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l
Neurone
·
Vol 18
·
N°8
·
2013
l'angle des pulsions, Schotte a réelle-
ment réussi à développer une psychiatrie
qui trouve ses racines dans la psychana-
lyse. Il est évident que chaque activité
humaine est pulsionnelle, de la simple
ondulation de la queue d'un spermato-
zoïde à la plus haute création artistique
ou scientifique sublimée. Toutes ces acti-
vités ont un fondement dynamique et
puisent dès lors dans la vie pulsionnelle
humaine, qui sert d'importante réserve
d'énergie. En outre, il en va de même
dans ses créations pathologiques. Nous
faisons ici incidemment référence à la
forte relation démontrée par Szondi (10)
entre certaines professions et leurs dé-
viations pathologiques de prédilection,
comme la relation entre les professions
religieuses et l'épilepsie, entre les pom-
piers et la pyromanie, entre les bouchers
et le sadisme, entre les acteurs et l'hysté-
rie, entre les coiffeurs et l'homosexuali-
té, entre les comptables et la névrose
obsessionnelle, entre les collectionneurs
d'objets d'art et le fétichisme, entre les
psychiatres et la paranoïa, etc.
D'un point de vue psychique et psycho-
pathologique, l'homme ne peut être
compris sans principe dynamique.
Tandis que cette psychiatrie trouve ses
racines dans la psychanalyse, en ce sens
qu'elle est en contact avec l'inconscient
dynamique (d'où?), sa cime touche aux
régions anthropologiques des tâches vi-
tales (où et à quoi?). Cette structuration
entraîne l'apparition d'un couplage entre
les pulsions et les existentiaux, dans un
mouvement dynamique perpétuel com-
parable à celui d'Héraclite et de la dia-
lectique hegelienne. Comme vous l'au-
rez remarqué, nous sommes bien loin
d'une psychiatrie descriptive statique de
classes de maladies «à la DSM» (sic).
La logique interne du système anthropo-
psychiatrique paraît explicite, étant don-
né le couplage avec les pulsions hu-
maines typiques autant qu'avec les
tâches vitales humaines typiques, toutes
deux limitées et en nombre bien défini.
En outre, le circuit des pulsions montre
une cohérence interne captée par
Schotte dans les «circuits pulsionnels»
ou, pour les insiders: «les papillons de
Schotte»
.
D'une manière ou d'une autre, la patho-
logie constitue l'échec d'une ou plu-
sieurs des tâches vitales inhérentes à
l'être humain, qui sont identiques pour
tout le monde. La condition humaine fait
référence au rapport entretenu avec ces
tâches (universelles), par exemple: quel
est mon rapport avec mon environne-
ment, avec mon corps, avec l'autre, avec
moi-même? Simultanément, nous péné-
trons imperceptiblement les quatre
lignes de force de l'anthropopsychiatrie.
La psychiatrie biologique ne peut faire
référence qu'à des molécules et à des
structures neurologiques, le plus impor-
tant pour l'homme n'entrant alors pas en
considération. S'il est évident que ces
molécules et structures restent impor-
tantes, elles sont néanmoins insuffisantes
pour «porter» une psychiatrie à part en-
tière. Tout au plus peut-on les qualifier
de discipline partielle ou auxiliaire.
Comment
l'anthropopsychiatrie
structure-t-elle et facilite-t-elle
les sous-disciplines qui se
situent dans le champ
biologique, psychologique et
social?
L'anthropopsychiatrie et la
psychanalyse
Le lien avec la psychanalyse a déjà été
commenté en détail. Grâce à ses bases
situées au niveau psychanalytique, la
psychiatrie «éclairée» sonde l'incon-
scient, les sentiments, les attentes et les
affects. Elle s'attache donc également
aux sentiments de douceur et d'amour
dans la relation médicale, aux problèmes
vitaux et existentiels, à une meilleure
compréhension de la psychosomatique
et des dépendances, aux problèmes
familiaux et relationnels contextuels (y
compris bien évidemment la sphère
sexuelle), aux problématiques «border-
line» et aux «nouveaux syndromes», es-
sentiellement sociaux, et qui ont donc
une détermination pathoplastique.
L'anthropopsychiatrie fournit des notions
au sujet des perversions et des psychoses
et envahit la psychothérapie avec le sta-
tut éthique du sujet. Et, ce qui est impor-
tant, l'ensemble est plus flexible et moins
artificiel, car il n'est plus lié à sa soi-
disant référence à la normale. Depuis la
révolution du cristal brisé (11), l'homme
normal ­ avec ses bizarreries avouées ou
non, et plus ou moins amusantes ­ cô-
toie en effet tout autre homme, patholo-
gique ou non. La barrière entre le normal
et le pathologique est abolie.
Dans l'anthropopsychiatrie, les possibili-
tés pathologiques des «hommes nor-
maux» sont préfigurées à des endroits lo-
giques. Par exemple, une personne qui se
comporte de manière hystériforme et pré-
sente donc des traits de l'hystérie, sans en
souffrir pour autant explicitement, ne de-
vra pas s'étonner de présenter tout d'un
coup une décompensation proximale
telle qu'une crise hystérique, une attaque
de panique ou une somatisation aiguë.
Outre le fait que l'anthropopsychiatrie
est ouverte aux manifestations de l'in-
conscient, elle se ressource également
continuellement dans les concepts psy-
chanalytiques.
Que faisons-nous avec d'autres notions
psychologiques? Elles seront évaluées en
termes d'utilité dans le cadre de pensée
plus large de l'anthropopsychiatrie.
Les testings ont également leur place,
sous réserve d'une nette revalorisation
des tests projectifs tels que les tests de
Rorschach et de Szondi.
L'anthropopsychiatrie et le volet
biologique
Ensuite, quels rapports l'anthropopsy-
chiatrie entretient-elle avec la psychia-
trie biologique? Ils sont incontestable-
ment excellents, toutefois sous réserve
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