![]() qu'une décoction du DSM. Sa réponse fut vague et hésitante... «faire comme les autres» apporte sécurité et reconnaissance. En outre, les sanctions financières, voire l'exclusion acadé- mique, jouent un rôle. La psychiatrie en tant que «discipline académique would- be» est talonnée par les disciplines orga- niques et elle oublie son individualité stricte par rapport à ces disciplines. Le problème est que, de cette manière, on trahit la réalité de l'âme (autre vide). l'homme en tant que sujet sa position centrale, ce par quoi on considère l'homme sous tous ses aspects, le corps jouant bien évidemment un rôle majeur. Il va de soi que l'aspect biologique conserve toute son importance, mais il est perçu comme une condition néces- saire, mais insuffisante, pour com- prendre l'homme. Cette psychiatrie vise un recentrage, une défocalisation. Elle veut appréhender l'homme comme une espèce, qui se distingue profondément de toutes les autres espèces (par le lan- gage, la culture, la conceptualisation et l'élaboration de projets, la spiritualité), et donc par égard pour la différence anthropologique le prendre comme sujet-objet d'étude. Cela signifie qu'une approche purement objective est anti- scientifique, étant donné que l'homme ne peut jamais être réduit à l'état d'objet, et qu'il ne peut être considéré ni étudié comme tel. A l'opposé, le sujet de l'in- vestigateur constitue en toute logique un biais qu'on ne peut exclure (ici, il ne s'agit pas d'un vide, mais d'un excès!). psychiatrie actuelle se nourrit de l'obses- sion de la classification. Le DSM-IV (3) paralyse toute pensée authentique au sujet de la psychiatrie et son successeur ne laisse présager absolument aucune tions allaient encore dans la bonne di- rection, mais dès la troisième version, les psychiatres ont commencé à nager dans le flou total, plus précisément à cause d'un manque de théorie et d'empirisme, de prises de position normatives, de pen- sées de consensus antiscientifiques, de la pression de groupes sociaux et enfin de toutes sortes de favoritisme à l'égard de l'industrie pharmaceutique. Le task force (groupe de travail), un terme issu de l'armée, en dit long: initialement, il était constitué de 100% d'académiciens américains, personne n'étant issu du domaine clinique. courant néolibéral sous-jacent au départ duquel le groupe de travail opère ne sont jamais explicités. Un élément très fâ- cheux, et également implicitement poli- tique, est que la notion de «trop» ou de «trop peu», qui revient un nombre incal- culable de fois dans les définitions symp- tomatiques du DSM, est totalement déter- minée par des normes sociales, mais aussi que cette notion n'est nulle part ap- préhendée de manière autocritique. Au contraire, le DSM se prétend athéorique. chiatrie actuelle soutiennent qu'ils prêtent attention à tous ces domaines, mais ils affirment que l'étude du cerveau («nous sommes notre cerveau») (4) leur permettra automatiquement de com- prendre tous les autres aspects. Eh bien, nous NE sommes PAS notre cer- veau. Le cerveau est une base matérielle nécessaire qui donne à l'homme son caractère humain, ceci en interaction avec le reste du corps, avec l'environne- ment, et SURTOUT avec les autres. Il est également une condition nécessaire, mais insuffisante, pour appréhender le drame humain, l'âme en ce compris l'âme malade. Rares sont ceux qui ont mené une ré- flexion sérieuse à ce sujet. Parmi eux, conclusion que l'homme ne doit pas être abordé sous l'angle microscopique ou inframicroscopique, mais plutôt sous l'angle des superstructures, ce qui est donc précisément l'inverse. Ce n'est que de cette manière que la formidable com- plexité des phénomènes psychopatholo- giques notamment pourra être sérieu- sement appréhendée. Les molécules ne permettront jamais de saisir cette com- plexité. anthropopsychiatrique alternative, qui est à mon sens la seule approche possible et la seule correcte, via une définition rigoureuse des propor- tions et inflexions. Cependant, son ambi- tion va bien au-delà, car si elle veut dé- terminer la place exacte de la biologie, elle vise également la réintroduction de la psychanalyse, de l'analyse existen- tielle et de la psychothérapie institution- nelle. En outre, elle désire réaliser des analyses sociales, politiques, juridiques, pénitentiaires, voire économiques, pour autant qu'elles puissent avoir trait au fonctionnement pathologique de l'homme, et de ce fait automatiquement à son fonctionnement sain. logique se doit d'être radicale. En refu- sant tout compromis, elle veut examiner le sujet humain dans toute sa singularité et sa dignité, et c'est également en ce sens qu'elle doit penser. Fini de compar- timenter les gens en fonction de diagnos- tics généraux, groupes cibles, groupes homogènes de patients, etc. Une psy- chiatrie anthropologique part de ce pa- tient concret et désire des soins sur me- sure, fruits de sa réflexion. Elle ne peut pas non plus être intégrée comme telle dans la psychiatrie actuellement en vi- gueur: il faut choisir entre deux mondes, deux paradigmes, deux types de psy- chiatrie... |