![]() sant antidote aux illégitimes prétentions et aux présomptions des biologistes ré- ductionnistes, au délire du DSM, à la ploutocratie psychopharmaceutique et au monde cognitivo-comportemental triomphant, bien que superficiel. Les ennemis sont puissants, la lutte sera longue, mais la vérité du sujet malade demande un engagement sérieux. Avec les conclusions de Ludwig Binswanger en tête, Jacques Schotte af- firme que seule la psychanalyse répond aux conditions permettant d'offrir une base à cette autre psychiatrie. La psycha- nalyse dispose en l'occurrence d'une méthodologie «ethic-proven», là où la psychiatrie n'en a pas (autre vide). Tant sur le plan thérapeutique technique qu'en termes d'études, elle a prouvé qu'elle fonctionne. Je vous renvoie à ce sujet à une longue liste de publications des 10 dernières années (vous les trouve- rez dans mon livre) (6), que vous ne connaissez probablement pas bien, car elles sont réduites au silence, mais qui démontrent dans les moindres détails l'importance et l'efficacité de cette pen- sée et, partant, de la thérapie qui en constitue le fondement. En outre, la psy- chanalyse peut puiser dans une énorme quantité d'idées théoriques et elle entre- tient des rapports inégalés avec toutes les autres sciences humaines, telles que la philosophie, la linguistique, la sociolo- gie, l'anthropologie culturelle... et, last but not least, avec le monde artistique, de la littérature aux arts de la scène, en passant par la musique et les Beaux-Arts. En ce sens, je prépare un ouvrage consa- cré à la vie et à l'oeuvre de Richard Wagner, classiquement considéré comme marginal, mais néanmoins génial... Tout comme Shakespeare et Dostoïevski, il est l'un des précurseurs de Freud, dont l'oeuvre a livré une analyse inégalée de la complexité de l'âme humaine. En outre, le fait qu'il était tout sauf un indi- tif pour nous: qu'est-ce que la maladie, la normalité, le génie? Que pourrait nous apprendre la science cognitive à cet égard? peler que la psychanalyse est la mère de pratiquement toutes les psychothérapies dérivées, à l'exception des sciences com- portementales. Ces dernières années, la psychanalyse se tient cependant sur la défensive, car elle ne cadre pas bien dans ces temps de vitesse, de goût pour la faci- lité, de manque d'engagement et de vi- sion à long terme. Contrairement à ce que d'aucuns pensent, elle est bien vivante et reste une source infinie d'inspiration. Avec Freud et Mark Twain, elle peut affir- mer: «Les messages de ma mort sont for- tement exagérés...». Elle a quelque chose d'un phénix ressuscitant sans cesse, d'une mauvaise herbe tenace, «l'inconscient, c'est de la merde» (sic)... La psychana- lyse est toujours pratiquée par un nombre sans cesse croissant de thérapeutes, bien que ce soit parfois sous sa forme édulco- rée, «on analytic lines». également «inconscient»... un concept qu'un certain nombre de psychiatres ont toujours du mal à appréhender et cela va d'objections personnelles à une néga- tion complète. Etrange, pour des per- sonnes qui sont quotidiennement confrontées à ses manifestations! Même les premiers psychiatres n'ont pu négli- ger ce concept. C'est ainsi que Griesin- ger, qui a proclamé que «les maladies mentales sont des maladies cérébrales», a affirmé en 1860 que le système neuro- logique sensitif est séparé du système moteur par une atmosphère intermé- diaire mystérieuse. Selon lui, cette «at- mosphère» est vaste et caractéristique de l'individu, bien plus que le nombre rela- tivement limité d'idées conscientes qui y circulent (7). La part inconsciente est donc bien plus importante. Nobel de médecine en 2000, est arrivé à la conclusion qu'il pouvait tracer l'in- conscient dans un certain nombre de formes de mémoire qu'il étudiait, en l'occurrence la mémoire narrative ou explicite et la mémoire procédurale ou implicite (8). L'une joue un rôle dans les associations libres, l'autre dans le trans- fert, deux mécanismes cruciaux dans le cadre du processus analytique. La phy- siologie cérébrale moderne peut encore difficilement comprendre ses observa- tions en faisant abstraction du concept de l'inconscient, qui devient de plus en plus une évidence fondamentale, suite aux données de recherche cumulatives. Depuis une dizaine d'années, cette évo- lution donne lieu à l'une des sciences explicatives les plus récentes: la neuro- psychanalyse, qui jette continuellement et avec succès un pont entre les don- nées d'études et les concepts issus de la psychanalyse. A cet égard, les travaux de Magistretti et Ansermet se révèlent exem- plaires (9). Les concepts issus de la psy- chanalyse trouvent chaque fois leur confirmation dans les nouvelles données d'études. ne sait toujours pas comment on peut faire de l'inconscient qui échappe par définition continuellement à toute ratio- nalisation une discipline universitaire scientifique. Jacques Schotte a abordé cette problématique en considérant l'in- conscient au départ des pulsions (le «Ça»), plutôt que de s'attacher aux idées refoulées. En définitive, le circuit des pulsions de Szondi constituera la base de son anthropopsychiatrie. Par la suite, Schotte a démystifié ces pulsions en les mettant en relation avec les grandes tâches vitales inhérentes à la condition humaine. C'est ainsi qu'il est paradoxa- lement arrivé à une structuration de l'in- conscient dynamique, d'une manière totalement différente de Lacan, par exemple. En considérant les choses sous |