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l
Neurone
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Vol 18
·
N°8
·
2013
jour versus placebo à 54 patients avec
gliome (n = 27 dans chaque groupe),
l'armodafinil n'a pas montré de supé-
riorité, sauf chez les patients dont la
fatigue a été qualifiée d'intense. Ce
bénéfice s'est manifesté rapidement dans
ce sous-groupe, pour être significatif en
fin de radiothérapie et revenir au même
niveau que le groupe placebo 4 semaines
après la fin de la radiothérapie.
Il faut poser la question de la
qualité du sommeil pour
anticiper le pronostic
Les troubles du sommeil grèvent le quo-
tidien de près de 80% des femmes (40%
de manière continue) avec cancer du
sein de stade avancé, même après l'arrêt
de leur traitement (6). Quant à savoir si
ces troubles sont liés au cancer, au traite-
ment ou à ses épiphénomènes, la ques-
tion n'a pas encore été résolue, raison
pour laquelle une équipe de l'université
Stanford a étudié cette problématique
sur 91 femmes avec cancer du sein de
stade avancé, dont 70% avouaient des
troubles du sommeil plus ou moins mar-
qués (7). La sévérité des troubles était,
logiquement, clairement associée à des
affects négatifs. Par ailleurs, plus ces
troubles étaient sévères, plus les chiffres
de pression systolique étaient élevés,
l'état général davantage affecté et la pro-
gression du cancer plus rapide... Reste à
savoir dans quelle mesure un traitement
efficace de ces troubles du sommeil
pourrait inverser la tendance!
Comprendre la dépression des
patients cancéreux pour mieux
la soigner
L'incidence de la dépression est fort éle-
vée chez les patients souffrant de cancer
(3-7 x plus élevée que dans la popu-
lation générale, et plus marquée dans
certains cancers tels que le poumon, le
pancréas ou le foie, et avec le stade
d'avancement du cancer ou la prescription
de certains médicaments comme l'interfér-
on). Mais on ne connaît que fort impar-
faitement le mode évolutif de cette dé-
pression, ni le risque pronostique qu'elle
fait courir. Majeur au cours des premiers
mois qui suivent le diagnostic de cancer
du sein (48%), le risque de dépression
ou d'anxiété diminue avec le temps
(15% à 5 ans), mais ne revient jamais au
niveau de celui de la population géné-
rale (Figure 2) (12).
Par ailleurs, les méta-analyses les plus
récentes ont montré que le risque de
mortalité augmente en présence d'une
dépression (13). Plusieurs raisons ont été
évoquées pour expliquer cette augmen-
tation du risque: l'activation d'un syn-
drome inflammatoire par la dépression
ou la production de métalloprotéinases
de type 9 par les cellules tumorales...
Pour mieux comprendre le phénomène,
une équipe de Pittsburgh menée par Jen-
nifer Steel a suivi 474 patients avec can-
cer de stade avancé et a étudié les mar-
queurs inflammatoires (IFN-gamma,
Presented by Katie Fife
Presented at ASCO Annual '13 Meeting
Change in fatigue over time: dose response
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Figure 1: Un effet dose-réponse, y compris dans le groupe placebo...
«Il est difficile de tirer des conclusions formelles de ces études car les popula-
tions sont hétérogènes et parce qu'on connaît peu les comorbidités et les
traitements associés. Ce fait est d'autant plus important à souligner que l'on
connaît les multiples risques que font courir les troubles du sommeil: accident
cérébrovasculaire, cardiopathies ischémiques, obésité, risque oncologique...
(8, 9).
Quant à la fatigue, les deux études présentées ici sont loin d'être les seules à
n'avoir pas montré de bénéfice du modafinil, ou de manière très limitée, pro-
bablement parce que l'origine de la fatigue induite par le cancer est plutôt de
type inflammatoire, avec une composante génétique manifeste pour ce qui
concerne la sécrétion des cytokines inflammatoires et la réponse cortisolée au
stress (10). Dans l'immédiat cependant, le NCCN continue à recommander
l'usage de psychostimulants (1). Ces recommandations se basent sur l'aug-
mentation de la concentration cérébrale en neurotransmetteurs, et donc de
leur potentiel sur les circuits régulateurs de l'émotion et de la cognition (11).
Enfin, il ne faut pas oublier l'élément douleur, qui agit autant sur la fatigue que
sur le sommeil.»
Debra Barton (Mayo Clinic)