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GUNAIKEIA
VOL 17 N°7
2012
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G1475F_20
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Arthralgie induite par une carence
estrogénique
Anneleen Lintermans
1
, Robert Paridaens
2
, Patrick Neven
1, 3
1. Master Biomedical Sciences, Département de gynécologie, UZ Leuven
2. Département d'oncologie médicale générale, Multidisciplinair Borst Centrum, UZ Leuven
3. Département de gynécologie, Multidisciplinair Borst Centrum, UZ Leuven
K
eywoRds
:
aRomatase
inhiBitoR
­
aRthRaLGia
introduction
Ces dernières années, l'incidence du cancer du sein et le
nombre de survivantes n'ont fait qu'augmenter suite à une
amélioration du programme de dépistage, à de nouvelles
méthodes de traitement et à une augmentation de l'espé-
rance de vie générale. Par conséquent, la gestion des effets
indésirables à long terme gagne également en intérêt.
Les inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération
(létrozole, anastrozole et exémestane) sont de plus en plus
prescrits dans le traitement adjuvant et au stade métas-
tatique du cancer du sein exprimant les récepteurs aux
estrogènes chez les femmes ménopausées. Les inhibiteurs
de l'aromatase empêchent la transformation périphérique
d'androgènes en estrogènes via une inhibition réversible
ou irréversible de l'enzyme aromatase. Le résultat est
une diminution significative des niveaux d'estrogènes
circulants et tissulaires. Différentes études ont montré
une augmentation de la survie sans maladie et un pro-
fil d'effets indésirables plus favorable avec les inhibiteurs
de l'aromatase par rapport au tamoxifène, un modulateur
sélectif des récepteurs estrogéniques. Etant donné les ef-
fets estrogéniques partiels du tamoxifène, ce dernier est
associé à un risque plus élevé de cancer de l'endomètre
et de thrombo-embolie, auquel échappent les utilisatrices
d'inhibiteurs de l'aromatase (1).
Toutefois, les inhibiteurs de l'aromatase peuvent entraîner
le développement du syndrome musculo-squelettique lié
aux inhibiteurs de l'aromatase (AIMSS -
aromatase inhi-
bitor musculoskeletal syndrome), qui est caractérisé par
une arthralgie, une myalgie, le syndrome du canal carpien,
des raideurs et des paresthésies. Les inhibiteurs de l'aro-
matase peuvent occasionner de nouvelles plaintes articu-
laires, mais conduisent également à une exacerbation de
plaintes existantes. Les symptômes se manifestent princi-
palement durant les deux premières années de traitement,
avec un pic à six mois (2). Les patientes ont l'impression de
vieillir subitement, les principales plaintes signalées étant
des raideurs matinales et des doigts douloureux et raides
(doigt à ressort, flexion et extension limitées des doigts,
difficultés à ouvrir des bocaux) (
Figure 1) (1).
Notre groupe a démontré que la diminution de la force
de préhension était jusqu'à trois fois plus marquée chez
les utilisatrices d'inhibiteurs de l'aromatase que chez
les patientes sous tamoxifène après un traitement de
6 mois (3, 4).
L
es inhibiteurs de l'aromatase de troisième génération (létrozole, anastrozole et exémestane) sont de plus en plus prescrits
dans le traitement adjuvant et au stade métastatique du cancer du sein exprimant les récepteurs aux estrogènes chez
les femmes ménopausées. La plupart des femmes vainquent ainsi leur cancer du sein, ce qui accroît l'importance de la
qualité de vie et de la prise en charge des symptômes. Le profil d'effets indésirables des inhibiteurs de l'aromatase ressemble
fort aux manifestations de la ménopause, telles que bouffées de chaleur, atrophie urogénitale et perte de densité osseuse et
des fonctions cognitives. Jusqu'à la moitié des patientes développent aussi l'AIMSS (syndrome musculo-squelettique lié aux
inhibiteurs de l'aromatase), qui comporte notamment une arthralgie, une myalgie, des raideurs et le SCC (syndrome du canal
carpien). Il s'agit également d'un phénomène typique de la ménopause, qui est renforcé par l'utilisation d'inhibiteurs de
l'aromatase. Les mécanismes sous-jacents responsables de l'AIMSS demeurent toutefois inconnus, si bien que le traitement
est essentiellement symptomatique et souvent sous-optimal. Un suivi continu des effets indésirables, ainsi qu'une bonne
éducation de la patiente, sont des points cruciaux pour une bonne observance thérapeutique.