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Onco
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Vol 7
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N°2
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2013
nation est faible. Seuls quelques essais mentionnent une baisse
du PSA de 50% et chez un nombre limité de patients
(5, 6, 17). Compte tenu de l'absence de réponse PSA, il est
difficile de quantifier l'avantage clinique des vaccins. Les résul-
tats pourraient, de plus, être influencés par des variables pro-
nostiques inconnues qui étaient réparties de manière acciden-
tellement déséquilibrée dans les groupes. L'absence de baisse
du PSA fait suspecter que l'effet du vaccin ne consiste pas tant
à détruire le tissu tumoral, mais qu'il entraîne plutôt une stabi-
lisation ou même peut améliorer l'efficacité d'autres traite-
ments ultérieurs. Ce dernier point semble improbable étant
donné que les courbes de survie s'écartent déjà après 6 mois.
Aucun essai n'a montré un lien clair entre la réponse immuni-
taire et les résultats cliniques. Dans l'essai IMPACT, les patients
sipuleucel-T présentaient cependant une augmentation de la
réponse immunitaire des cellules T en présence de la PA2023
(73% contre 12,1%). Dans les essais basés sur le vecteur de
virus de la variole, aucune augmentation des anticorps PSA n'a
été retenue, mais Gulley et al. ont cependant constaté une
multiplication par 2 des cellules T spécifiques au PSA chez 13
des 29 patients (44,8%). De plus, cet essai a démontré une
tendance (p = 0,055) à l'amélioration de la survie chez les
patients avec une multiplication par 6 (9).
Pour le moment, aucune méthode standard n'est disponible pour
mesurer la réponse immunitaire. Le manque de lien clair entre
l'induction d'une réponse immunitaire spécifique à l'antigène et les
résultats cliniques crée un certain scepticisme concernant l'immu-
nothérapie. Une solution possible est la détection des cellules T
spécifiques aux tumeurs dans les tissus. Pour les mélanomes, il a
été démontré que la migration de cellules T comprises dans le
vaccin vers la peau (détectée par le biais de biopsies après 48h sur
la base des foyers de réaction d'hypersensibilité) est très bien cor-
rélée avec des résultats cliniques (22, 23). Des tests similaires
seraient très intéressants pour la population CP.
De plus, on sait actuellement peu de choses sur la cinétique
des cellules injectées chez des patients traités au sipuleucel-T. Il
serait intéressant d'étudier si ces cellules arrivent dans les gan-
glions lymphatiques et sont réellement capables d'activer les
cellules T. L'imagerie, comme la résonance magnétique ou la
scintigraphie, qui a déjà prouvé son intérêt dans le suivi de
cellules marquées chez les patients, pourrait s'avérer utile ici
(24). La tomographie par émission de positons/TDM utilise
déjà actuellement des biomarqueurs métaboliques pour déter-
miner la capacité de prolifération des cellules. Cela peut être
utile pour étudier l'effet du vaccin sur les cellules tumorales ou
la capacité de prolifération des cellules du système immunitaire
dans les ganglions lymphatiques.
En général, les vaccins présentaient un bon profil de sûreté,
avec la plupart du temps des effets secondaires modérés. Au-
cun risque cardiovasculaire accru important n'a été retenu
dans l'essai IMPACT (5), même si cela a été mentionné aupara-
vant (6). Sur les 4 essais cliniques avec le sipuleucel-T, 3,5%
d'événements cardiovasculaires (notamment AVC hémorra-
gique et ischémique) ont été retenus dans le groupe expéri-
mental contre 2,6% dans le groupe de contrôle. L'existence
d'un lien de cause à effet entre ces événements et les traite-
ments n'est pas claire (4). Une étude post-marketing sera de
toute façon organisée pour évaluer ce risque chez 1.500 pa-
tients. Des effets secondaires graves sont donc peu probables,
mais la surveillance des patients reste importante.
La question qui se pose encore est de savoir si le coût du traite-
ment par sipuleucel-T est justifié par la possibilité d'un réel avan-
tage en termes de survie. Les patients ne sont pas guéris par le
traitement, mais la survie est prolongée avec des effets secon-
daires minimes, et le premier traitement non hormonal chez ces
patients CPRC est retardé. Pour les autres vaccins, comme les
vaccins à base de cellules tumorales entières, de peptides, d'ADN
et de vecteurs de virus de la variole, d'autres essais seront pu-
bliés prochainement et les résultats sont attendus avec impa-
tience. Pour d'autres tumeurs comme le cancer du côlon (Onco-
vax
®
), le carcinome des cellules rénales (Reniale
®
), le mélanome
(Oncophage
®
), le cancer du pancréas (PANVAC-VF
®
) et le can-
cer du poumon (Stimuvax
®
), les résultats concernant la thérapie
de vaccination sont aussi très prometteurs.
Futurs essais
Pour évaluer les vaccins contre le cancer de la prostate dans de
futurs essais, il est important d'utiliser certains principes. Tout
d'abord, les essais de phase I sont essentiels pour identifier la
dose optimale pour les essais ultérieurs. De plus, il faut toujours
inclure un groupe de contrôle adapté (avec placebo ou
comparateur actif).
Il faut aussi accorder de l'attention à la sélection de la popula-
tion de patients. Sur le plan théorique, les patients non symp-
tomatiques ou très peu symptomatiques avec des tumeurs in-
dolentes métastatiques ou non métastatiques et un faible vo-
lume tumoral qui n'ont pas encore reçu de chimiothérapie
sont les plus adéquats. Les nomogrammes de Halabi peuvent
éventuellement être utilisés en sélectionnant de préférence
des patients avec une survie estimée à 18 mois (9). Bien sûr,
l'inconvénient pour les patients à un stade assez précoce de la
maladie est qu'il faudra beaucoup de temps avant que des ré-
sultats d'essais soient disponibles. Pour le moment, le sipuleu-