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Onco
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Vol 7
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N°2
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2013
Les vaccins peuvent se composer de cellules tumorales entières
ou de parties de celles-ci (protéines, ADN). L'effet du traitement
peut être surveillé sur les plans immunologique et clinique.
Etant donné que les effets biologiques des vaccinations ne sont
généralement constatés qu'après plusieurs mois ou années,
l'efficacité est la mieux reflétée par la survie globale (OS).
La prostate est un organe cible intéressant pour un traitement
par vaccination, car la faible croissance donne suffisamment de
temps au système immunitaire pour créer une réponse
antitumorale efficace. De plus, la prostate est un organe non
essentiel et la destruction du tissu prostatique normal ne pose
pas de problème (3).
Essais sur la vaccination contre le
cancer de la prostate
Sipuleucel-T
Le sipuleucel-T se compose de CPA autologues qui sont acti-
vées in vitro avec une protéine de fusion recombinante, PA2024,
composée de l'antigène cible phosphatase acide prostatique
(PAP) lié au granulocyte macrophage colony-stimulating factor
(GM-CSF). La PAP est un antigène fortement exprimé par les
cellules du CP. Ce vaccin est préparé de manière individualisée
(cellules autologues); sa production est donc coûteuse et
prend beaucoup de temps. Le mécanisme de fonctionnement
précis n'est pas encore connu, mais, outre l'activation des cel-
lules T spécifiques par les CPA, une stimulation antitumorale
générale joue probablement aussi un rôle important (4).
Trois essais multicentriques randomisés en double aveugle de
phase III ont étudié l'efficacité de ce vaccin chez des patients
CPRC métastatiques (5-7; tableau 1). Dans les groupes de
contrôle, une leucaphérèse a également été réalisée, durant
laquelle un tiers des CPA ont été réintroduites sans activation
avec la PA2024. En cas de progression de la maladie, ces pa-
tients avaient la possibilité de faire activer les deux tiers de
leurs CPA restantes congelées avec le PA2024 et donc de subir
une immunothérapie de sauvetage (5, 6).
L'essai D9901 (7) et l'essai D9902A (6) ont inclus ensemble
225 patients. Aucun avantage statistique n'a pu être démontré
concernant la durée jusqu'à progression de la maladie (TTP),
qui était l'objectif primaire des essais. Cependant, un avantage
en termes d'OS de 4,3 mois a été observé et les patients trai-
tés au sipuleucel-T présentaient une réduction du risque de
mortalité de 33% (6). L'objectif du grand essai «Immunotherapy
for Prostate Adenocarcinoma Treatment
» ou IMPACT (D9902B,
5) réalisé parmi 512 patients était la survie globale; il a montré
un avantage médian en termes de survie de 4,1 mois pour les
patients traités au sipuleucel-T. La survie à 3 ans est également
nettement meilleure dans ce groupe (31,7% versus 23,0%). On
a craint au départ que ce résultat soit dû aux différences de
traitement ultérieur au docétaxel. Cependant, après correction
pour ce facteur, il subsiste un avantage cohérent en termes de
survie pour le groupe sipuleucel-T.
Dans l'essai IMPACT, la réponse immunitaire de 237 patients a
été évaluée. La prolifération des cellules T en présence de la
PA2024 a été rapportée dans le groupe sipuleucel-T et le
groupe de contrôle (73% contre 12%). La prolifération des
cellules T en présence de la PAP a été constatée dans les deux
groupes (27,3% contre 8%). Aucune association n'a été relevée
entre la prolifération des cellules T et la survie (5). Par ailleurs,
les résultats de l'évolution du PSA étaient moins clairs, proba-
blement aussi compte tenu du manque de données. Le vaccin
a été très bien toléré et la plupart des effets secondaires
étaient modérés. Cet essai IMPACT a finalement mené à l'ap-
probation du sipuleucel-T par la Food and Drug Administration
américaine (FDA, 4).
Vaccins basés sur des vecteurs de virus recombinants
codant pour le PSA
Des vecteurs de virus de la variole recombinants ont ainsi été
utilisés. Pour encore favoriser la réponse immunitaire, des mo-
lécules immunomodulatrices supplémentaires ont été incluses
dans la vaccination. Ce vaccin n'est pas individualisé et peut
donc facilement être produit. Une vaste étude randomisée
multicentrique de phase III est prévue pour ce vaccin; seuls les
résultats de 7 essais de phase II sont pour l'instant connus (8-
15; tableaux 2 et 3). Certains combinaient la vaccination à
d'autres thérapies et le stade de la maladie des patients inclus
diffère aussi selon les essais.
Le plus grand, le plus récent et l'unique essai en double aveugle
a randomisé 125 patients atteints d'un CPRC métastatique
naïfs traités par chimiothérapie (8). Le vaccin basé sur des vec-
teurs de virus recombinants de la variole le plus connu, PROS-
TVAC-VF (qui comprend de l'ADN codant pour le PSA), a été
administré au groupe expérimental alors que des vecteurs
vides ont été injectés au groupe de contrôle. A nouveau, aucun
effet n'a pu être démontré sur le TTP, mais les patients traités
avec le PROSTVAC-VF ont présenté un avantage médian en
termes de survie de 8,5 mois (25,1 mois versus 16,6 mois; p =
0,0061) et une augmentation de la survie à 3 ans (30% versus
17%). Un autre essai a conclu que les tumeurs indolentes tirent
probablement plus de bénéfices du traitement (9). Sur le plan
immunologique, aucun des 7 essais n'a démontré une hausse