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l
Neurone
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Vol 18
·
N°8
·
2013
où l'enfant présentera plutôt une
symptomatologie dépressive et anxieuse.
Au plan thérapeutique, Marina Danckaers
(KU Leuven) aborde les controverses sur
la prescription de psychotropes chez les
enfants et adolescents: les stimulants
dans les pathologies des troubles par
déficit de l'attention avec ou sans hyper-
kinésie, les antipsychotiques, les stabili-
sateurs d'humeur et les antidépresseurs.
Elle insiste sur l'importance de la
prévention et, d'autre part, d'évaluer la
sévérité du cas avant de prescrire, et ce
toujours avec un consentement informé
afin d'obtenir la compliance, ce qui est
plutôt rarement le cas. Elle met égale-
ment en exergue la nécessité d'associer
ce traitement médicamenteux avec une
thérapie systémique, le traitement de
l'affection de base s'il échoit, et enfin la
combinaison avec d'autres prises en
charge visant une approche dimension-
nelle personnalisée pour aider le jeune
patient à trouver des certitudes.
Le psychotraumatisme: vécu et
prise en charge
L'enfant qui habite en chaque adulte a sa
résidence plus près du coeur que du
cerveau!
Une mère africaine, citée par Jorge
Barudy (3).
La seconde partie du congrès est consa-
crée aux prises en charge: elle est domi-
née par le modèle psychotraumatique ­
surtout ses aspects thérapeutiques ­
explicité par Jorge Barudy, psychiatre et
thérapeute familial d'origine chilienne. Il
a quitté son pays en 1973, après une
expérience personnelle de prisonnier
politique et des violences de cette
époque. Il a créé et dirige le Centre Exil
à Bruxelles, centre médico-psychosocial
pour exilés ayant subi les mêmes sévices.
Il a aussi développé une compétence
reconnue dans son approche familiale et
sociale de la maltraitance de l'enfant:
négligence parentale, violence phy-
sique, abus sexuels. Il situe ces faits dans
le contexte écologique du temps pré-
sent, marqué par une dégradation des
liens communautaires pour une ten-
dance égocentrique, la diffusion d'actes
violents et la commercialisation de faits
sexuels. Il décrit la transmission de ces
agressions d'une génération à l'autre.
Barudy développe ce modèle psycho-
traumatique et celui de la traumathé-
rapie systémique pour enfant et
adolescent, en se basant sur trois
dimensions: l'enfant (fonctionnement
et développement), les parents et le
contexte environnemental qui né-
cessite une évaluation compréhen-
sive systémique, ainsi qu'un travail
en réseau incluant les enseignants
et la justice. Il insiste également
sur la nécessité du lien thérapeu-
tique, c'est-à-dire un attache-
ment sécurisant, sur l'utilisation
d'une méthodologie cohérente
et sur la promotion d'une rési-
lience corporelle et sociale (5).
Il dénonce particulièrement
l'adultisme: position auto-ré-
férentielle empêchant cer-
tains adultes de comprendre
les enfants, ce qui les main-
tient émotionnellement à
distance. Certains facteurs
tels que le stress, les inégalités sociales,
les rôles abusifs, imposés notamment
par la culture patriarcale, bloquent l'ac-
cès aux souvenirs d'enfance et rendent
difficile
l'empathie
envers les enfants. Or, les troubles psy-
chiques et les problèmes de comporte-
ment démontrés par les enfants et les
adolescents sont souvent la conséquence
de leur histoire ou «carrière» d'enfants
maltraités, constituant le seul moyen
dont ils disposent pour dénoncer et ré-
sister à la violence des adultes. Parmi les
conséquences les plus graves de la mal-
traitance figurent les troubles de l'atta-
chement qui provoquent la méfiance des
enfants envers les adultes, avec, du
moins au début, des difficultés à faire
confiance et à collaborer avec les profes-
sionnels qui tentent de les aider.
Une autre conséquence de la carrière
d'enfant maltraité est l'expression de la
souffrance de manière indirecte, et donc
invisible pour l'entourage et les soignants
s'ils n'ont pas eu de formation spécifique
Jorge Barudy
De la bientr
aitance infantile: compétences
parentales et résilience, J
orge Barud
y & Maryorie
Dantagnan.