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GUNAIKEIA
VOL 17 N°7
2012
Concernant la tolérance des AINS, les effets secondaires
sont essentiellement gastro-intestinaux (dyspepsie, ulcère
gastro-duodénal...) et rénaux. Dans le cadre des ménomé-
trorragies, l'utilisation des AINS est cyclique, ce qui permet
d'en améliorer la tolérance. Les AINS, notamment l'acide
acétylsalicylique et le dexibuprofène, ne doivent pas être
utilisés en cas d'anomalies de la coagulation du fait de
leur interaction avec les plaquettes (16). Enfin, il est néces-
saire, avant tout traitement par AINS, de vérifier l'absence
d'interaction médicamenteuse avec les traitements pris
conjointement par la patiente.
En comparaison avec les autres traitements médicaux, les
AINS ne sont pas contraceptifs, mais ont un effet béné-
fique sur la dysménorrhée (17).
Ainsi, les AINS dans le traitement des hémorragies idiopa-
thiques sont à réserver aux patientes sans souhait contra-
ceptif mais avec dysménorrhée, seuls ou en association
avec l'acide tranexamique ou bien chez les patientes por-
teuses de DIUc afin d'en améliorer la tolérance.
Les progestatifs
L'action des progestatifs est double avec un effet antigo-
nadotrope et une atrophie de l'endomètre. Utilisés à dose
efficace, ils sont également contraceptifs. Les progesta-
tifs sont disponibles par voie orale, intramusculaire (pour
l'acétate de médroxyprogestérone) ou intra-utérine (SIUl
au lévonorgestrel, cf chapitre infra).
Les études internationales portent surtout sur la norethis-
térone, non commercialisée en France et en Belgique.
L'administration de norethistérone en phase lutéale, 10
jours sur 28, serait d'efficacité inférieure aux autres trai-
tements médicamenteux (danazol, acide tranexamique
et SIUl) selon la revue de la Cochrane (9, 19), tandis que
l'administration de norethistérone 21 jours sur 28 serait
aussi efficace que le SIUl avec un recul de 3 mois, mais
avec un taux d'interruption de traitement de 80% pour la
norethistérone (20).
En revanche, les progestatifs utilisés en France et en Bel-
gique sont peu étudiés dans la littérature, alors qu'ils
constituent une classe thérapeutique très utilisée en pra-
tique. Les macroprogestatifs de synthèse les plus prescrits
sont l'acétate de nomégestrol ou l'acétate de chlormadi-
none, administrés 20 jours sur 28 à dose antigonadotrope
(5mg par jour pour l'acétate de nomégestrol et 10mg par
jour pour l'acétate de chlormadinone), pour leur action
atrophiante sur l'endomètre.
Concernant la tolérance des progestatifs de synthèse, les
effets secondaires les plus décrits sont la prise de poids, les
sensations de gonflement et de jambes lourdes, les mas-
todynies et les céphalées. Cette mauvaise tolérance serait
à l'origine d'un arrêt prématuré fréquent des progestatifs
de synthèse. Les principales contre-indications sont les
cancers hormonodépendants et les accidents thrombo-
emboliques récents (datant de moins de 3 mois). Il est in-
téressant de noter la très bonne tolérance métabolique et
vasculaire de l'acétate de chlormadinone, qui est utilisable
en cas d'antécédent thrombo-embolique ou métabolique
comme le diabète.
Les effets oncogènes des progestatifs utilisés seuls au long
cours n'ont pas été suspectés par les études rétrospectives
existant dans la littérature. Les données actuelles sont
rassurantes (21), nécessitant néanmoins d'être confirmées
par des études prospectives.
Ainsi, les progestatifs de synthèse sont à proposer pour
la prise en charge des hémorragies idiopathiques unique-
ment dans un schéma 21 jours sur 28, à des patientes
compliantes et ayant un souhait contraceptif. Cette thé-
rapeutique reste très utilisée en pratique courante car elle
présente peu de contre-indications.
Les estroprogestatifs
Comme les progestatifs, la contraception estroproges-
tative a une action antigonadotrope et une action atro-
phiante sur l'endomètre. L'apport d'estrogènes permet de
limiter l'atrophie endométriale et d'éviter la survenue de
spottings par atrophie.
Les données disponibles de la littérature concernant l'effica-
cité de la contraception orale combinée sur les hémorragies
utérines fonctionnelles sont limitées. Un essai randomisé a
comparé l'efficacité de la contraception orale combinée aux
anti-inflammatoires (naproxène et acide méfénamique) et
au danazol (22). Cet essai a montré que la contraception
orale combinée réduisait de 43% le flux menstruel, ce qui
était significativement plus important qu'avec le naproxène,
mais significativement moins important qu'avec le danazol
ou l'acide méfénamique. Davis et al. ont montré que 73%
des patientes étaient améliorées sur le plan du volume
menstruel avec une pilule combinée triphasique 21 jours sur
28 dans une étude prospective randomisée contre placebo
et en double aveugle (23). De plus, la contraception estro-
progestative permet également d'avoir un effet favorable
sur les dysménorrhées et sur le syndrome prémenstruel (24).
Notons que ces premières études ne concernaient que
la contraception estroprogestative comportant 30µg
d'ethinylestradiol et 150µg de lévonorgestrel selon un
schéma d'administration classique (21 jours de prise puis
7 jours d'interruption).
A l'heure actuelle, aucune étude n'est disponible sur l'effi-
cacité de la contraception estroprogestative administrée
selon un schéma en extension ou en continu. Or ces sché-
mas permettent d'éviter les hémorragies de privation sur-
venant entre 2 plaquettes et pourraient ainsi avoir une
place privilégiée dans la prise en charge des hémorragies
idiopathiques.