background image
44
Onco
l
Vol 7
l
N°2
l
2013
ON0486F
Diagnostic optimal et
stadification des masses
pancréatiques focales
Dominique-Jean Bouilliez, d'après la présentation du Pr Jean-Luc Van Laethem (Erasme, ULB) au cours de la session organisée
par le Belgian Pancreatic Club dans le cadre de la XXV
e
Belgian Week of Gastroenterology, à Anvers le 28 février 2013
«Comme aucun diagnostic de précision ne peut être réa-
lisé, lorsqu'on parle de pancréas, sans l'apport conjoint du
gastroentérologue, de l'endoscopiste, du radiologue, de
l'oncologue, du pathologiste et du chirurgien
, rappelle
d'emblée le Pr Jean-Luc Van Laethem, c'est donc dans le
cadre d'une multidisciplinarité qu'il faut comprendre les
divers moyens mis à notre disposition afin de savoir s'il
s'agit d'un cancer ou, dans la négative, s'il s'agit d'une lé-
sion bénigne inflammatoire, surtout s'il existe un contexte
de pancreatite associée, et s'il faut un prélèvement pré-
opératoire lorsqu'un geste chirurgical se dessine...
»
Dans cette optique, les techniques diagnostiques sont
multiples, quelle que soit la spécialité concernée, pour
déterminer la nature cancéreuse ou non (Tableau 1)
des masses pancréatiques solides (1).
La sensibilité des techniques d'imagerie est générale-
ment bonne: 98% pour l'échographie endoscopique,
77% pour le CT-scan, 88% pour l'IRM, 87% pour le PET-
scan et 90% pour la cholangiopancréatographie rétro-
grade endoscopique (ECRP). Mais leur spécificité et
leur précision laissent parfois à désirer, encore une fois
en cas de pancréatite coexistante... «Cela dit, précise
le Pr Van Laethem, il faut bien connaître les compétences
du spécialiste en imagerie car toutes ces techniques ont à
peu de choses près la même sensibilité et la même spéci-
ficité tant pour le diagnostic que pour la stadification
lorsqu'elles sont réalises par des mains expertes...
»
Adénocarcinome ou PNET?
Dans certains cas, le diagnostic présomptif est plus aisé:
l'adénocarcinome est une tumeur généralement hypo-
vasculaire, alors que les NET sont habituellement hyper-
vascularisés et contiennent plus souvent des calcifica-
tions (20% contre 2%); la tumeur enrobe plus souvent
les vaisseaux en cas d'adénocarcinome, alors que les
NET infiltrent les vaisseaux. Enfin, si les adénocarcinomes
envahissent généralement les voies biliaires (contraire-
ment aux NET), la nécrose centrale et la dégénéres-
cence kystique sont plutôt l'apanage des NET (2).
Affection maligne ou lésion de
pancréatite?
La distinction entre pancréatite focale et adénocarci-
nome est difficile, autant sur le plan clinique et radiolo-
gique qu'histologique. Les deux premières lésions sont
hypoéchogènes à l'échographie et sont sous-atténuées
au CT-scan. Elles ont par ailleurs une même intensité du
signal en pondération T1 et T2 et en imagerie pondérée.
Dans ce cadre, des signes de pénétration des voies bi-
liaires (3) et d'irrégularités des canaux pancréatiques, et
ONCOLOGIE GASTRO-INTESTINALE
Les techniques d'imagerie ont une efficacité similaire lorsqu'il
s'agit de diagnostiquer et de stadifier une masse pancréa-
tique, ce qui laisse une large place à l'expérience et à
l'expertise du radiologue pour le choix de la technique qui
doit être intégrée dans l'histoire clinique du patient. La multi-
disciplinarité est en ce sens une priorité incontournable.
Le point sur la littérature.
Peer-reviewed article
Lésions néoplasiques
- Adénocarcinome pancréatique: 85-95%
- Tumeur neuroendocrine du pancréas (PNET): 1-5%
- Métastases pancréatiques: 2-5%
- Tumeur solide pseudopapillaire: 1-2%
- Pancréatoblastome: 0,2%
- Lymphome pancréatique: 0,5%
- Autres...
Lésions non néoplasiques
- Pancréatite chronique focale
- Pancréatite focale auto-immune
- Infiltration-substitution graisseuse (lipomatose)
- Rate accessoire intrapancréatique
- Lobulation pancréatique et autres anomalies congé-
nitales
- Sarcoïdose pancréatique
- Maladie de Castleman pancréatique
Tableau 1: Origine des masses pancréa-
tiques solides.