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l
Neurone
·
Vol 18
·
N°8
·
2013
NOUVEAUTÉS EN DÉMENCE
N1759F
Le but de notre étude était de savoir si l'on pouvait, chez les personnes Alzheimer,
réveiller des souvenirs anciens par le mécanisme déclenchant de la «mémoire
involontaire» tel que décrit par Marcel Proust, c'est-à-dire la survenue imprévue
d'un indice sensoriel connu mais oublié. Notre étude a porté sur 30 patients
Alzheimer, à raison de 1 à 5 séances par patient, soit 50 séances en tout. L'indiçage
choisi a été l'écoute musicale. Le seul critère supplémentaire d'inclusion étant
une amnésie antérograde marquée, tous nos patients étaient à un stade avancé ou
sévère de la maladie. Les résultats suivants ont été observés: joie immédiate et
constante, mémoire musicale première (fredonne) puis mémoire sémantique
(retrouve les paroles et chante), avec apparition rapide ou différée de souvenirs
autobiographiques. Les souvenirs sont les mêmes pour une même mélodie avec
enrichissement du sentiment de familiarité et de l'estime de soi. Quels que soient
les souvenirs récupérés, nous n'avons jamais constaté de mélancolie ni de
tristesse, mais au contraire, un bonheur constant de communiquer. Au total, la
mémoire involontaire est parfaitement utilisable chez les personnes Alzheimer, et
l'amnésie antérograde permet de répéter les séances plusieurs fois par semaine
avec les mêmes résultats.
Introduction
Ce travail repose sur l'espoir d'une réciprocité féconde entre le phénomène de mé-
moire involontaire et les caractéristiques cliniques de la maladie d'Alzheimer. Il s'agit
d'une tentative de récupération de souvenirs anciens chez la personne Alzheimer par
déclenchement de la mémoire involontaire à l'occasion de l'écoute imprévue de
thèmes musicaux susceptibles d'être reconnus (indiçage musical).
La notion de «mémoire involontaire» n'était pas un concept initialement scientifique. Elle
a été inventée par Marcel Proust, qui en fait une analyse clinique très détaillée dans
l'ensemble de son oeuvre «À la recherche du temps perdu» (1), dont on a gardé l'expres-
sion populaire de la «madeleine de Proust». Il s'agit d'une expérience imprévisible, non
reproductible volontairement, toujours accompagnée d'une émotion de joie profonde.
Opposée ainsi à la mémoire volontaire, la «mémoire involontaire» a des caractéris-
tiques spécifiques: précision et richesse des souvenirs sémantiques et autobiogra-
phiques, sensation prégnante non pas seulement de les revoir (spectateur), mais de les
revivre (acteur) dans l'instant comme dans un éternel présent; une sensation de joie
profonde annonce de façon constante ce phénomène dont elle est en quelque sorte
le témoin, le garant, sa nature intime, mais aussi son «mystère». Enfin, l'expérience
de mémoire involontaire n'est pas reproductible, car c'est le choc du hasard qui
réveille les souvenirs oubliés dans le mode involontaire.
Chez le patient atteint de maladie d'Alzheimer, l'amnésie des faits récents devrait
permettre de répéter la même expérience avec le même effet d'imprévu.
Jean Claude Broutart
1
, Daniel Balas
2
1. Centre Noisiez Biot, France
2. Université Nice Sophia Antipolis, Centre
hospitalier Universitaire de Nice, France
ESSAI
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a
«
mnémothérapie
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L'expérience de mémoire involontaire n'est pas reproductible,
car c'est le choc du hasard qui réveille les souvenirs oubliés
dans le mode involontaire.