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Onco
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Vol 7
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N°2
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2013
proche de la réalité fonctionnelle que la génomique, puisque le
fonctionnement cellulaire dépend des protéines produites.
Certains marqueurs sériques ont été associés à un mauvais
pronostic dans le mélanome, mais peu sont employés en cli-
nique. Ainsi, la lactate déshydrogénase (LDH) est corrélée à la
charge tumorale et est un important facteur indépendant de
pronostic chez les patients en stade IV (11).
Etude des acides nucléiques
(ADN et ARN)
Hybridation in situ (HIS)
L'HIS permet de mettre en évidence des séquences spéci-
fiques d'ADN ou d'ARN par l'emploi de séquences d'ADN et
d'ARN marquées pouvant s'hybrider avec des séquences com-
plémentaires présentes dans le tissu à analyser.
L'HIS en fluorescence (FISH) est une technique cytogénétique
détectant des anomalies dans le nombre de copies d'une sé-
quence d'ADN ou des translocations chromosomiques. Son
avantage est la visualisation directe sur le tissu et la corrélation
entre la morphologie et les anomalies génomiques. Elle peut
être réalisée sur du tissu frais ou fixé au formol. Par ailleurs,
l'emploi de sondes marquées par des couleurs différentes per-
met la recherche simultanée de plusieurs altérations dans un
même tissu. Le nombre de spots colorés indique le nombre de
copies de la séquence étudiée dans le noyau (12).
Comparative genomic hybridization (CGH)
Cette méthode compare l'ADN issu de la tumeur mélanocy-
taire à l'ADN d'un tissu normal de référence du même indi-
vidu et met en évidence des gains ou pertes de copies
d'ADN. Elle peut également être réalisée sur tissu frais ou
fixé au formol.
Puces à ADN ou gene microarrays
Le principe est basé sur la technique d'hybridation et explore
le transcriptome. De simples brins d'ADN spécifiques de diffé-
rents gènes sont immobilisés sur un support solide et consti-
tuent les sondes qui pourront détecter des cibles complémen-
taires marquées, extraites du tissu à analyser. Les mARN sont
extraits et convertis en ADNc. Les signaux d'hybridation
peuvent être détectés par fluorescence et quantifiés. Les puces
à ADN, applicables aux tissus frais et fixés, permettent de me-
surer simultanément et quantitativement l'expression de plu-
sieurs milliers de gènes (8).
Polymerase chain reaction (PCR) et RT-PCR
Des séquences d'ADN ou d'ARN sont identifiées après ex-
traction à partir de tissus frais ou fixés au formol et amplifica-
tion de manière exponentielle par une réaction chimique cy-
clique réalisée à température définie. La sensibilité de cette
méthode est nettement supérieure à celle de l'immunohisto-
chimie (8).
Multiplex ligation-dependent probe amplification
(MLPA)
L'amplification multiplex de sonde nucléique dépendant des li-
gatures (Multiplex ligation-dependent probe amplification ­
MLPA) correspond à une technique de quantification génique
basée sur la liaison et l'amplification d'oligonucléotides, qui éta-
blit une distinction entre les nombres de copies de séquences
d'ADN spécifiques. Cette technique permet l'amplification de
plusieurs sites ciblés au moyen d'une seule paire d'amorces (8).
Elle détecte ainsi une moyenne de 12,04 aberrations géné-
tiques dans des mélanomes, tandis que les naevi communs et
de Spitz ne présentent des modifications du nombre de copies
que pour 1 ou 2 gènes (moyenne de 1,04) (1).
Régulation intrinsèque du cycle
cellulaire
Chaque étape du cycle cellulaire est contrôlée par l'expression
de protéines stimulant ou inhibant la prolifération cellulaire. Les
cyclines activent des kinases cyclines-dépendantes (CDKs) qui
contrôlent le cycle cellulaire à différents points clés (passage de
phase G1 à S, de S à G2, entrée en mitose) (7).
Les inhibiteurs de ces CDK, p16
INK4A
et p14
ARF
, exercent un
contrôle négatif sur la prolifération cellulaire (Figure 1).
CDKN2A
Les altérations du locus CDKN2A sont les plus fréquentes
dans le mélanome; ce gène est identifié comme un gène de
susceptibilité familiale à développer un mélanome. Entre 10%
et 40% des mélanomes familiaux présentent des mutations du
gène CDKN2A (6).
Il code pour p16
INK4A
et p14
ARF
, protéines inhibant le cycle cel-
lulaire: p16
INK4A
régule la voie du Rb1, tandis que p14
ARF
est
impliquée dans la voie de p53. Ainsi, toute perte fonctionnelle
de l'une et/ou l'autre de ces protéines résulte en la perte de
l'inhibition de la croissance cellulaire aboutissant à une prolifé-
ration incontrôlée (6).
p16
INK4A
et voie Rb1
Rb1, molécule clé du cycle cellulaire, inhibe à son état natif la
transition G1/S. Sa phosphorylation, liée à l'activité du com-
plexe cycline D1/CDK4 (CCND1/CDK4), l'inactive et induit la
progression de la cellule en phase S. L'activité du complexe
CCND1/CDK4 dépend de p16
INK4A
: des taux élevés l'inactivent