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Onco
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Vol 7
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N°2
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2013
lial vasculaire 2 (KDR) et de CD133 et l'augmentation du ni-
veau de l'ARNm de KDR en corrélation avec le niveau d'ex-
pression de la protéine M sont caractéristiques des cellules
endothéliales progénitrices dans le MM. De plus, ils ont montré
cliniquement que la réponse au thalidomide est associée à une
diminution du nombre des cellules endothéliales circulantes et
des cellules endothéliales progénitrices. Lors de la transition du
stade de GMSI vers le MM, les cellules endothéliales progéni-
trices sont souvent plus fréquemment détectées dans la moelle
osseuse des patients avec un MM que chez les patients non
malades ou atteints de GMSI (33). De façon intrigante, ces cel-
lules endothéliales circulantes semblent partager les mêmes
aberrations chromosomiques que les cellules myélomateuses,
suggérant qu'elles dérivent du même type de cellules précur-
seurs de tumeur ou que les cellules endothéliales circulantes
sont des hybrides des plasmocytes avec les cellules endothé-
liales préexistantes.
En plus des cellules endothéliales et des cellules stromales,
d'autres cellules de la moelle osseuse participent également au
processus angiogénique (Figure 2). Ces cellules myéloma-
teuses s'infiltrent dans la moelle osseuse et interagissent avec
les cellules environnantes pour permettre leur propre crois-
sance et leur prolifération. D'autres cellules vont également
sécréter différents facteurs impliqués dans le switch angiogé-
nique. Wang et al. ont démontré que les cellules souches mé-
senchymateuses des patients atteints de MM exprimaient plus
de facteurs angiogéniques (FGF, HGF, VEGF) que les donneurs
sains (34). Ils ont également démontré que les milieux condi-
tionnés de ces cellules souches dérivées du MM contribuaient
davantage à la prolifération, à la chimiotaxie et à la formation
des tubules des HUVECs que ceux dérivés de patients sains.
D'autre part, les cellules inflammatoires sont capables de régu-
ler les fonctions des cellules endothéliales liées à l'angiogenèse,
qu'elles soient physiologiques ou associées au développement
tumoral. Les composantes inflammatoires d'un développement
tumoral peuvent inclure diverses populations de leucocytes
(comme par exemple des neutrophiles, des cellules dendri-
tiques, des macrophages, des éosinophiles ou encore des
lymphocytes) capables de produire des cytokines et des
chémokines. Les macrophages associés aux tumeurs sont un
composant important pour l'infiltration inflammatoire dans les
tissus malins et dérivent de monocytes recrutés par la chémo-
kine MCP (monocyte chemoatractant protein). Ces macrophages
associés aux tumeurs ont deux rôles contradictoires dans le
développement de celles-ci. Ils peuvent tuer les cellules
cancéreuses, mais peuvent également produire de nombreux
facteurs de croissance favorisant l'angiogenèse (VEGF, FGF-2,
TNF-, IL-8), ainsi que des cytokines et des métalloprotéinases
(MMP-2, MMP-7, MMP-9, MMP-12) favorisant la progression
tumorale. Récemment, il a été démontré que les macrophages
participaient également à la réponse angiogénique dans le MM.
Ces macrophages peuvent ainsi être transformés en cellules
fonctionnelles phénotypiquement similaires aux cellules endo-
théliales exposées au VEGF et générer des réseaux ressem-
blant aux capillaires sanguins. Ces macrophages ressemblant
aux cellules endothéliales contribuent à la formation des nou-
veaux vaisseaux chez les patients atteints de MM (35).
Les adipocytes sont une autre source de cytokines pro-angiogé-
niques. Les adipocytes de la moelle osseuse sont absents chez
les nouveau-nés, mais leur nombre augmente avec l'âge, résul-
tant en un dépôt d'adipocytes occupant jusqu'à 90% de la cavité
de la moelle osseuse chez les personnes plus âgées. Etant donné
que le MM est une maladie touchant principalement les per-
sonnes âgées et que les cellules myélomateuses interagissent
avec les cellules environnantes, les interactions entre les adipo-
cytes et les cellules malignes ont été étudiées. Celles-ci ont mon-
tré que les adipocytes aidaient au développement des cellules
cancéreuses en affectant la prolifération, l'apoptose, la migration
et l'adhésion. Il a été décrit que les adipocytes de la moelle os-
seuse sécrètent des cytokines, des chémokines et des facteurs
angiogéniques impliqués dans la progression du MM, comme par
exemple le VEGF et le FGF-9 (36).
Les suspects: les facteurs
angiogéniques
Les cellules myélomateuses sécrètent des médiateurs pro-
angiogéniques, tels que le VEGF (37), le FGF-2 (9), les métallo-
protéinases (MMPs) (9, 38), le TGF- (39) ou le HGF (40).
D'autres cellules de la moelle osseuse sécrètent également des
facteurs angiogéniques, comme par exemple les cytokines IL-6,
IGF-1, VEGF et CXCL12/SDF1, contribuant à la croissance tu-
morale et à l'angiogenèse (24). De plus, le groupe de Hose et
al. (41) a montré que les plasmocytes présents dans la moelle
osseuse saine exprimaient en excès des facteurs pro-angiogé-
niques. Dès lors, une accumulation de plasmocytes peut déjà
induire un niveau basal d'angiogenèse dans la moelle osseuse.
L'activation aberrante des gènes codant pour des facteurs pro-
angiogéniques et la répression des gènes codant pour les fac-
teurs anti-angiogéniques induite par les cellules myélomateuses
peuvent de ce fait mener à une augmentation des stimuli an-
giogéniques générés par les plasmocytes, expliquant ainsi la
présence de processus angiogéniques à différentes étapes de la
maladie.