soit
40% des candidoses) la majorité des
vaginites bactériennes (les vaginoses
bactériennes) et une partie des
infections urinaires basses sont liées à ce
déséquilibre, lui-même lié à la diminution
ou la disparition des lactobacilles
vaginaux, véritables tours de contrôle des
défenses vaginales vis-à-vis des micro-
organismes endogènes ou exogènes.
Le conseil en hygiène intime doit faire partie de la prise en charge médicale.
En effet, celle-ci débarrasse la région vulvaire des débris cellulaires, microbiens
et autres sécrétions locales, au même titre que d'autres régions corporelles,
et maintient l'hydratation naturelle sans altérer pour autant le revêtement
épidermique. Dans ce contexte, l'utilisation de produits dédiés assure le confort
au quotidien, limite les risques d'inconfort local et participe à l'amélioration
de certains symptômes génitaux. Le point avec le Dr Jean-Marc Bohbot,
infectiologue et directeur de l'Institut Fournier (Paris), dans le cadre d'une
réunion organisée le 9 juin dernier par le GGOLFB.
Le respect de la flore
lactobacillaire est un
élément fondamental de
l'équilibre écologique du
vagin.
C'est un critère
incontournable dans
le choix d'un produit
d'hygiène intime, qui
n'autorise pas l'utilisation
d'un antiseptique chimique.
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