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Onco
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Vol 7
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N°2
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2013
ON0466F
Pathologie moléculaire du
mélanome
Pascale Quatresooz
Service de Dermatopathologie, CHU de Liège, ULg; Chef de Service d'Histologie, ULg
Introduction
Dérivés du neurectoderme, les mélanocytes sont pré-
sents dans la peau, les muqueuses, l'uvée, les leptomé-
ninges. Le mélanome peut donc se développer au ni-
veau de ces différents sites. La pathogénie, la biologie
moléculaire et le pronostic dépendent de la localisation
de la tumeur (1). L'incidence du mélanome est en
croissance constante: Carlson et al. rapportent une
augmentation de 697% entre 1950 et 2000 (1). Le taux
de mortalité n'a cependant pas augmenté de manière
parallèle. Le seul traitement efficace à l'heure actuelle
reste l'exérèse précoce: la prévention et la détection
précoce sont donc primordiales (1).
Facteurs histo-pronostiques
actuels dans le mélanome
Les facteurs de risque de développer un mélanome
incluent: de nombreux naevi bénins ou dysplasiques et
des antécédents familiaux ou personnels de mélanome,
puisque le risque est alors accru de 30 à 70 fois (2).
Actuellement, la prise en charge des patients repose
sur le rapport anatomo-pathologique reprenant diffé-
rents facteurs histo-pronostiques définis dans la 7
e
édi-
tion de l'American Joint Committee on Cancer (AJCC) de
2010. Les facteurs majeurs sont: l'épaisseur tumorale
maximale exprimée en mm (indice de Breslow), le
nombre de mitoses par mm
2
pour les lésions de moins
d'1mm d'épaisseur, la présence d'une ulcération, l'infil-
tration ganglionnaire, y compris la présence de micro-
métastases satellites ganglionnaires.
Des paramètres mineurs peuvent être mentionnés:
régression tumorale, infiltrat lymphocytaire intratumo-
ral, métastases satellites microscopiques, infiltration
vasculaire ou lymphatique, angiogenèse et angiotro-
pisme (3).
L'infiltration du ganglion sentinelle reste limitée sur le
plan pronostique, puisque 3 à 11% des patients dont le
ganglion sentinelle est indemne récidivent dans l'aire
ganglionnaire initialement analysée par immunohistochi-
mie (4, 5). La recherche d'autres facteurs pronostiques
s'avère donc importante, d'autant plus qu'il apparaît clai-
rement que le terme mélanome recouvre un large
éventail de lésions aux caractéristiques variables (6).
De nouveaux outils, dont la biologie moléculaire, per-
mettront de mieux comprendre la pathogénie du mé-
lanome et de proposer des traitements plus efficaces.
Intérêt de la biologie moléculaire
dans le mélanome
La mise en évidence d'altérations moléculaires géno-
miques peut intervenir à différents niveaux: diagnostic
différentiel des lésions mélanocytaires d'interprétation
difficile, diagnostic précoce, classification des mélanomes,
mise en évidence de facteurs génétiques de prédisposi-
tion et donc mise en place de conseils génétiques, pro-
nostic et traitement liés à la détection de mutations so-
matiques ouvrant la porte aux thérapies ciblées.
Le développement d'un cancer est lié à l'accumulation
de mutations de gènes intervenant dans le contrôle du
cycle cellulaire, la différenciation et l'apoptose. Selon la
théorie de la transformation progressive de mélano-
cytes normaux en mélanome métastatique, ces aberra-
tions génomiques concordent avec les stades cliniques
et histologiques (1). Ces altérations peuvent être clas-
sées en catégories, selon le type de mutation et la
photo-exposition (1): mutation chromosomique (gain
ou délétion chromosomique) ou génomique (activa-
TUMEURS DE LA PEAU
L'incidence du mélanome est en croissance constante. En
dehors de la résection précoce et complète, les possibilités
thérapeutiques restent peu nombreuses et peu efficaces. La
connaissance des anomalies moléculaires impliquées dans le
mélanome permet de mieux comprendre les mécanismes
impliqués, met en évidence l'hétérogénéité des pathologies
reprises sous ce terme et permet de proposer de nouveaux
axes thérapeutiques.
Peer-reviewed article