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GUNAIKEIA
VOL 17 N°7
2012
Hypogonadisme féminin: faut-il donner
de la testostérone?
«La première indication d'une supplémentation en tes-
tostérone chez la femme est incontestablement la persis-
tance d'une faible libido avec impact majeur sur la qualité
de vie»,
rappelle Susan Davis (Univ. Monash, Melbourne)
tout en signalant que les conséquences du trouble de
désir sexuel hypoactif sont au moins aussi importantes
que celles du diabète ou des lombalgies (26).
«Car ce n'est
pas parce qu'elles sont ménopausées que les femmes n'ont
plus d'activité sexuelle ni d'attentes bien spécifiques. Fort
heureusement, des études randomisées de qualité ont pu
montrer l'intérêt de la supplémentation en testostérone
chez les femmes post-ménopausées chirurgicalement et
sous estrogènes, chez les femmes ménopausées naturel-
lement et sous estroprogestatifs, chez les femmes post-
ménopausées sans substitution hormonale (
Figure 2) (27),
et chez les femmes en préménopause... (28)»
On peut comprendre que les indications thérapeutiques
sont assez vastes si on veut bien se rappeler la relation di-
recte entre taux de testostérone et d'androstènedione avec
l'importance de l'atrophie vaginale (29). Et cette atrophie
est améliorée par un traitement par testostérone intrava-
ginale qui améliore et la cytologie vaginale (
Figure 3) et
la fréquence de la dyspareunie (30).
«Mais la testostérone
pourrait aussi contribuer à améliorer la fonction reproduc-
tive, l'intégrité osseuse, la masse musculaire, la fonction
cardiovasculaire et la cognition...»
La testostérone est en
effet essentielle pour le développement folliculaire (31) et
est susceptible d'améliorer le taux de réussite après fé-
condation
in vitro (32). Par ailleurs, si on sait que la perte
osseuse est plus importante en préménopause chez les
femmes dont le taux de testostérone est bas (33), et que
ce sont les femmes au plus haut taux de testostérone qui
ont en post-ménopause la DMO la plus élevée (34), on sait
aussi que l'administration de testostérone augmente cette
DMO en post-ménopause (35).
Le traitement par testostérone induit un anabolisme pro-
téique musculaire chez la femme (36) et augmente la
masse maigre (37) tout en réduisant le pourcentage de
masse grasse en post-ménopause (38). Enfin, sur le plan
cardiaque, la production endogène de testostérone est
associée à une meilleure fonction endothéliale en post-
ménopause (39), ce qui semble confirmé par le constat
d'une relation inverse entre taux de testostérone et risque
cardiovasculaire (
Figure 4) (40), «ce que l'on peut com-
prendre si on sait que l'administration de testostérone
intranasale agit en tant que vasodilatateur (41), la tes-
tostérone exogène améliorant également le flux artériel
brachial (42) ainsi que la tolérance à l'exercice et la force
musculaire (43)».
Enfin, l'administration de testostérone améliore la mé-
moire visuelle et verbale (44) et l'apprentissage de tâches
complexes (45).
Figure 4: Courbes de survie sans accident cardiovasculaire
par quintiles de testostéronémie totale (A) ou
biodisponible (B).
Figure 3: A: avant traitement: cellules parabasales rares
et atrophiques. B: après traitement: cellules squameuses
superficielles et intermédiaires accomplies.
1,0
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0 5 10 15 20
Sur
vie cumulée
Suivi (années)
A
1,0
0,9
0,8
0,7
0,6
0,5
0 5 10 15 20
Sur
vie cumulée
Suivi (années)
B
Q2-Q5
Q1
Q1
Q5
Q2, Q4
Q3
J Clin Endocrinol Metab 2010;95(2):740-7.