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19
l
Neurone
·
Vol 18
·
N°8
·
2013
ACTUA
L'
importance
d
'
un
bon
suivi
métaboLique
des
personnes
souffrant
de
dépression
majeure
Par rapport à la population générale, les personnes souffrant de dépression
majeure sont globalement en moins bonne santé. C'est ainsi que, par rapport à la
population générale, le risque de maladies cardiovasculaires est doublé chez ces
personnes. Ce risque cardiovasculaire majoré est partiellement imputable à un
risque accru de facteurs de risque influençables, tels que la surcharge pondérale
ou l'obésité, l'hyperglycémie, l'hypertension et une dyslipidémie. Tant l'utilisation
de certains antidépresseurs que d'antipsychotiques peut induire une prise de
poids, et influencer négativement les facteurs de risque cardiovasculaire. En dépit
de ce profil de risque majoré, les patients souffrant de dépression majeure ont
toujours un accès limité aux soins somatiques, et bénéficient d'un dépistage,
d'un suivi et d'un traitement moins adéquats des risques cardiovasculaires.
Pourtant, une reconnaissance et un suivi précoces, des mesures préventives et
une prise en charge pluridisciplinaire précoce des facteurs de risque métaboliques
et cardiovasculaires peuvent contribuer positivement à l'amélioration de l'état de
santé et à la qualité de vie. Il convient dès lors d'insister, dans le cadre du
traitement des personnes souffrant de dépression majeure, sur l'importance d'une
collaboration plus intensive entre les différentes disciplines. L'adéquation des
soins somatiques représente une recommandation importante dans les directives
thérapeutiques internationales.
Dépression et affections cardiométaboliques: prévalences
La dépression est une affection fréquente en Belgique, avec une prévalence à vie
(lifetime) variant entre 15% et 27% en fonction des études (1). En outre, il s'agit d'une
des affections chroniques les plus invalidantes. Bien que l'invalidité consécutive aux
maladies chroniques ait diminué à l'échelle mondiale entre 1990 et 2010, la proportion
de dépressions majeures a augmenté de 37% (2). A l'heure actuelle, la dépression
constitue dès lors la principale affection psychique à l'origine d'une invalidité (2). Un
trouble dépressif entraîne d'énormes limitations au niveau du fonctionnement social,
psychique et physique. Sur le plan somatique, il s'avère que, par rapport à la population
générale, le risque de maladies cardiovasculaires est doublé chez les personnes souffrant
de dépression majeure (3). Ce risque cardiovasculaire majoré est partiellement
imputable à une prédisposition accrue aux facteurs de risque métabolique influençables,
tels que la surcharge pondérale ou l'obésité, l'hyperglycémie, l'hypertension et une
dyslipidémie. Dans une récente méta-analyse (4), nous avons démontré que les
personnes souffrant de dépression majeure courent un risque accru de développer de
tels facteurs de risque cardiométabolique. Le tableau 1 donne un aperçu de la
prévalence estimée et du risque relatif de ces facteurs de risque modifiables chez les
personnes souffrant de dépression majeure.
Dépression et affections cardiométaboliques:
mécanismes sous-jacents
Ce sont surtout des mécanismes comportementaux, biologiques et génétiques ainsi que
Davy Vancampfort, Pascal Sienaert,
Sabine Wyckaert & Marc De Hert
UPC KU Leuven, campus Kortenberg
N1975F