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Onco
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Vol 7
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N°2
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2013
fibroblastes de multiples facteurs de croissance et initier le
phénomène d'angiogenèse. Elles vont également activer les cel-
lules immunitaires et inflammatoires et perturber la balance qui
existe entre les ostéoblastes et les ostéoclastes menant à l'os-
téolyse (3). L'étude de l'expression des gènes des cellules myé-
lomateuses dans la GMSI et dans le MM a montré qu'elles dif-
féraient génétiquement des plasmocytes non malins, mais qu'il
n'y avait que peu de différence entre les plasmocytes malins
des patients atteints de GMSI ou de MM (4, 5). De ce fait, les
changements induits dans le micro-environnement de la moelle
osseuse ont plus d'importance que les altérations génétiques
dans la différenciation entre GMSI et MM.
Dans cette revue, les relations entre l'angiogenèse et la pro-
gression du MM seront présentées. L'angiogenèse est définie
comme étant le résultat de la formation de nouveaux vais-
seaux sanguins provenant de la vasculature déjà présente et
d'un processus multiple comprenant la dégradation de la ma-
trice extracellulaire, la migration des cellules endothéliales (CE)
et la formation d'un plexus vasculaire supporté par les péri-
cytes et les constituants de la membrane basale (6, 7). Ces
processus sont cruciaux pour la croissance tumorale, ainsi que
pour l'invasion et le processus métastatique jouant un rôle
dans différentes maladies hématologiques (8-11).
L'angiogenèse dans le myélome
multiple
L'augmentation de l'angiogenèse dans le myélome multiple a
été observée pour la première fois par Vacca et al. en 1994 (9).
Ils ont étudié la présence des cellules endothéliales dans la
moelle osseuse obtenue par biopsie de patients atteints de
GMSI et ont ensuite mesuré la densité des micro-vaisseaux
comme étant un marqueur de l'angiogenèse. La densité des
micro-vaisseaux était significativement augmentée dans la
moelle des patients atteints de MM ou de GMSI par rapport à
celle des patients sains, suggérant ainsi le développement de
nouveaux vaisseaux sanguins (11). Ces résultats ont été confir-
més par d'autres études, qui ont de plus corrélé le développe-
ment des micro-vaisseaux avec d'autres facteurs pronostiques
du MM (12-16).
La formation d'un réseau vasculaire dense à partir d'une hyper-
plasie pré-vasculaire permettant à la tumeur de se développer
est appelé «switch angiogénique». Cette formation est contrô-
lée par des changements dans la balance existant entre l'ex-
pression des facteurs pro- et anti-angiogéniques sécrétés par
les cellules cancéreuses ou par les cellules du micro-environne-
ment. Ces facteurs pro-angiogéniques sont entre autres induits
par les stress environnementaux, comme l'hypoxie, le manque
de glucose, la formation de dérivés réactifs de l'oxygène, l'aci-
dité cellulaire, la déficience en métaux, l'activation d'oncogènes
ou encore la perte des gènes suppresseurs de tumeur (17).
En utilisant un modèle de souris pour le myélome multiple,
Asosingh et al. ont montré que le switch angiogénique était
précédé par l'expression du facteur de croissance endothélial
vasculaire (VEGF) par les plasmocytes CD45 négatifs (que ce
soit au niveau de l'ARNm ou protéique) (11). Par ailleurs,
d'autres études ont montré que l'expression du VEGF et du
facteur de croissance des fibroblastes-2 (FGF-2) était sem-
blable dans différents stades de la GMSI et du MM, suggérant
que l'augmentation de l'angiogenèse dans le MM était plus un
reflet de l'activité tumorale qu'une simple augmentation de
l'expression des facteurs angiogéniques par les plasmocytes (18).
Différentes molécules ayant un effet anti-angiogénique ont été
identifiées; certaines sont des protéines et d'autres sont le ré-
sultat d'un clivage protéolytique de protéines ayant initialement
une activité anti-angiogénique (19). Dans le MM, des inhibiteurs
endogènes, tels que la thrombospondine-1 (TSP-1), l'angiosta-
tine (fragment de la plasmine) et l'endostatine (fragment du
collagène de type 18), ont été étudiés. Pour et al., entre autres,
ont corrélé la concentration de la TSP-1 dans la moelle osseuse
de patients souffrant de MM avec leur réponse aux traitements
thérapeutiques (20). D'autre part, Fujii et al. ont démontré que
l'administration d'endostatine, fragment C-terminal de 20 kDa
du collagène 18, inhibait l'apparition de tumeurs et de maladies
osseuses associées dans un modèle murin de MM (21). De fa-
çon surprenante, il a été montré que la quantité d'endostatine
est plus élevée dans le sérum des patients atteints du MM que
dans les patients sains, indiquant que les cellules malignes
peuvent également produire des facteurs anti-angiogéniques
ou que l'activité protéolytique est plus importante chez les
patients malades (22).
Le partenariat entre cellules endo-
théliales et cellules environnantes
La micro-vascularisation est un composant actif du stroma tu-
moral. Dans le MM, celle ci est responsable de l'apport en oxy-
gène et en nutriments pour la tumeur, et constitue une voie
pour la migration et l'implantation des cellules myélomateuses
dans la moelle osseuse. De plus, les cellules endothéliales loca-
lisées dans la moelle sont impliquées dans les interactions para-
crines avec les cellules tumorales (23). Les vaisseaux sanguins
associés aux tumeurs sont composés d'une seule couche de
cellules endothéliales en contact avec la membrane basale et
entourées de rares péricytes. Ces cellules endothéliales pro-