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Neurone
·
Vol 18
·
N°8
·
2013
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Les troubles du sommeil et la fatigue sont deux préoccupations majeures des
patients souffrant d'un cancer. La dépression en est une autre. Ces aspects, qui
ont été évoqués dans une session spécifiquement dédiée à la survie après cancer,
ouvrent des pistes de réflexion. Et suscitent beaucoup de questions.
La fatigue, un champ de recherche trop souvent négligé en cas
de cancer
La fatigue est le symptôme à la fois le plus fréquent et le plus démoralisant chez les
patients souffrant de cancer. Survenant chez plus de 75% de patients, elle est difficile
à traiter, d'autant que les méthodes comportementales de prise en charge par
l'exercice aérobique sont difficiles, voire impossibles à proposer en cas de cancer de
stade avancé. Dans ses recommandations de prise en charge, le NCCN (National
Comprehensive Cancer Network
), propose, outre le repos chaque fois que possible et
la réalisation d'exercices dirigés, de corriger la cause de la fatigue (anémie, douleur...)
et d'administrer, en cas de fatigue persistante, des psychostimulants (méthylphénidate
ou modafinil) (1) sur base d'une analyse Cochrane positive (2). C'est le modafinil
(dont la dose de 100mg/j 1sem/2 et 200mg/j l'autre semaine a montré des résultats
intéressants) (3) qui a été étudié ici par une équipe menée par Kate Fife (Cambridge).
Le modafinil, un stimulant sélectif du SNC, agit sur le centre de l'éveil sans affecter le
sommeil ni provoquer d'euphorie ou de risque d'abus, au prix cependant d'effets
secondaires tels que céphalées, vertiges, nausées et vomissements. Pour ce faire, ils
ont utilisé 3 échelles ­ le FACIT (Functional Assessment of Chronic Illness Therapy),
l'EPS (Epworth Sleepiness Scale) et l'HADS (Hospital Anxiety and Depression Scale)
(4) ­ chez 208 patients avec cancer du poumon non à petites cellules de grade III ou
IV sans anémie, mais avec fatigue avérée et non traités par thérapie ciblée,
antidépresseurs, stéroïdes ou progestagènes. L'analyse des 160 patients retenus en ITT
(75 dans le groupe modafinil 100mg/j pendant 15 jours puis 200mg/j pendant 15
jours et 85 dans le groupe placebo) a montré une amélioration significative du score
FACIT dans les deux groupes, mais sans différence significative, y compris dans les
objectifs secondaires de l'étude (somnolence, dépression...), quel que soit le sous-
groupe considéré. De manière très intéressante, la plus grande part de l'amélioration
a été observée au cours de la première période de 14 jours, dans les deux groupes
(Figure 1). Enfin, les effets secondaires n'ont pas été différents selon le groupe,
signifiant par là, selon Kate Fife, d'une part que l'effet placebo doit être pris en
considération dans ce cas de figure, d'autre part, qu'il n'y a, aujourd'hui, pas de
raison de proposer du modafinil hors essai clinique...
C'est ainsi que l'armodafinil (l'énantiomère-R du modafinil) a été étudié dans le cadre
de la fatigue induite par une irradiation cérébrale (5). Proposé à la dose de 150mg/
Dominique-Jean Bouilliez
N1972F