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Onco
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Vol 7
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N°2
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2013
tion d'oncogènes, inhibition de gènes suppresseurs de tu-
meurs,...). De façon simplifiée, le développement tumoral ré-
sulte d'une perte du contrôle du cycle cellulaire et donc d'un
déséquilibre entre croissance et mort cellulaires: stimulation
excessive de la prolifération et/ou réduction de l'apoptose. Ces
différentes étapes du cycle cellulaire sont sous contrôle de fac-
teurs de régulation stimulateurs et inhibiteurs: pour chaque
bras de la balance, il peut s'agir d'une activation des signaux
positifs et/ou d'une inactivation des signaux négatifs (7, 6). Quoi
qu'il en soit, le compartiment prolifératif tumoral augmente et
la proportion de cellules tumorales engagées dans le cycle cel-
lulaire est accrue (7).
Les altérations génomiques induisent l'activation de voies mo-
léculaires spécifiques caractérisées par (1): prolifération auto-
nome (autonomie en signaux de croissance), insensibilité aux
signaux limitant la croissance, insensibilité aux signaux pro-
apoptotiques, capacité d'angiogenèse et d'invasion tissulaire.
Par ailleurs, les altérations génomiques observées sont diffé-
rentes dans les mélanomes familiaux et dans les mélanomes
sporadiques.
Les outils utiles en biologie
moléculaire du mélanome
Diverses techniques de biologie moléculaire se sont dévelop-
pées ces dernières années. La plupart peuvent être réalisées
sur du matériel biologique de routine, fixé au formol et enrobé
en paraffine. Dès lors, il est probable que les informations ap-
portées par l'étude moléculaire des mélanomes feront rapide-
ment partie intégrante du rapport anatomo-pathologique afin
d'adapter le traitement au profil moléculaire de la tumeur de
chaque patient.
Afin d'améliorer le rendement de ces techniques, deux mé-
thodes d'échantillonnage sont décrites (8):
- la microdissection laser permet d'isoler sous contrôle mi-
croscopique des populations cellulaires limitées, sélection-
nées sur base morphologique;
- les «microarrays» tissulaires, formés de carottes tissulaires
de petite taille issues de nombreux prélèvements et enro-
bées dans un bloc de paraffine unique, sont employés pour
étudier de manière comparative de multiples molécules
dans de nombreux échantillons. Des analyses de protéo-
mique et de génomique peuvent être appliquées à de
telles préparations.
D'autre part, l'analyse informatisée d'images réduit les discor-
dances inter-observateurs et améliore la sensibilité de l'immu-
nohistochimie (6).
Immunohistochimie
L'immunohistochimie permet d'étudier l'expression de diverses
molécules: marqueurs de différenciation cellulaire, molécules
intervenant dans la signalisation intercellulaire, impliquées dans
le cycle cellulaire, molécules d'adhésion,...
Des anticorps spécifiques pour la mise en évidence des cellules
mélanocytaires peuvent être dirigés contre des protéines liées
à la mélanogenèse [human melanoma black (HMB45) et tyrosi-
nase] ou contre des antigènes de différenciation mélanocytaire
(Mart-1/Melan-A). Cependant, ces anticorps ne sont pas spéci-
fiques du caractère prolifératif, ni de la malignité ou bénignité
des mélanocytes.
L'immunohistochimie est utile dans le diagnostic différentiel de
lésions d'histologie conventionnelle particulière (mélanomes
primitifs à cellules fusiformes, métastases épithélioïdes), dans la
détection de cellules mélanocytaires au sein d'une réaction in-
flammatoire, d'un tissu cicatriciel ou encore au niveau des
marges de résection.
Le pattern d'expression de ces marqueurs peut aussi apporter
des arguments en faveur du caractère bénin ou malin des tu-
meurs mélanocytaires. Ainsi, un marquage pour HMB-45 limité
aux mélanocytes jonctionnels oriente vers un naevus, tandis
qu'une positivité hétérogène, y compris dans la partie pro-
fonde de la lésion, est en faveur d'un mélanome.
Ki-67 est un antigène nucléaire exprimé dans toutes les phases
du cycle de prolifération cellulaire révélant la fraction proliféra-
tive d'une tumeur: moins de 5% des mélanocytes montrent
une positivité dans les naevi, tandis que les mélanomes
montrent une positivité supérieure à 15%. Un marquage hété-
rogène de Ki-67, particulièrement dans la composante der-
mique profonde, est également en faveur d'un mélanome (7).
Aucun marqueur isolé n'est identifié comme biomarqueur du
mélanome, mais certains panels d'anticorps sont préconisés
tant pour le diagnostic que pour le pronostic (9).
Etude des protéines
La protéomique analyse les protéines synthétisées par une cel-
lule et reflète ainsi son état de fonctionnement. Ces analyses se
réalisent actuellement préférentiellement sur du matériel non
fixé au formol puisque celui ci dénature les protéines. Cepen-
dant, de nouvelles techniques et de nouveaux fixateurs actuel-
lement à l'étude suggèrent que l'analyse du protéome puisse
dans un proche avenir participer à l'étude de la biologie molé-
culaire du mélanome sur matériel de routine (10). Un gène
pouvant générer plusieurs isoformes différentes de protéines, il
n'existe donc pas de relation stricte entre les gènes, l'ARN
(transcripome) et les protéines: la protéomique est ainsi plus