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Onco
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Vol 7
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N°2
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2013
la présence de calcifications pancréatiques plaident en faveur
d'une pancréatite chronique (4).
L'imagerie de la perfusion tissulaire en IRM dynamique (DCE-
MRI) pourrait permettre cependant, en appréciant la vitesse
d'acquisition, de distinguer l'adénocarcinome de la pancréatite
focale (5). Cette technique est généralement bien corrélée
avec l'histologie pour ce qui concerne la fibrose et la densité
microvasculaire, comme l'a souligné une publication récente du
service de radiologie d'Erasme (6). Par ailleurs, la fraction de
perfusion f est le meilleur paramètre en imagerie de diffusion
pondérée pour différencier la pancréatite chronique d'un
adénocarcinome pancréatique (7).
Pancréatite auto-immune ou cancer?
L'imagerie de résonance en diffusion pondérée permettrait en
théorie de faire la différence entre pancréatite auto-immune
(PAI) et adénocarcinome pancréatique en se basant sur cer-
taines valeurs-seuil; elle permet aussi d'évaluer l'effet d'un traite-
ment d'épreuve par corticostéroïdes recommandé en cas de
suspicion de PAI (8). Par ailleurs, si ce diagnostic différentiel peut
être soutenu efficacement par la réalisation d'une ponction-
biopsie sous echoendoscopie et d'une cholangiopancréatogra-
phie rétrograde par voie endoscopique avec biopsies ampul-
laires (9), la réponse à un traitement corticostéroïde durant
15 jours est également particulièrement discriminante (10).
Quelle stratégie proposer une fois le
diagnostic de nodule associé à une
pancréatite chronique effectué?
Faut-il réséquer et courir un risque chirurgical devant une lésion à
caractère indéterminé? Comment suivre ces lésions de manière à
ne pas manquer un cancer au stade débutant? Comment stratifier
le risque? Pour y répondre, une équipe chinoise a intégré le sexe,
la localisation de la masse, le nombre de lésions visibles, la bilirubi-
némie directe et le taux sérique de CA 19-9 dans un algorithme
qui permet d'établir une bonne prédictibilité du risque de cancer (11).
Quant à l'aspiration à l'aiguille fine, une méta-analyse récente a
pu établir non seulement sa faisabilité (95% des cas), mais égale-
ment la bonne sensibilité (80-95%) et spécificité (90-100%) de
la méthode avec cependant une valeur prédictive négative égale
à 70%. En cas de pancréatite chronique associée, le rendement
de la ponction à l'aiguille chute très significativement de 20%.
Mais cette méthode a un prix: 1-2,5% de complications sévères
et inoculation de cellules malignes dans 2,2% des cas (12). Enfin,
la question de savoir s'il vaut mieux une aspiration à l'aiguille fine
22G ou une biopsie à l'aiguille (type Procore) n'est pas résolue
car les deux techniques apportent la même qualité de résultat
en termes de microbiopsies obtenues (13).
Peut-on dès lors remplacer cette méthode endo-échoguidée
par une technique non invasive (élastographie, échographie
contrastée)? Probablement, conclut une équipe chinoise sur
base d'une méta-analyse, mais il existe encore de nombreux
biais et une spécificité trop limitée (14).
Faut-il un prélèvement préopératoire
et une confirmation histologique?
Les NCCN et l'American Gastroenterologist Association recom-
mandent l'aspiration ou la biopsie à l'aiguille fine en cas de
cancer pancréatique non opérable ou non résécable (locale-
ment avancé ou métastatique):
- chez les patients âgés ou fragiles non éligibles pour la
chirurgie ou à haut risque;
- en cas de traitement néoadjuvant, chez les patients avec
caractérisation incertaine de la lésion et/ou du parenchyme
adjacent (pseudomasse);
- en cas de composante kystique;
- en cas de suspicion d'une lésion de type métastatique ou
lymphomateux;
- et enfin, en cas de lésion de la tête pancréatique beaucoup
plus que du corps ou de la queue, où le risque d'inocula-
tion sur le trajet de l'aiguille est plus grand.
Plutôt qu'une analyse cytologique, une fixation immédiate au
formol permet de réduire le délai d'analyse et le nombre de
lames nécessaires (15).
Quelle stadification?
Le MD Anderson Cancer Center a proposé dans le cas de
cancers pancréatiques à la limite de la résécabilité un traite-
ment systémique préopératoire et une chimioradiothérapie
locorégionale afin de maximiser les chances de résection R0
(16), une attitude que l'on peut mettre en parallèle avec les
constatations d'une équipe française (Figure 1) sur les consé-
Maire, Pancreatology 2004.
VMS
AMS
Résécable d'emblée
Résécabilité douteuse
Envahissement artériel
Irrésécabilité: 13%
25%
100%
Néoadjuvant
vrai
Néoadjuvant
«de
rattrapage»
Figure 1: La définition de la résécabilité permet
de guider la stratégie.