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l
Neurone
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Vol 18
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N°8
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2013
trouvent partiellement leur origine dans
les mêmes facteurs génétiques (18, 19).
D'après les résultats provisoires, les
gènes qui sont tant impliqués dans le
métabolisme de la sérotonine que dans
les processus inflammatoires sont avan-
cés comme gènes candidats chez les
deux groupes de patients, ce qui peut
expliquer l'influence génétique partagée
(20).
Causes iatrogènes
Les effets iatrogènes constituent un autre
mécanisme pouvant contribuer aux co-
morbidités somatiques en cas de dépres-
sion. Parmi les classes d'antidépresseurs
les plus utilisées, citons-en deux, les in-
hibiteurs sélectifs de la recapture de la
sérotonine (ISRS) et les antidépresseurs
tricycliques (ATC). Le tableau 2 montre
que des éléments indiquent clairement
que les ATC, en particulier, peuvent être
à l'origine de perturbations métabo-
liques, tandis que la prise pondérale est
moins marquée avec les ISRS, à l'excep-
tion de la paroxétine. Etant donné que
les antidépresseurs tels que les ATC (21)
sont fréquemment utilisés, ils peuvent
expliquer une partie du risque métabo-
lique accru chez les sujets dépressifs. En
Belgique, l'utilisation d'antipsychotiques
­ essentiellement l'olanzapine et la qué-
tiapine ­ a fortement augmenté entre
2004 et 2012 (21). Ces dernières années,
on prescrit également de plus en plus
d'antipsychotiques à des personnes souf-
frant de dépression (22), certainement en
raison des effets bénéfiques observés
dans le cadre du traitement des dépres-
sions réfractaires (23). Cependant, les
antipsychotiques entraînent d'importants
effets indésirables métaboliques, bien
que ­ comme pour les antidépresseurs ­
le risque ne soit pas identique pour tous
les antipsychotiques. Le tableau 3 donne
un aperçu des risques de complications
métaboliques inhérentes aux antipsy-
chotiques les plus utilisés. C'est ainsi
qu'il s'avère par exemple que le risque
cardiométabolique de la quétiapine est
modéré, tandis que celui de l'olanzapine
est élevé. Une récente méta-analyse (4)
précise que c'est surtout cette utilisation
d'antipsychotiques qui constitue un fac-
teur important sur le plan du risque ac-
cru de troubles métaboliques chez les
personnes dépressives.
Le dépistage des facteurs de
risque métabolique chez les
personnes souffrant de
dépression majeure
Dans la population générale, l'évaluation
du profil de risque cardiovasculaire est ef-
fectuée par la première ligne de soins. Ce-
pendant, les personnes souffrant de dé-
pression majeure rencontrent souvent des
difficultés d'accès aux soins de santé glo-
baux (25, 26). Les psychiatres qui prescri-
vent les antidépresseurs et les antipsycho-
tiques au patient sont donc souvent les
mieux placés pour coordonner l'évalua-
tion des risques et la prise en charge, sur-
tout si des accords concrets sont conclus
au sujet du partage des soins entre la mé-
decine générale et les soins spécialisés. Il
est dès lors important d'obtenir une éva-
luation du profil de risque cardiovasculaire
dès la première consultation psychiatrique,
de sorte que les modifications durant le
traitement puissent être suivies adéquate-
ment. Dans un précédent article (27), nous
avons déjà fait référence à la recomman-
dation européenne de la European Psy-
chiatric Association
(EPA) (28), qui affirme
que l'anamnèse et l'examen lors de la pre-
mière consultation psychiatrique doivent
au moins englober les aspects suivants:
·
les antécédents médicaux: mala-
dies cardiovasculaires, diabète ou
affections apparentées;
·
l'anamnèse familiale relative aux
maladies cardiovasculaires, au dia-
bète ou aux affections apparentées;
·
le tabagisme;
·
l'indice de masse corporelle (IMC);
Il est important d'obtenir une
évaluation du profil de risque
cardiovasculaire dès la
première consultation
psychiatrique, de sorte que
les modifications durant le
traitement puissent être
suivies adéquatement.
Antipsychotique
Risque d'effets indésirables métaboliques
Amisulpride
Léger
Aripiprazole
Faible
Asenapine
Faible (? données limitées)
Chlorpromazine
Elevé (? données limitées)
Clozapine
Elevé
Halopéridol
Faible
Ilopéridonev
Léger (? données limitées)
Lurasidone
Faible (? données limitées)
Olanzapine
Elevé
Perphénazine
Faible
Quétiapine
Modéré
Rispéridone
Léger
Sertindole
Léger
Ziprasidone
Faible
Tableau 3: Risque de troubles métaboliques induits par différents antipsychotiques (25).