![]() un rôle important en cas de schizophrénie, à l'instar de la sérotonine en cas d'anxiété et d'agressivité. Depuis lors, le glutamate et la glycine sont également avancés comme «nouveaux» neurotransmetteurs, et il est vraisemblable que d'autres sui- vront encore. Les théories se complexi- fient, suite à toutes sortes de tours de passe-passe rappelant les cercles de Ptolé- mée, pour pouvoir traiter le nombre expo- nentiellement croissant de «faits» expéri- mentaux... mais on y comprend de moins en moins. Et bien que chaque nouvelle pièce du puzzle augmente la confusion, on prétend que le puzzle deviendra petit à petit complet et transparent. Peut-être avons-nous tout simplement besoin d'un nouveau paradigme... Dans «Making Social Science Matter», Bjent Flyvbjerg, un professeur d'université à Oxford, argue que les sciences humaines y compris donc la psychiatrie doivent être restructurées de manière différente, plutôt que de vouloir être une copie cari- caturale des sciences naturelles... psychiatrie actuelle tient, à l'exclure en tant qu'être narratif et parlant, et à le présenter comme entièrement soumis à des déterminismes biologiques et génétiques, en excluant ses libres possibilités de choix. Tout ceci alors que le système se prétend athéorique, ce qui est en soi une contradictio in terminis puisque tout classe- ment sous-tend une prise de position. Les prises de position qui sont défendues dans ce système sont donc totalement inconscientes, mais n'en sont que plus néfastes. En outre, cela témoigne d'un manque de vision an- thropologique, et le système n'envisage pas la moindre relation entre les différents ta- bleaux cliniques. Tous ces problèmes font que ce système ne peut servir de base fiable à une réflexion sérieuse au sujet de la psy- chiatrie et de son développement. Pourtant, ce système de consensus américain a le culot de s'imposer au reste du monde. parti dans le cadre de cet article, je ten- terai cependant volontiers de prouver cette allégation en citant une expérience réalisée par Jacques Schotte en 1999 (12). Schotte voulait démontrer que les critères du DSM ne conviennent pas pour diagnostiquer une dépression, comparativement aux critères anthropo- psychiatriques. Via un point de vue ingé- nieux, on a dosé le taux de thyrotropin releasing hormone chez tous les patients dépressifs participant à l'étude, en tant que marqueur du tonus vital. Les critères du trouble dépressif majeur selon le DSM, qui sont corrélés à ce marqueur biologique, se sont effectivement avérés beaucoup moins fiables que le critère d'anhormie de l'anthropopsychiatrie. Mieux encore: le critère d'anhormie pouvait englober toute une série de pa- tients présentant une diminution de la réponse au TRH, lesquels n'étaient pas considérés comme dépressifs selon les critères du DSM. Il en ressort que le cri- tère anthropopsychiatrique est incontes- tablement supérieur. social gique éclipse non seulement l'aspect psychologique au sein de la psychopa- thologie, mais peut-être encore davan- tage l'aspect social. Exemple: la relation entre la fréquence des suicides et les chiffres de vente des antidépresseurs. Si tout va bien, nous pouvons nous attendre à un rapport inversement proportionnel. Pourtant, que voit-on? La Belgique fait partie du peloton de tête en termes de ventes d'antidépresseurs et détient éga- lement un des taux de suicides les plus élevés en Europe! Comprenne qui pour- ra. Ici, des facteurs biologiques jouent donc incontestablement un rôle. En raison de son intérêt pour et de sa théorisation de l'Autre, Lacan a déjà introduit la psychanalyse au sein de la dimension sociale, beaucoup plus que d'objet, où l'autre reste pour ainsi dire un objet. Suite à la relation entre le sujet di- visé par rapport à l'autre, d'une part, et à la théorie freudo-szondienne des pulsions qui oscille entre le psychique et le soma- tique, d'autre part, la scission du biotope humain en biologique, psychologique et sociologique s'avère superflue. Il s'agit en effet d'un vaste ensemble complexe. De- puis «Unbehagen in der Kultur» (Malaise dans la civilisation) et «Massenpsycholo- gie und Ich-analyse» (Psychologie des masses et analyse du Moi), nous savons que tous les phénomènes sociaux sont des projections et des agrandissements des dynamiques intrapsychiques. C'est ainsi que le système judiciaire représente la fonction paternelle, tandis que la sécu- rité sociale représente un principe mater- nel. Ceci constitue une donnée cruciale dans la réflexion au sujet de ces systèmes et de leur relation avec la santé mentale. qui paraîtra dans le prochain numéro de Neurone, nous analyserons davantage la relation entre l'anthropopsychiatrie et la politique, et nous proposerons quelques solutions à des problèmes rencontrés au sein de la psychiatrie actuelle. Qu'est-ce donc en définitive que l'anthropopsychiatrie? Malheureusement, dans le cadre (étroit) de cet article, il n'est pas possible de le développer plus en détail. J'invite ceux qui désireraient en savoir plus à consulter mon livre «Naar een andere psychiatrie» (Vers une autre psychiatrie) (6). 1. research: consequences for researchers, clinicians, policy makers and patients, Psychoanalytische Perspectieven 2013; 321(1):59-78. an main 2005. Perspective, J. Neurosci 2009;29:12748-56,. Neuropsychanalyse 2010. Huber Verlag, 1972. college, Boom, 1990. l'anthropopsychiatrie: étude comparative des diagnostics «Dépression Majeure» (DSM) et anhormie (approche phénoménologique-clinique), corrélés au test TRH chez 138 patients ambulatoires, L'information psychiatrique 1999;6(75). |